Sur le parvis de l’Assemblée ce matin, les forces politiques commençaient à se réunir, à la demande d’Emmanuel Macron. Tout au milieu, la NUPES (Nouvelle union populaire, écologique et sociale), menée par Jean-Luc Mélenchon, attire la foule. Parmi eux, un homme se distingue avec son costume bleu ciel et ses lunettes de soleil. Christian Baptiste, 60 ans, savoure son arrivée et ce nouveau mandat parlementaire : "Je rentre en effet au temple de la législation française. C’est une fierté", déclare le nouveau député.
Élu avec 58,65% des suffrages exprimés, le député du Parti progressiste et démocratique de Guadeloupe (PPDG) a battu la secrétaire d'État chargée de la Mer, la Guadeloupéenne Justine Bénin. "Une victoire du renouveau", exprimait-il le soir de son élection sur la chaîne Guadeloupe la 1ère. Pour lui, la politique du gouvernement Macron a été "rejetée" par les Guadeloupéens : "C’était une politique brutale et verticale… même de maltraitance envers certains de nos compatriotes, notamment pour les personnels hospitaliers qui ont été suspendus".
Un homme de terrain
Christian Baptiste compte bien rester "ancré dans son territoire de proximité et de terrain", comme il n'a cessé de le répéter sur les marches de l'Assemblée. Le député guadeloupéen est conscient de la responsabilité qui pèse sur ses épaules. C’est pourquoi il accorde une importance à ce qu’il appelle "l’intelligence collective", en particulier avec ses trois autres homologues de Guadeloupe, mais aussi avec les habitants du territoire : "Il y a des situations où je ferai appel à la concertation des Guadeloupéens. Cela s’inscrit dans l’intérêt du service public, du pouvoir d’achat, des politiques liées à la transition, qu’elles soient environnementales, démographiques, numériques, économiques… Nous devons avoir cette autorité locale", insiste Christian Baptiste.
Le sexagénaire veut que les décisions soient prises "d’en bas" et non "de façon descendante, sans concertation" : "Les décisions d’en haut, ne sont souvent pas adaptées et applicables sur notre territoire. Nous serons vigilants là-dessus, il faut que ce soit des décisions qui partent de la réalité du terrain."
"Je garderai mon identité dans l’Hémicycle"
Alors que Christian Baptiste a été élu sous les couleurs de la NUPES, le député ne retournera pas sa veste : "Cette décision a été prise bien avant et je ferai bien partie de la NUPES. Je rejoindrai le groupe socialiste, mais je ne suis pas encarté, comme je fais partie du PPDG et je souhaite garder cette identité", précise l’élu guadeloupéen.
Malgré le jeu politique, la Guadeloupe reste sa priorité. Dans cette alternative à la majorité, l’ex-maire de Saint-Anne refuse l’idée de valider un texte s’il n’est pas dans l’intérêt de son archipel.
Avant tout, c’est la Guadeloupe
Christian Baptiste
D’ailleurs, Christian Baptiste se retire de ses fonctions d’édile de Saint-Anne, qu’il occupait depuis huit ans. "C’est un peu dur pour les habitants, pour moi aussi, mais je ne quitte pas la Guadeloupe ! Je ne quitte pas ma commune, je vais rester conseiller municipal. En revanche, je vais démissionner de mon poste au Conseil départemental."
Nul doute sur la volonté immuable de Christian Baptiste pour faire entendre la voix des Guadeloupéens dans l’hémicycle de la chambre basse. "Ma voix à l’Assemblée nationale sera la voix de la Guadeloupe et des Guadeloupéens, et non celle de Christian Baptiste" a-t-il annoncé. Sur le modèle de ses prédécesseurs Achile René-Boisneuf, Paul Valentino ou encore Gerty Archimède, l’élu de Guadeloupe a désormais toutes les cartes en main pour faire avancer les dossiers propres à son territoire.