Cérémonie du 10 mai commémorant l'abolition de l'esclavage : "Cette Histoire, c'est notre Histoire" (Emmanuel Macron)

Ce 10 mai 2019, c'était la première fois qu'Emmanuel Macron assistait en tant que chef de l'Etat à la cérémonie dans les jardins du Luxembourg à l'occasion de la journée nationale des mémoires, de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions. L'occasion pour lui de confirmer plusieurs annonces. 
La cérémonie du 10 mai dans les jardins du Luxembourg à Paris, qui se déroule traditionnellement devant quelques dizaines d'invités triés sur le volet, n'a pas été bien différente des années précédentes.

La seule véritable nouveauté en ce 10 mai 2019 était la présence d'Emmanuel Macron. C'est la première fois depuis qu'il est chef de l'Etat qu'il présidait la cérémonie (en 2017, il était élu mais pas encore investi. En 2018, il était en Allemagne pour recevoir le prix Charlemagne). Ce 10 mai a donc été l'occasion pour Emmanuel Macron d'un discours sur la mémoire de l'esclavage et de ses abolitions.
 

Je mesure ce que l'esclavage, la traite, les abolitions et leurs héritages, représentent dans notre pays, dans notre culture, dans notre âme. Cette Histoire est notre Histoire (...)

La loi qui porte votre nom, chère Christiane Taubira, a reconnu la part tragique de cette Histoire et grâce à vous, la France a été le premier pays dans le monde à reconnaître avec autant d'honnêteté que la traite et l'esclavage constituent un crime contre l'Humanité (...) 

Face à l'horreur de l'esclavage, il y eut l'honneur de la résistance et le bonheur, enfin, de l'émancipation. C'est une Histoire française, une histoire universelle. 171 ans ont passé depuis l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises. Mais les conséquences de ce passé sont là, toujours là. Car son héritage aujourd'hui c'est la géographie de la France contemporaine, son identité d'archipel mondial (...) ce sont aussi des idées nouvelles, des rencontres inattendues, des imaginaires inédits, la négritude d'Aimé Césaire et léopold Sedar Senghor, le syncrétisme de Jean-Michel Basquiat, la littérature puissante de maryse Condé. C'est hier et aujourd'hui, là bas comme ici, le métissage des cultures, la créolisation du monde. C'est tout cela la mémoire de l'esclavage. 
- Emmanuel Macron, 10 mai 2019


Le Mémorial ACTe, la Fondation et le musée

Le chef de l'Etat a confirmé plusieurs mesures qu'il avait déjà annoncé en 2018, à l'occasion du 170ème anniversaire de l'abolition. Un mémorial sera érigé à Paris, en 2021, à la mémoire des victimes de l'esclavage. Par ailleurs la Fondation pour la mémoire de l'esclavage sera installée "dans les prochains mois" dans l'Hôtel de la Marine, à Paris. 
Emmanuel Macron a également annoncé un renforcement des moyens pour le Mémorial ACTe de Guadeloupe : 

J'ai souhaité que ce musée soit renforcé dans son statut comme dans ses moyens (...)  L'Etat a décidé de soutenir le Mémorial ACTe en participant à sa transformation en établissement public de coopération culturelle autonome. Ce nouveau statut permet d'associer à sa gouvernance la région, le département, la ville de Pointe-à-Pitre, la Communauté d'agglomération et l'Etat (...) L'Etat prendra toute sa part.
- Emmanuel Macron


Dans les programmes scolaires

Le chef de l'Etat est également revenu dans son allocution sur l'enseignement de cette Histoire dans les écoles, collèges et lycées :

L'Histoire de l'esclavage est aujourd'hui le premier chapitre des programmes d'Histoire de 4è. Et dans le cadre de la réforme des programmes des lycées, les élèves de 2nde traiteront de façon approfondie du système esclavagiste de sa naissance au XVè siècle à son paroxysme au XVIIIè Siècle. Et les programmes de 1ère étudieront le long combat des abolitions jusqu'au décret de 1848.


Les ultramarins d'aujourd'hui oubliés selon George Pau-Langevin

L'ancienne ministre des Outre-mer George Pau-Langevin a salué à l'issue du discours d'Emmanuel Macron une "très belle cérémonie". Mais l'actuelle députée de la 15e circonscription de Paris a déploré que la place des ultramarins dans la société française d'aujoud'hui ne soit pas évoquée :

Je suis restée un peu sur ma faim en ce qui concerne aujourd'hui les ultramarins dans la société française. [...] Je n'ai rien entendu sur ce que le président de la République allait faire pour rétablir un certain nombre d'outils permettant à la culture ultramarine d'exister, que ce soit la Cité des Outre-mer ou France Ô. Là-desus silence radio et je trouve ça dommage.

 


Une cérémonie de l'"entre-soi" pour Victorin Lurel

Le Sénateur de la Guadeloupe Victorien Lurel a quant à lui regretté que, chaque année, la cérémonie ne soit pas ouverte au publique mais seulement à quelques ivités triés sur le volet :

Cette cérémonie se devait d'être populaire, ouverte à tous, mais on y pratique une forme d'entre-soi. C'est l'élite de la République qui est là : parlementaires, ministres, hauts fonctionnaires. [...] J'aimerais que chacun, l’homme de la rue, ou la femme qui passe, puisse entrer et s’imprégner un petit peu de ce qui est une bonne partie de l’histoire de France.