Pour Cécile, c'est la fin d'un calvaire. Il y a quelques jours, c'est à l'aéroport Félix Eboué qu'elle et sa fille ont été prises à partie lors d'un contrôle de police. Toutes une série de questions sont posées à Cécile sur le motif de son séjour en Guyane. Un contrôle d'urine est effectué.
En l'espace de quelques longues minutes et sans aucun autre examen médical, la sanction tombe : elle ne pourra pas prendre son avion car elle est accusée d'être positive à la cocaïne.
Sur l'arrêté que j'ai lu quatre heures après, il y avait marqué que j'avais une attitude qui relevait d'une agitation et que je me comportais comme si j'avais ingéré des choses illicites dans mon corps. Et à la fin, il y avait la croix pour dire que je participais à un trafic de cocaïne sur l'Hexagone. C'est de l'injustice, c'est à la tête du client. Ils ont décide de bousiller la vie de la personne, ils la bousillent.
Cécile, passagère
Depuis la mise en place du dispositif 100 % contrôle, le tribunal administratif de Cayenne traite plusieurs situations similaires à celle de Cécile. Les victimes saisissent le tribunal qui, après enquête, peut décider de valider ou non le maintien de l'arrêté d'impossibilité de quitter le territoire.
Il y a eu quatre dossiers de fond qui ont été déposés sur ces mêmes dossiers. Neuf sur vingt ont obtenu la suspension de l'arrêté portant refus d'embarquement.
Olivier Guiserix, président du tribunal administratif de Cayenne
En octobre dernier, le député Davy Rimane dénonçait l'illégalité de ce type de contrôle, pointant du doigt l'incapacité du gouvernement à lutter contre le trafic de drogue.
Ce sont des contrôles au faciès. C'est une situation totalement discriminatoire. Et dans un état de droit, on ne peut pas le cautionner.
Davy Rimane, député de la 2e circonscription de la Guyane
Pour Cécile, notre voyageuse, l'histoire se finit bien après une affaire jugée recevable par le tribunal.
Sur les vingt arrêtés émis en 2023, onze n'ont pas eu cette chance.
Un récit de Jonathan Lario de Guyane la 1ère.