#MeToo et #BalanceTonPorc
Pour Christiane Taubira, la libération de la parole des femmes est "saine". L’amplitude de la vague de témoignages sur le harcèlement ou les agressions sexuelles – phénomène jusqu’à présent plus ou moins connu mais tu selon elle – peut permettre de mener à des changements dans la société pour que les femmes se sentent mieux protégées. Et face aux accusations de délation adressées au mouvement, Christiane Taubira refuse que la parole des femmes soit remise en question par d’éventuels abus."Il y a sûrement dans le mouvement du hashtag #MeToo de la délation, des abus, des fantasmes. Qu’on les trouve et qu’on les dénonce. Mais ne remplaçons pas l’événement par sa marge et ne discréditons pas un moment essentiel de la lutte des femmes pour leur citoyenneté, pour leur égalité dans l’espace public, par la marge."
Rôle de la justice
Toutefois, l'ancienne ministre estime que le mouvement doit aller plus loin en s'affranchissant des réseaux sociaux afin que les tribunaux prennent le relais. Les harceleurs et agresseurs ne doivent pas seulement être mis en cause sur internet, ils devront répondre de leurs actes face à la justice française.
"Vu le nombre de dénonciations, si d'ici deux ans nous n'avons pas un nombre significatif de condamnations, il faudra alors se poser de sérieuses questions."
Mise en garde contre une "guerre de sexes"
Christiane Taubira met également en garde contre l'amalgame entre féminisme et guerre des sexes. Elle invite les hommes à s'impliquer dans la lutte contre le sexisme.
"Ce qui se joue ici est un combat sur les valeurs, sur le respect des droits et des libertés pour la moitié de la population. Ce combat peut être porté par toute personne qui se reconnaît dans ces valeurs, et ce quel que soit son genre."
Convergence des luttes
Mais le féminisme ne peut pas être un mouvement exclusivement tourné vers les combats antisexistes, au risque de s'affaiblir. Si ce dernier est souvent décrié, c'est parce qu'il a "trop limité ses combats" en ne se concentrant pas sur les autres discriminations que peuvent subir les femmes, et notamment le racisme. Elle-même déclare avoir, dans sa vie, plus souvent été victime de racisme que de sexisme. "Le combat féministe peut entraîner avec lui tous les autres combats car son essence est la revendication qu'aucune différence de traitement n'est acceptable sur la simple base d'une différence physique."