"Mon père... j'ai beaucoup de choses à dire, mais surtout que c'était un très bon père." résume avec émotion Noa Nellec, 20 ans, la plus jeune des filles de Tony Nellec. Aimant, souriant, joyeux…, les enfants du Martiniquais pourraient louer leur père pendant des heures.
Alors qu'il était en service dimanche 3 mars, le patrouilleur de 54 ans originaire de Saint-Pierre a été percuté par un automobiliste sur l'autoroute A8. Le chauffeur, un jeune homme de 18 ans, aurait perdu le contrôle de son véhicule tandis qu'il roulait au-dessus des limitations de vitesse, sous une forte pluie. Tony Nellec avait quitté la Martinique dans les années 90 pour s'installer dans le sud de l'hexagone, où il était désormais affecté à la surveillance des routes.
Dix jours après le drame, toute la famille peine encore à réaliser. "J'avais ma routine. Quand je rentrais, mon père était là, poursuit Noa qui réside toujours au domicile familial. Quand quelqu'un de très présent manque à l'appel, on le ressent tout de suite." Née d'une première union, Lara était la belle-fille de Tony. Elle avait 18 mois lorsque sa mère l'a rencontré, et il l'a toujours considéré comme sa fille. "Tony est arrivé dans notre vie comme un éclair. Il était très râleur, mais toujours souriant.", se rappelle la jeune femme de 29 ans.
"Mon père nous faisait tout le temps savoir qu'il nous aimait, il nous disait 'je t'aime'. Je pense que je ne lui ai pas assez dit d'ailleurs, avoue Noa, la gorge serrée. Mais je sais qu'il le sait de là où il est." Protecteur, l'homme adorait recevoir tous ses enfants autour d'un repas, et a travaillé toute sa vie pour que sa famille ne manque de rien expliquent fièrement ses enfants.
Un quotidien dangereux
Depuis quelques années, Tony Nellec était patrouilleur sur l'autoroute pour la société Escota de Vinci Autoroutes. "On savait tous que ce qu'il faisait était très dangereux, parce qu'il nous racontait beaucoup d'anecdotes, se souvient Noa Nellec. Le nombre de fois où il s'est fait frôler par des voitures…"
Le matin du drame, sa belle-fille Lara a justement croisé Tony Nellec en service. "C'est vrai que je le croisais souvent quand je prenais l'autoroute et ce matin-là, on le croise par hasard. Mon compagnon me dit 'c'est un métier dangereux quand même'. Et je lui réponds 'oui, tu t'imagines s'il meurt'. Quelques heures après, Tony était décédé."
Confronté au quotidien aux comportements dangereux des automobilistes, le Martiniquais était intransigeant sur la sécurité routière avec ses enfants. "Il nous sensibilisait très régulièrement parce qu'il ne voulait pas qu'on se retrouve dans la situation qu'il aurait pu voir le matin ou avant de partir au travail", raconte Noa.
Une enquête pour homicide involontaire en cours
L'épouse de Tony Nellec, également d'origine martiniquaise, a porté plainte pour homicide involontaire, mais elle et ses enfants envisagent de déposer une nouvelle plainte pour "choc psychologique"."Vu que c'est extrêmement récent, la plupart des membres de ma famille et moi-même sommes dans un déni pas possible, avoue Noa, la plus jeune des filles du couple. Je sais que ma vie est bouleversée, mais mon cerveau ne l'accepte pas."
Une enquête a été ouverte par le parquet de Nice. Le chauffard de 18 ans a été mis en examen pour homicide involontaire et blessures involontaires et placé sous contrôle judiciaire. Les premiers éléments de l'enquête montrent que le conducteur était en excès de vitesse. Un juge d'instruction a été saisi." On souhaite tout de même que justice soit faite, car je pense qu'il y a de quoi faire dans cette situation-là" expliquent les filles de la victime.
Les obsèques auront lieu jeudi à Nice. À leur retour en Martinique, les frères de Tony Nellec ont prévu d'organiser un rassemblement en sa mémoire. "Après les obsèques, la réalité va certainement nous donner une gifle.", réalisent les filles de la victime.