Cannes : le réalisateur américain Spike Lee récompensé par le Grand Prix du jury pour "BlacKkKlansman"

Le réalisateur américain Spike Lee à Cannes, le 19 mai 2018.
Absent du Festival de Cannes depuis 27 ans, l'Américain Spike Lee a été couronné du Grand Prix du jury samedi pour "BlacKkKlansman", un film pamphlet où le réalisateur new-yorkais dénonce à la fois le racisme, l'extrême-droite et le président américain Donald Trump.
Alternant pendant deux heures entre polar classique - l'histoire de Ron Stallworth, ce policier noir qui a infiltré le Ku Klux Klan en 1978 - et film politique, le nouveau film de Spike Lee termine sur la dénonciation des événements de Charlottesville, cette ville de Virginie secouée par des violences de groupuscules d'extrême droite le 12 août 2017.

"L'année de tous les dangers"

"On me demande souvent ce que je pense du monde, quelle est ma vision du monde. Je répondrais en citant 'L'année de tous les dangers', de Peter Weir, un excellent film au passage. Nous sommes dans l'année de tous les dangers", a plaidé le réalisateur américain en recevant son prix, puis une nouvelle fois ensuite lors de la traditionnelle conférence de presse des lauréats.

"Parce que nous vivons aujourd'hui des temps vraiment dangereux, mais je ne vais pas vous rejouer ma conférence de presse du film, car le film parle pour lui-même en fait", a ajouté Spike Lee en souriant, béret noir sur la tête : "Il a pour but de nous faire tous sortir de notre état de torpeur mentale, et de nous ramener vers la vérité, la bonté, l'amour, et pas la haine".

Mardi, au lendemain de la projection de son film, le réalisateur de "Do The Right Thing" et "Nola Darling n'en fait qu'à sa tête" avait livré un véritable réquisitoire anti-Trump, sans jamais citer le nom du président américain : "Nous avons un type à la Maison Blanche, je ne prononcerai même pas son putain de nom, (...) il a le code nucléaire ! Ce n'est pas de la science-fiction, ce fils de p*** a le code nucléaire, mais qu'est ce qui se passe !", avait-il déclaré, entre autres tirades incendiaires envers Donald Trump.

Mélange des genres

Dédiant son film "à la République populaire de Brooklyn", son quartier à New-York, Spike Lee, absent de Cannes depuis 2001, a également défendu le mélange des genres de "BlacKkKlansman": "Cela a déjà été fait par de grands réalisateurs, Stanley Kubrick par exemple, avec Docteur Folamour, ou par Billy Wilder, Sydney Lumet. En fait, j'aime mélanger les trucs", a-t-il insisté.

"Spike a fait un film qui nous a paru traduire l'essence d'une crise américaine, mais nous tous, nous nous sommes sentis connectés, cela a transcendé les spécificités de cette histoire centrée sur l'Amérique", a insisté Cate Blanchett, la présidente du jury, lors de la conférence de presse officielle d'après palmarès. "Le monde change, et nous avons estimé qu'il était absolument nécessaire de donner un prix à BlacKkKlansman", a confirmé l'actrice française Léa Seydoux, membre du jury.