Chlordécone : le maire de Pointe-à-Pitre et avocat Harry Durimel ira "au bout du combat judiciaire"

Harry Durimel
Après le non-lieu requis par le parquet de Paris dans l'enquête sur le chlordécone aux Antilles, le maire écologiste de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe Harry Durimel a réagi sur Franceinfo ce vendredi 25 novembre.

"Je continue à garder l'espoir que l'État de droit répondra à notre souffrance", a lancé vendredi, sur franceinfo, Me Harry Durimel, maire écologiste de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), et avocat historique des victimes du chlordécone, alors que le parquet de Paris a demandé jeudi un non-lieu dans l'affaire du chlordécone aux Antilles, ce pesticide interdit en métropole en 1990 qui a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu'en 1993. 

"Cet empoisonnement de nos sols est désormais dans nos cœurs", affirme Harry Durimel. "Nous ne pouvons pas croire que la République française, qui nous a promis liberté, égalité, fraternité, ne soit pas à la hauteur de sa mission constitutionnelle de protéger notre santé."  
 
L'avocat assure ne pas être "au bout du combat juridique" et fera appel "même si le juge d'instruction prend une ordonnance de non-lieu". Et si la cour d'appel confirme le non-lieu, "nous irons devant la Cour de cassation". Selon lui, "la Cour de cassation a eu l'occasion de rappeler que lorsque les parties civiles ne connaissaient pas les faits dont ils sont atteints, le délai ne court pas. Nous nous prévaudrons de cette jurisprudence". L'élu réfute la prescription invoquée par le parquet. "On ne peut pas nous dire qu'il est trop tard alors que l'empoisonnement est en cours. L'empoisonnement au chlordécone se situe en dehors de tout temps puisque cela empoisonne nos sols pour sept siècles." 

Continuer "ce combat judiciaire"

Me Harry Durimel accuse le parquet d'avoir "dès l'origine, pris le parti d'être du côté des pollueurs". Selon lui, le procureur a "a opposé une vraie guérilla judiciaire" aux parties civiles. "Il est resté dans la logique pendant seize ans." Il dénonce un "non-lieu programmé de la part du procureur".

Mais le maire de Pointe-à-Pitre garde espoir. "Ce n'est pas le procureur qui dit le droit en dernier ressort." Et si "les acteurs de cet empoisonnement échappent à la justice pénale", l'avocat se tournera vers "la justice administrative pour continuer ce combat juridique" afin d'obtenir "une réponse à la hauteur de ceux que cela représente pour le peuple antillais". Harry Durimel "ne baisse pas les bras. Il n'est pas question qu'on se résigne à ce que l'homme antillais nouveau est un homme chlordéconé. Jamais nous n'accepterons".