Les chiffres clés de la biodiversité en Outre-mer [DATA 2018]

Iguane des petites Antilles.
L’Agence française pour la biodiversité et l’Observatoire national de la biodiversité ont publié les principales données sur la biodiversité en France pour l’année 2018. Une grande partie concerne les Outre-mer, qui en abritent la majorité.
Deuxième domaine maritime mondial, la France héberge 10 % de la biodiversité de la planète, dont la majeure partie en Outre-mer. Par exemple, sur 19.424 espèces endémiques recensées, 4/5e se trouvent dans les territoires d’Outre-mer, et sur le nombre de nouvelles espèces découvertes en France (une moyenne de 2 par jour), 90% le sont en Outre-mer. C’est dire l’importance scientifique que représentent ces régions, dont certaines situations spécifiques sont analysées dans le rapport 2018 sur la biodiversité, publié mi-décembre par l’Agence française pour la biodiversité (AFB), l’Observatoire national de la biodiversité (ONB) et le Service de la donnée et des études statistiques (SDES).
 

Etat des récifs coralliens

« La France abrite 10 % des récifs coralliens mondiaux (4e rang avec 55.000 km²), répartis au sein de dix collectivités d’Outre-mer tropicales: Guadeloupe, Martinique, Mayotte, La Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Wallis-et-Futuna et les îles Éparses », indique le document. Seulement, Le recouvrement en corail vivant a diminué dans 29 % des stations suivies, d’après un dernier bilan établi en 2017. Encore ce chiffre ne tient pas compte des derniers événements extrêmes (cyclones en 2017 aux Antilles, épisode de blanchissement des coraux dans le Pacifique en 2016-2017). Ecosystèmes complexes, les coraux sont menacés par des phénomènes naturels (cyclones, étoiles de mer, prolifération d’algues), les activités humaines (tourisme de masse, pollutions, pêche) et le réchauffement climatique (acidification des océans, augmentation de la température de l’eau).
 
 

Espèces exotiques envahissantes

Elles représentent l’une des premières causes d’érosion de la diversité biologique au niveau mondial, après la disparition et la fragmentation des habitats. Les répercussions économiques et sanitaires sont souvent considérables. Selon le rapport de l’AFB et de l’ONB, 60 des 100 espèces les plus envahissantes au monde étaient présentes dans les Outre-mer français en 2016, parmi lesquelles la Liane papillon à La Réunion, l’Iguane vert en Martinique et en Guadeloupe ou encore le Rat noir dans différentes îles. Plus généralement, d’après le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), « 300 espèces représentent une menace spécifique pour la biodiversité ultramarine. Les territoires insulaires d’Outre-mer se révèlent particulièrement vulnérables à ces introductions, de par leur fort taux d’endémisme notamment. »
 
 

Liste des espèces connues

Le rapport indique que seuls 29 % des groupes d’espèces dans les Outre-mer étaient référencés de façon satisfaisante en octobre 2018, au regard des connaissances disponibles dans ces territoires, avec de fortes disparités d’une collectivité à l’autre. Un tel référentiel est incontournable pour gérer et partager les données sur les espèces, relève le document. « Si la complétude du référentiel est globalement satisfaisante pour la métropole, d’importants enjeux persistent dans les Outre-mer. (…) Fruit d’un investissement continu des experts, le travail de compilation de la littérature scientifique à accomplir reste conséquent et suppose la mobilisation de moyens à la hauteur des enjeux de biodiversité des Outre-mer. »
 
 
 

Gestion des aires marines protégées

La Convention internationale sur la diversité biologique engage notamment à la préservation des milieux marins, en particulier par la création d’un réseau d’aires marines protégées (AMP), dotées d’une gestion efficace. « La France, avec ses territoires ultramarins présents dans les quatre océans, est particulièrement concernée avec près de 11 millions de km² (deuxième espace maritime au monde). Début 2018, la part des eaux françaises classées en aires marines protégées est de 22,3 %, en nette progression ces dix dernières années (1,1 % en 2008) », précise le rapport AFB/ONB.
Lors de la création d’une AMP, une durée de trois ans est nécessaire en moyenne pour élaborer et adopter un document de gestion. Sa finalité est de présenter les enjeux du site et de formaliser les objectifs à atteindre et les moyens pour y parvenir. « Début 2015, les AMP couvraient près de 1,7 million de km² ; trois ans plus tard, début 2018, plus de 98 % de cette superficie dispose d’un document de gestion validé. La quasi-totalité des AMP créées en France se dote donc d’un document de gestion dans un délai raisonnable. »