Le réseau Cari'mam est en cours de création : il regroupe des ONG qui oeuvrent pour la préservation des mammifères marins dans les aires protégées de la Caraïbe. Une vingtaine de stations vont être déployées, qui enregistreront les fonds marins en continu.
Julie Straboni•
De Bonaire aux Bahamas, en passant par la Martinique, l'archipel guadeloupéen et Saint-Martin, une dizaine de nations s'organisent autour d'une même stratégie : capter les bruits sous-marins avec un même instrument, et les expédier vers un système d'analyse qui traitera les données. C'est le LIS, le Laboratoire d'informatique et des systèmes (en acoustique sous-marine et intelligence artificielle) de l'université de Toulon qui sera destinataire des enregistrements. Hervé Glotin est professeur et chercheur au CNRS, c'est son équipe qui a répondu à l'appel à projets de l'Office français de la biodiversité il y a deux ans.
Outre-mer la 1ère : Parlez-nous de ce dispositif qui est en cours de déploiement dans la Caraïbe. Hervé Glotin : Nous sommes en train d'installer une vingtaine de stations d'écoutedans le but de surveiller la mégafaune présente dans l'arc antillais. Chaque territoire va déployer un ou plusieurs hydrophones (microphone pouvant être utilisé sous l'eau), avec une capacité d'enregistrement de 500 giga octets (Go). Tous les deux mois, ils seront sortis de l'eau pour changer la batterie et récupérer les données. C'est un matériel qui a vocation à servir plusieurs années, mais nous commençons par une écoute continue pendant un an. Notre laboratoire de Toulon récupèrera dix téraoctects (To) de mesures par mois ! Nous avons défini un algorithme de reconnaissance automatique, d'intelligence artificielle, pour reconnaître les espèces en présence.
Outre-mer la 1ère : Quelles espèces sont ciblées ? Hervé Glotin :Une vingtaine comme les dauphins, la baleine bleue, le rorqual... Nous nous intéressons également à deux espèces peu visibles, qui sont "observables" par acoustique passive : des cétacés appelés les kogias (cachalots) et les ziphius (baleine à bec de Cuvier). Ces spécimens sont craintifs, on en sait très peu de choses, mais on peut identifier leur signature sonore. Ce que l'on souhaite c'est détecter les déplacements, pouvoir retracer leur passage d'île en île, pour faire un état des lieux à l'échelle de la Caraïbe. C'est le seul projet international de cette envergure à ma connaissance.