Bénévole, kinésithérapeute, coach, arbitre : les ultra-marins n’étaient pas que sur les terrains, pistes ou autres tatamis, mais aussi en coulisses. Rencontres, en compagnie de Julie Straboni.
#L’équipe de choc : Patricia Girard, coach et Livan Midonet, kiné
Autour de la coureuse de haies, deux Antillais vigilants. Réïna-Flor Okori enchaîne les courses sous les yeux de son entraîneuse Patricia Girard. La Guadeloupéenne, médaillée de bronze de la discipline, accompagne l’athlète guinéenne depuis presque 6 ans maintenant. Elle a proposé à Livan Midonet, qu’elle avait entraîné également, de les rejoindre sur cette préparation des JO. Le Martiniquais a immédiatement dit oui : « Réïna c’est une athlète que j’apprécie énormément. On partage pas mal de choses ensemble. Je sais que c’était un de ses rêves que de courir pour son pays d’origine, la Guinée équatoriale (Ndlr : elle a fait partie de la délégation française lors des 3 précédents JO). » Il y a quelques années Livan Midonet a participé aux Carifta games. Et sur le stade d’entraînement, ce jour là, il se sent à la maison à côtoyer des représentants venus des Bahamas, de Jamaïque ou de République Dominicaine. « D’habitude je vois les JO à la télé en Martinique… Là je suis à Rio, entouré des meilleurs sportifs dans toutes les catégories… On se lève avec eux, on se couche avec eux, on mange avec eux ! C’est quelque chose d’incroyable. »Avec leurs vécus d’anciens athlètes, Patricia et Livan emmènent Réïna-Flor Okori vers le meilleur. Le trio fonctionne bien. A l'image d’autres légendes du sport français comme Laura Flessel, entraîneuse d’une escrimeuse brésilienne, Patricia Girard a répondu aux sollicitations venues d’ailleurs : « Je fais tout ce qu’il faut pour la faire monter en puissance, surtout que Réïna est toute jeune maman. Pour avoir représenté la France c’est vrai que beaucoup de gens sont surpris dans le village olympique de me voir sous une autre étiquette. Mais c’est aussi ça le sport : c’est partager, et c’est enrichissant. » A 36 ans, Réïna-Flor Okori devait vivre sa dernière compétition. Malheureusement elle n’a pu participer aux qualifications du 100m haies mardi 16 août, victime d’une rupture de kyste poplité.
#Le spécialiste : Cédric Fournier, gestion évènementielle
Le Martiniquais d’adoption travaille pour le Comité international olympique (CIO) et fait le tour des sites pour s'assurer que tout se passe bien. C'est le monsieur solution des infrastructures temporaires en terme d'accès, de sécurité ou même de décoration. Arrivé il y a 9 mois avec "femme, fils, chat et 17 valises", il repartira le 26 août. Avant d'ouvrir son agence aux Trois-Ilets, en Martinique, Cédric Fournier travaillait pour un prestataire qui s'était spécialisé dans les grands évènements. Cette fois c'est lui que le CIO a embauché. Il est même intervenu à Pyeongchang, en Corée du Sud, en prévision des JO d'hiver 2018.#Le passioné : Julien Chipotel, évènementiel sportif
"C'était un projet bien réfléchi. J'ai pris mon temps, appris le Portugais et je suis venu, raconte le Guadeloupéen. Je me suis dit avec la Coupe du Monde et les JO, le pays où il faut être pour travailler dans le sport, c'est le Brésil." En 2013, Julien Chipotel fait du porte à porte avec son CV. Ses atouts ? Parler le Portugais brésilien et avoir participé aux olympiades londoniennes. Il est embauché par une agence allemande pendant la Coupe du Monde de football. A l'issue de la compétition, il quitte Rio à contrecoeur pour Paris.Un an plus tard il fait le chemin en sens inverse : "Je savais que j'allais repartir au Brésil. J'ai maintenu le contact avec l'agence pour qui je travaille aujourd'hui. J'ai presque harcelé le responsable des ressources humaines ! Il y avait des postes pour des internationaux pendant les Jeux, ils ont pris mon visa en charge et cette fois c'était beaucoup plus simple." Le Sainte-Annais veille à la logistique d'un des grands sponsors. Un mois avant la cérémonie d'ouverture, l'équipe était opérationnelle "en un mois j'ai eu trois jours de repos ! On commence à 7 heures, des fois je finis à minuit. Mais quand cela sera terminé je vais me dire : ça valait le coup !"
#La curieuse : Thérèse Jacota, bénévole
Thérèse Jacota, 22 ans, s'aménage un emploi du temps bien rempli. Il y a un an elle quittait Pointe-à-Pitre pour poursuivre ses études de médecine à Lyon. "J'avais postulé au CNOSF (Comité national olympique et sportif français) pour faire un stage dans une fédération sportive parce que je voulais voir à quoi ça ressemble, en mèdecine. J'avais envoyé mon CV il y a un an et demi, et c'est là qu'ils m'ont répondu en me proposant de venir faire du volontariat. Pourquoi pas venir tenter l'aventure !" C'est sur son rare temps libre que la Guadeloupéenne est à Rio. Elle s'est arrangée avec sa fac pour faire son stage d'été un peu plus tôt.C'est au Club France que Thérèse Jacota passe ses journées à accueillir le grand public et les personnalités "on règle les problèmes, on les oriente s'ils ont des questions et je peux même leur donner des informations sur la ville vu que je suis déjà venue. On s'occupe surtout de les rassurer pour qu'ils passent un bon moment au Club France." Le bénévole, on le trouve partout. Ils devaient être 50 000 pendant ses Jeux, mais le taux de présence serait d’environ 70%. Certains ont jeté l'éponge, faute d'organisation et de confort : "avec les JO les prix des loyers ont quadruplés... Moi je fais partie des bénévoles dont l'hébergement a été pris en charge par le CNOSF, mais ceux pour qui ça n'est pas le cas m'ont dit que c'était très cher." Thérèse Jacota quittera Rio dans quelques jours. Pour son avenir, elle hésite encore entre deux spécialités de médecine : la réanimation ou... la rééducation, pour soigner les sportifs.
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