Après trois romans policiers sur la Guyane, une escapade en Lozère, Coline Niel prépare la prochaine aventure du capitaine Anato qui sortira en octobre 2018. L’action se situera à Maripasoula. La1ère a rencontré Colin Niel, un auteur dont les livres vous embarquent loin.
Il est passé d’ingénieur agronome à écrivain. Et ce nouveau métier, il le doit, un peu, beaucoup, à la Guyane. Arrivé comme VAT (Volontaire civil à l’aide technique) à Kourou pour une année, Colin Niel est resté finalement 6 ans en Guyane. Il a d’abord travaillé pour l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) pendant un an afin d’effectuer des inventaires de biodiversité. "On comptait des singes, c’était ce dont j’avais toujours rêvé", dit-il, lui qui a grandi en région parisienne.
La1ère : Quand est-ce que vous avez-eu envie d’écrire ?
Colin Niel : De retour à Paris en 2007, je voulais parler de la Guyane. C’est grâce à la Guyane que j’ai eu envie d’écrire. J’ai choisi le roman policier car c’est pour moi, en tant que lecteur, la littérature qui parle le mieux du monde. Avant je n’étais pas un grand lecteur, mais depuis que je me suis mis à écrire, je lis beaucoup plus.
Comment procédez-vous pour vous documenter ?
Je passe beaucoup de temps à me documenter par des rencontres et des lectures. C’est plus simple pour un écrivain de rencontrer des gens que pour un journaliste. Je ne suis pas à la recherche du scoop ou de l’exclusivité et je n’ai pas besoin de vérifier la véracité des propos. Ce qui compte comme le dit Mark Twain c’est que "la fiction soit crédible".
C’est pourquoi il est plus simple pour moi d’écrire sur la Guyane à Marseille ou à Paris. Sur place, je suis trop heurté par la réalité. En Guyane, l’image que j’ai dans ma tête est en perpétuelle reconstruction. Or j’ai besoin pour écrire d’une image figée.
Par exemple, dans Les Hamacs de carton, je décris une cérémonie funéraire. Je l’ai écrit en me souvenant d’une cérémonie à laquelle j’avais assistée et j’ai aussi beaucoup lu sur ce sujet. Si j’avais vu plusieurs cérémonies, cela aurait été toujours différent. Or en littérature, on est plus dans l’anecdote que dans la réalité.
Comment avez-vous choisi le personnage principal de votre série guyanaise, le capitaine Anato ?
C’est un capitaine de gendarmerie qui a grandi en métropole. Il a les yeux jaunes et ça le rend un peu irréel. En fait, c’est le personnage le moins crédible de mes romans, mais personne ne m’en a fait le reproche. Je voulais parler de la Guyane et de son rapport paradoxal à la métropole "Je t’aime, moi non plus", un rapport complexe et riche. Le capitaine Anato est un peu écartelé entre les deux.
Quand j’ai commencé à écrire, je ne connaissais pas beaucoup les gendarmes de Guyane. Mais depuis, on a fait connaissance. Ils me lisent beaucoup et pour l’instant ne m’ont pas fait de critiques.
Vous qui ne connaissiez pas du tout le milieu de l’édition, comment avez-vous réussi à percer ?
Au début c’était très dur. J’ai envoyé mon manuscrit Les hamacs de carton à une trentaine d’éditeurs. Personne ne me répondait. Je l’ai réécrit, je l’ai fait lire à des amis professeurs. Et puis un jour, j’ai enfin reçu la lettre d’une responsable du Rouergue qui avait aimé mon manuscrit.
En déménageant, j’ai retrouvé toutes les lettres de refus que j’avais reçues. Avec du recul j’en rigole, mais c’était très dur car c’est très intime. J’ai failli tout abandonner.
Après votre trilogie guyanaise, vous avez fait un détour en Lozère, pourquoi ?
En fait, je n’ai jamais eu très envie de quitter la Guyane, mais je voulais savoir si j’étais capable d’écrire sur autre chose. C’était comme un défi pour moi. Seuls les bêtes est un roman plus court et il s’est mieux vendu que les précédents.
Mais vous revenez à la Guyane. De quoi va parler votre prochain roman ? Quel en sera le titre ?
C’est encore secret. Le livre sortira en octobre 2018. L’action se situera sur le Haut-Maroni à Maripasoula. Pour écrire ce roman, j’ai rencontré une soixantaine de personnes : des Amérindiens, des gendarmes, des jeunes Guyanais, un ethnobotaniste, un spécialiste de la phytothérapie créole, des orpailleurs. Je pose aux gens des questions qui les étonnent. Je cherche plus le ressenti que les faits.
Avec les jeunes, je voulais savoir quel était leur musique préférée, leurs jeux, comment ils réparaient leurs scooters, les mots qu’ils emploient. Par exemple un bendo, c’est un endroit où ils vont squatter pour fumer tranquillement. C’est très concret, mais cela parle beaucoup plus de notre monde que les grandes généralités.
