Cette fiction nous laisse imaginer ce qu’était la vie au plus profond de la brousse calédonienne du XIXe siècle. Le film soulève pourtant des problématiques qui demeurent contemporaines : le racisme, l’incompréhension entre deux civilisations, la violence, les superstitions…
Nouvelle-Calédonie fin du 19ème siècle, le gouverneur Feillet annonce qu’il veut "fermer le robinet d’eau sale" de la pénitentiaire et développer la culture du café en Nouvelle-Calédonie. Vincent et sa famille s’installent dans la région de La Foa-Canala pour mettre à profit la terre que leur a confiée l’administration. Mais en dépit de l’expansion coloniale, les tabous ancestraux demeurent. Des indigènes viennent les mettre en garde contre l'aspect "maléfique" d'une partie de leur propriété.
Une légende kanak
Alan Nogues, le réalisateur s'est inspirée d'une histoire racontée dans la région de Canala : un colon planteur de café aurait été prévenu par deux Kanak alors qu'il défrichait une parcelle, que celle-ci était une zone taboue. Il ne fallait pas y toucher. Mais le planteur ne tint pas compte du conseil.
Un conte qui nous expose deux visions du foncier en Calédonie. L’une économique, où la terre est perçue comme un outil de production à la rentabilité quantifiable, délimitée par des frontières physiques arbitraires, et l’autre au contraire où la terre est considérée comme un outil de communication avec l’invisible et où la notion de frontière n’obéit pas du tout aux même codes. Le film part en tout cas de cette dualité, mais c’est évidemment une trame de fond.
Un titre évocateur
Le Boucan c’est un concept un peu fourre tout pour parler de magie noire en Calédonie et dans certains autres pays. Boucan évoque le mauvais oeil, la sorcellerie. Se faire emboucanner, c’est s’attirer la malveillance d’une personne proche des arts occultes, qui aurait le pouvoir de faire du mal à distance.