"J’ai fait de mon handicap une force." La devise de Claude Issorat l’a porté jusqu’au sommet de l’Olympe. Le multiple médaillé d’or en para-athlétisme a connu un parcours impressionnant.
À 9 mois, la poliomyélite entraîne en quelques heures une paralysie irréversible des jambes du nourrisson. Claude ne marchera jamais. La famille Issorat quitte Pointe-à- Pitre et prend la direction de l’Hexagone pour une errance médicale dans les hôpitaux et centres de rééducation. Adolescent, il se tourne vers les sports collectifs mais il opte finalement pour le para-athlétisme. À 17 ans, Claude dispute ses premières compétitions. Sur piste et sur route, il rayonne du 100 mètres au marathon en fauteuil roulant. À cette époque, ces engins étaient plus lourds et moins maniables. Le "sprinter marathonien" devient son surnom. Ses performances en imposent et forcent l’admiration des dirigeants de l’Équipe de France. En 1989, le Guadeloupéen intègre l’effectif tricolore et compte ses premières sélections. Il participe aux courses en catégorie T54. Cette classification inclut les personnes paraplégiques dotées d'abdominaux et disposant du plein usage de leurs bras. Aux Jeux Olympiques, à Barcelone, il brille. Le petit nouveau remporte deux médailles d’or et deux médailles d’argent.
Le 100m et le 1500m à jamais gravés dans sa mémoire
Au 100m, le deuxième coup de pistolet retentit dans le stade de Montjuïc pour signifier un faux départ. Après avoir battu le record du monde en demi-finale, l’Antillais réitère sa performance en finale et améliore le chronomètre avec un temps de 14 secondes 67 centièmes. Dans son engin de 8 kilos, il atteint la vitesse maximale de 30 km/h. Porté par le public, Claude Issorat décroche le titre paralympique. Le lendemain, sur 200m, il bat une fois de plus le record du monde, avec un chrono de 26 secondes 29.
Un mois avant ses victoires au sprint, il participe au 1500m-fauteuil, la seule épreuve de démonstration aux Jeux Olympiques. C’est la course la plus prisée des athlètes. Elle contribue à la médiatisation de ce sport et met en avant les Jeux Paralympiques qui s’y dérouleront quelques semaines plus tard.
Les huit meilleurs mondiaux en fauteuil roulant sont regroupés sur la ligne de départ. Le tricolore attaque le Suisse Franz Nietlispach à 600 mètres de la ligne d’arrivée. Claude résiste à son retour dans la dernière ligne droite. Il s’impose au finish. Sous les applaudissements de la Reine Sophie d’Espagne, le Guadeloupéen franchit le 1ER la ligne d’arrivée et remporte la finale du 1500m fauteuil.
14 médailles dont 7 en or en quatre olympiades
Quatre ans plus tard, aux Jeux d’Atlanta, pour la seconde fois, l’épreuve en fauteuil roulant sur le 1500m est en démonstration dans le stade olympique. Sous la pluie, il s’impose sous les encouragements de milliers de spectateurs. Aux Paralympiques, il obtient trois autres médailles d’or sur 200m, 400m, le relais 4X400m et le bronze sur 100m.
En 2000, à Sydney, le Guadeloupéen prend la deuxième place et obtient la médaille d’argent au 1500m de démonstration. Lors des Jeux Paralympiques, il monte sur la plus haute marche du podium et conserve ses titres au 400m et 4X400m.
À Athènes, avant de tirer sa révérence, il arrache une médaille d’argent sur le relais 4X400 et une de bronze au 4x100m.
Claude Issorat demeure le symbole du haut niveau handisport.
Il contribue aujourd’hui à l’avènement d’athlètes paralympiques. Entraîneur national de l’Équipe de Belgique, il coache le grand espoir Maxime Carabin. L’athlète a remporté la finale des Jeux Paralympiques de Paris 2024, sur 400m. C’est la première médaille d’or de la délégation belge.
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