Mission au futur Parc amazonien
Ensuite, Colin Niel a rejoint la Direction de l’agriculture et de la forêt. "Un bon moyen de connaître l’histoire de la Guyane". Puis pendant un an et demi, à partir de 2005, le futur écrivain de polars a participé à la mise en place du Parc amazonien. Grâce à ce poste, il a pu découvrir les communes de l’intérieur dont Maripasoula.Trilogie guyanaise
Après ses six années en Guyane, Colin Niel a eu envie d’écrire sur ce territoire. Il a commencé une série de trois romans policiers dont le héros, André Anato, est un gendarme noir-marron à la recherche de ses origines. Les hamacs de carton (2012), Ce qui reste en forêt (2013) et Obia (2015) sont des romans policiers documentés et addictifs.Incartade en Lozère
En 2017, Colin Niel a fait une incartade en publiant un roman policier dont l’action se situe en Lozère. Mais l’écrivain a choisi de renouer avec la Guyane. Il prépare un nouvel opus de sa série. Le capitaine Anato sera toujours présent, mais cette fois une femme gendarme prendra d’avantage de place. La1ère a rencontré Colin Niel en pleine réflexion autour de son prochain roman.La1ère : Quand est-ce que vous avez-eu envie d’écrire ?
Colin Niel : De retour à Paris en 2007, je voulais parler de la Guyane. C’est grâce à la Guyane que j’ai eu envie d’écrire. J’ai choisi le roman policier car c’est pour moi, en tant que lecteur, la littérature qui parle le mieux du monde. Avant je n’étais pas un grand lecteur, mais depuis que je me suis mis à écrire, je lis beaucoup plus.
Comment procédez-vous pour vous documenter ?
Je passe beaucoup de temps à me documenter par des rencontres et des lectures. C’est plus simple pour un écrivain de rencontrer des gens que pour un journaliste. Je ne suis pas à la recherche du scoop ou de l’exclusivité et je n’ai pas besoin de vérifier la véracité des propos. Ce qui compte comme le dit Mark Twain c’est que "la fiction soit crédible".
C’est pourquoi il est plus simple pour moi d’écrire sur la Guyane à Marseille ou à Paris. Sur place, je suis trop heurté par la réalité. En Guyane, l’image que j’ai dans ma tête est en perpétuelle reconstruction. Or j’ai besoin pour écrire d’une image figée.
Par exemple, dans Les Hamacs de carton, je décris une cérémonie funéraire. Je l’ai écrit en me souvenant d’une cérémonie à laquelle j’avais assistée et j’ai aussi beaucoup lu sur ce sujet. Si j’avais vu plusieurs cérémonies, cela aurait été toujours différent. Or en littérature, on est plus dans l’anecdote que dans la réalité.
Comment avez-vous choisi le personnage principal de votre série guyanaise, le capitaine Anato ?
C’est un capitaine de gendarmerie qui a grandi en métropole. Il a les yeux jaunes et ça le rend un peu irréel. En fait, c’est le personnage le moins crédible de mes romans, mais personne ne m’en a fait le reproche. Je voulais parler de la Guyane et de son rapport paradoxal à la métropole "Je t’aime, moi non plus", un rapport complexe et riche. Le capitaine Anato est un peu écartelé entre les deux.
Quand j’ai commencé à écrire, je ne connaissais pas beaucoup les gendarmes de Guyane. Mais depuis, on a fait connaissance. Ils me lisent beaucoup et pour l’instant ne m’ont pas fait de critiques.
Vous qui ne connaissiez pas du tout le milieu de l’édition, comment avez-vous réussi à percer ?
Au début c’était très dur. J’ai envoyé mon manuscrit Les hamacs de carton à une trentaine d’éditeurs. Personne ne me répondait. Je l’ai réécrit, je l’ai fait lire à des amis professeurs. Et puis un jour, j’ai enfin reçu la lettre d’une responsable du Rouergue qui avait aimé mon manuscrit.
En déménageant, j’ai retrouvé toutes les lettres de refus que j’avais reçues. Avec du recul j’en rigole, mais c’était très dur car c’est très intime. J’ai failli tout abandonner.
Après votre trilogie guyanaise, vous avez fait un détour en Lozère, pourquoi ?
En fait, je n’ai jamais eu très envie de quitter la Guyane, mais je voulais savoir si j’étais capable d’écrire sur autre chose. C’était comme un défi pour moi. Seuls les bêtes est un roman plus court et il s’est mieux vendu que les précédents.
Mais vous revenez à la Guyane. De quoi va parler votre prochain roman ? Quel en sera le titre ?
C’est encore secret. Le livre sortira en octobre 2018. L’action se situera sur le Haut-Maroni à Maripasoula. Pour écrire ce roman, j’ai rencontré une soixantaine de personnes : des Amérindiens, des gendarmes, des jeunes Guyanais, un ethnobotaniste, un spécialiste de la phytothérapie créole, des orpailleurs. Je pose aux gens des questions qui les étonnent. Je cherche plus le ressenti que les faits.
Avec les jeunes, je voulais savoir quel était leur musique préférée, leurs jeux, comment ils réparaient leurs scooters, les mots qu’ils emploient. Par exemple un bendo, c’est un endroit où ils vont squatter pour fumer tranquillement. C’est très concret, mais cela parle beaucoup plus de notre monde que les grandes généralités.