Plus de quatre ans après le terrible drame survenu au lac des Prés-Saint-Jean, à Chalon-sur-Saône, le procès pour homicide involontaire, suite à la noyade de trois enfants originaires de Mayotte, s'ouvre ce vendredi 31 mars au tribunal correctionnel.
Plusieurs responsables ?
La ville de Chalon-sur-Saône a vécu un été 2018 marqué par un drame. Le 8 juillet, trois enfants de neuf à treize ans sont morts accidentellement noyés dans un lac de Chalon-sur-Saône. Issus d'une fratrie de cinq enfants, tous présents ce dimanche soir, Assia, Abd-Allah et Abd-Arrahmane sont morts noyés alors que leur belle-mère, en charge de s'occuper de la fratrie, n'était pas aux abords immédiats du lac lorsque le drame s'est produit.
Ce jour-là, trois adultes et 13 enfants s'étaient rendus sur les berges du lac où barbotaient six enfants, dont seuls deux savaient nager. Alors qu'aucune interdiction de baignade n'était indiquée aux abords du plan d'eau, la belle-mère des trois victimes de noyade sera jugée ce vendredi pour "homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de prudence et de sécurité", comme le rapporte Le Parisien.
Autorisés à tremper leurs pieds au bord du lac, les deux plus jeunes enfants ont soudainement glissé. Leur aîné, voyant sa sœur et son frère se noyer, décide alors d'aller les aider, en vain, les trois frères et sœur coulent.
Aurélie Holl, ex-compagne du père des victimes, affirme avoir ignoré que la baignade était interdite et que le lac était dangereux. "Comment, dans un milieu urbain, on peut laisser en l'état (ce lac) sans signaler partout qu'il est interdit, non de se baigner, c'est insuffisant, mais d'entrer dans l'eau?", s'interroge son avocat Ramazan Ozturk.
L'enquête menée depuis des années a montré que les trois adultes surveillaient les plus petits des enfants qui jouaient dans un bac à sable, se trouvant ainsi à plus de cent mètres des autres enfants qui étaient dans l'eau, et sans avoir de vue sur eux.
La mairie directement visée par une plainte
Comme le rapporte Le Parisien, Gilles Platret, maire LR de la ville, n'a jamais été mis en examen, mais uniquement entendu comme témoin pendant l'instruction. L'avocat de la mère des enfants, assure pourtant que la Mairie " connaissait la dangerosité des lieux" et que " toutes les mesures n'ont pas été prises".
La partie civile accuse donc Gilles Platret de n'avoir pas respecté une circulaire du ministère de l'Intérieur de 1986 obligeant les maires à "faire signaler par des pancartes très visibles les lieux où la baignade est dangereuse".
La ville prône quant à elle que depuis un arrêté municipal de 1999, la baignade était interdite. Pour l'ensemble des adjoints municipaux, cette interdiction était de "notoriété publique".
Une vie à reconstruire
Depuis juillet 2018, pour Lallia Konaté, la mère des trois victimes "chaque jour, c'est de la survie". Dans un entretien accordé à France 3, la maman, partie en Angleterre avec ses deux filles, raconte le traumatisme qu'elle subit chaque jour.
Je sais que quoi que je fasse, mes enfants ne reviendront jamais. Mais je suis obligée de me battre. Je suis obligée, pour eux, de me battre. Pour mes trois enfants que j’ai perdus, pour mes deux filles, pour moi-même, pour ma famille.
Lallia Konaté
Lallia Konaté qui dit aussi peiner à se reconstruire tant que l'affaire, dont le procès était initialement prévu en octobre 2022, ne sera pas jugée.
Ça fait quatre ans qu'on attend, qu’on souffre, qu’on vit avec ça. Mais que ce soit reporté, ça fait perdurer la douleur. On ne prend pas en considération la douleur des victimes, de la famille, des enfants. C’est comme si on vous disait "allez-y, souffrez encore un peu". Après, le procès, je l'attends mais quelle que soit la conclusion, il n'y a rien qui pourra apaiser le cœur d'une mère ou le cœur d'une sœur. La douleur ne s'apaisera jamais.
Lallia Konaté