Le Canard enchaîné épingle "les bus fantômes de la Martinique"

BHNS en période de test pour le TCSP (Transport Collectif en Site Propre) le 23 mars 2017
"Quatorze bus à 1 million d'euros pièce tournant à vide dans leur centre de maintenance..." Cette "situation ubuesque", souligne le Canard enchainé, commence à sérieusement agacer la Commission européenne qui a signé un chèque de 61 millions d'euros pour ce projet. 
Depuis deux ans tout est prêt. La voie réservée avec ses 18 stations et les BHNS, "bus à haut niveau de service", reliant l'aéroport de la Martinique à Fort-de-France n'attendent plus que les voyageurs. "L'inauguration, prévue en décembre 2015, a été différée au mois de mars puis au mois de septembre 2016", indique le Canard enchaîné. 

Un partenariat public-privé à 380 millions d'euros 

Pour l'hebdomadaire, le responsable de cette "histoire à la clochemerle" n'est autre que le président du conseil exécutif de Martinique, Alfred Marie-Jeanne. Ce dernier dénonce en effet une "facture trop salée" pour ce chantier lancé par son prédécesseur. Le partenariat public-privé signé avec Vinci va coûter 380 millions d'euros.

Devant l'agacement de la Commission européenne à Bruxelles, Alfred Marie-Jeanne a accepté fin mars 2017, de "faire fonctionner les véhicules... à vide, histoire de de tester la ligne", indique le Canard enchaîné qui ajoute, "les bus ont roulé sans passager jusqu'au 31 août et depuis, ils tournent en rond dans leur centre de maintenance tout neuf." 

Selon l'hebdomadaire satirique, "le préfet, qui s'est fait houspiller par la Commission européenne, a tout de même décroché un délai de grâce jusqu'à fin janvier. Passé cette date, l'Europe menace carrément de reprendre l'argent qu'elle a versé."  


A la lecture de cet article du Canard enchaîné, il convient d'apporter quelques précisions. D'abord, ce n'est pas la Collectivité Territoriale de Martinique qui avait la responsabilité du Transport en Commun en Site Propre, mais bien la Communauté d'Agglomération du Centre de la Martinique (CACEM) et son délégataire, la CFTU (Compagnie Foyalaise de Transport Urbain). De ce fait, Alfred Marie-Jeanne n'a donc pas bloqué l'autorisation de rouler des bus, puisque cette décision dépendait de l'autorité organisatrice, la CACEM. Ensuite, les BHNS, "bus à haut niveau de service", ont roulé à vide durant 3 semaines et non 6 mois. Enfin, ce n'est pas le préfet qui s'est fait "houspiller" par la Commission européenne, mais la CTM, l'autorité de gestion des fonds européens. 

A compter de ce 2 janvier, il existe une autorité organisatrice unique du transport en Martinique (terrestre et maritime, passagers et marchandises) à l'échelle de tout le territoire: Martinique Transport. Cette émanation des trois communautés d'agglomération et de la CTM est présidée par Alfred Marie-Jeanne...