Cinq ans après les faits, le procès hors norme des attentats de 2015 s'ouvre à Paris

Plaque en hommage à Clarissa à Malakoff
Le procès des attentats de janvier 2015 à Montrouge, contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, débute ce mercredi. Parmi les victimes figure la Martiniquaise Clarissa Jean-Philippe tuée par Amedy Coulibaly à Montrouge. Ce procès s’annonce historique. 
 

#1 Pourquoi ce procès est-il hors norme ?   

Ce procès va durer 49 jours, du 2 septembre au 10 novembre, devant la cour d’assises spéciale composée de cinq magistrats professionnels et présidé par Régis de Jorna. 200 parties civiles ont été constituées avant l’ouverture des débats. Le procès va être intégralement filmé afin de laisser une trace pour l'histoire. Il s’agit d’une première en matière de terrorisme.

Le procès va se dérouler dans la plus grande salle d’audience du tribunal judicaire de Paris situé dans l’ouest de la capitale. Il comporte deux box pour les accusés et permet d’accueillir 300 personnes en temps normal, 150 en période d’épidémie.

Tout le deuxième étage de l’immense Tribunal de Paris sera consacré au déroulement de ce procès. L’auditorium permettra d’accueillir le public et trois autres salles seront dédiées aux retransmissions à destination des parties civiles, des avocats et des journalistes du monde entier. 90 médias sont accrédités dont 27 de l’étranger.

Regardez ce reportage de France 3 Ile-de-France, ci-dessous.


#2 Quand l'affaire Clarissa sera-t-elle examinée ? 

Le meutre de Clarissa Jean-Philippe sera examiné le 18 septembre si la cour d'assises spéciale parvient à tenir le planning qu'elle a établi. La mère de la jeune policière municipale, Marie Louisa Jean-Philippe devrait venir témoigner ce jour-là. Elle tient à faire le voyage depuis la Martinique où elle vit. 

La famille de Clarissa Jean-Philippe sera représentée notamment par le bâtonnier de la Guadeloupe, maître Charles Nicolas. Trois autre avocats de son cabinet se relaieront durant tout le procès.

Le verdict doit en principe être rendu le 10 novembre. Les précisions de Tessa Grauman d'Outre-mer la 1ère ci-dessous.

Le procès des attentats de 2015

 

#3 Qui comparaît ?

La cour va devoir juger des faits pour lesquels les principaux responsables ne seront pas présents, et ne peuvent rendre des comptes. Ils sont soit morts soit en fuite. 14 accusés soupçonnés à des degrés divers de soutien logistique aux frères Saïd et Chérif Kouachi et à Amédy Coulibaly vont, eux, être jugés. Dix d'entre eux comparaissent détenus, un sous contrôle judiciaire et trois sont visés par un mandat d'arrêt et jugés par défaut.

Les trois accusés visés par un mandat d’arrêt sont Hayat Boumeddiene, compagne de Coulibaly et les deux frères Belhoucine. Partis quelques jours avant les attentats pour l’Irak ou la Syrie, leur mort évoquée par diverses sources, n'a jamais été officiellement confirmée.

Les juges antiterroristes ont retenu les charges les plus lourdes, la "complicité" de crimes terroristes passible de la réclusion à perpétuité, contre l'aîné des frères Belhoucine, Mohamed, et contre Ali Riza Polat, qui sera lui dans le box des accusés. Riza Polat, proche d'Amédy Coulibaly est soupçonné d'avoir eu un rôle central dans les préparatifs des attentats, en particulier la fourniture de l'arsenal utilisé par le trio terroriste, ce dont il se défend.

Les autres accusés sont essentiellement jugés pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et encourent vingt ans de réclusion. Un seul comparaît libre sous contrôle judiciaire pour "association de malfaiteurs" simple, un délit puni de dix ans de prison.

Dans une interview sur franceinfo, Jean-François Ricard, le procureur national antiterroriste estime que ce procès n'est pas celui "des petites mains". Evoquant les frères Kouachi et Amédy Coulibaly, tués après les attaques de Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, il comprend que leur absence est "une source de frustration" mais il souligne que dans le passé "les auteurs directs d'attentats dans le box des accusés (...) restent soit silencieux, soit se bornent à des dénégations, soit font des provocations. La plupart du temps on n'en sait rien de plus"

 

#4 Quels sont les faits connus ?

Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi, qui gravitaient depuis plusieurs années dans la sphère jihadiste, attaquent la rédaction de Charlie Hebdo à Paris. Ils assassinent 12 personnes dont les dessinateurs historiques Cabu et Wolinski, avant de prendre la fuite.

Le lendemain, Amédy Coulibaly, délinquant radicalisé en prison, tue Clarissa Jean-Philippe. La policière municipale martiniquaise est abattue d’un tir de kalachnikov dans le dos à Montrouge, au sud de Paris. Le crime a eu lieu près d’une école juive.
Le 9 janvier, le même Amédy Coulibaly exécute quatre hommes, tous juifs, lors de la prise d'otages du magasin Hyper Cacher, dans l'est parisien.

Les frères Kouachi sont morts abattus par les balles du GIGN à la suite d’une cavale qui les a menés dans une imprimerie en Seine-et-Marne. Amédy Coulibaly a été tué par la police sur les lieux de sa prise d’otage dans l’est parisien.

Amédy Coulibaly avait prêté allégeance au groupe Etat islamique tandis que l’attentat perpétré par les frères Kouachi a été revendiqué par Al Qaïda dans la péninsule arabique.  

Le 11 janvier, une marche républicaine rassemblait un million de personnes à Paris dont 40 chefs d’Etat et de gouvernement aux côtés de François Hollande.