Les cours du nickel ont franchi un nouveau seuil à la baisse. Mauvaise nouvelle pour le géant brésilien Vale qui n’en finit pas de payer les conséquences financières de la rupture tragique de deux barrages au Brésil. Vale doit tailler dans ses actifs les moins rentables.
Deux ruptures de barrages meurtrières subies en quatre ans par Vale au Brésil ont entraîné deux milliards de dollars supplémentaires de nouvelles dépréciations. Elles viennent s’ajouter aux 4,95 milliards de dollars prélevés au titre des dédommagements aux victimes ainsi qu’à un plan de fermeture d’installations dangereuses pour éviter la répétition des catastrophes. Le nouveau directeur général de la société minière et industrielle, Eduardo Bartolomeo, a déclaré que la priorité essentielle de Vale était de "produire des résultats et des profits durables". Sauf que, les cours du nickel ont baissé de 18,6 % sur un mois. Dans ces conditions, certains experts n'hésitent pas à évoquer "des métallurgistes et des mineurs calédoniens sous la pression permanente de l'investisseur, Vale".
Réduire la voilure
L’usine calédonienne du Sud, est-elle dans le collimateur des "réducteurs de coûts" du mastodonte brésilien du fer et du nickel ? Officiellement non, mais, selon l’AFP, la multinationale minière souhaite s’orienter vers "un nouveau modèle industriel" en Nouvelle-Calédonie. Autrement dit, le process industriel révolutionnaire de Vale Nouvelle-Calédonie n'a pas réussi à atteindre sa vitesse de croisière. Il faudrait donc se tourner vers autre chose... Exportation de minerai, focus sur le cobalt, production de nickel intermédiaire (NHC), arrêt de la production d’oxydes de nickel pour les batteries électriques...
Nouvelle stratégie
Cette nouvelle stratégie devrait être présentée le 3 décembre prochain. Néanmoins, l’usure du site industriel et des investissements insuffisants ont contribué depuis le début de 2019 à la dégradation des coûts de production de VNC. Et l’usine calédonienne n'arrive pas à monter en puissance, malgré des améliorations, alors que les autres usines du groupe au Canada et en Indonésie sont rentables, même au cours actuel du nickel, pourtant en forte baisse. "Au niveau mondial, Vale lutte pour sa survie, il a trop de problèmes à gérer après les catastrophes survenues au Brésil, il doit faire des coupes sombres dans ses actifs les moins rentables (...) et se garder aussi la possibilité de vendre le site calédonien, c’est pour pour cette raison qu’il a déprécié la valeur du complexe industriel de l’usine du Sud" rappelle Jean-François Lambert, expert en investissement dans les matières premières.
Dépréciation comptable
Mardi, au Brésil, Vale a procédé à une dépréciation comptable du site industriel calédonien, de trois milliards de dollars à 1,6 milliard, reflétant ses difficultés. Joint par Outremer la1ere, l’un des responsables de la branche nickel de Vale (Inco) à Toronto a indiqué, sous couvert d’anonymat, que "le groupe a effectivement fortement déprécié la valeur de l’usine calédonienne mais aucune décision définitive n’a été prise concernant le complexe industriel VNC, en tout cas il n’est pas envisagé, à ce jour, de le fermer."