Un collectif d'associations appelle à une "marche citoyenne" pour les vingt ans de la Marche du 23 mai 1998 en mémoire des victimes de l’esclavage

Rassemblement lors d'un "Limyè Ba Yo", place de la République à Paris (archives).
Un collectif d’associations, d’élus et de personnalités de la société civile a lancé un appel pour une "Marche citoyenne" le 23 mai, Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial. Un évènement qui se veut "mémoriel et antiraciste".
Le collectif est présidé par le docteur Serge Romana, généticien et professeur de médecine, président de la Fondation Esclavage et Réconciliation. Serge Romana fut à l’initiative de la création du Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98), suite à cet événement qui rassembla quelque 40.000 personnes dans les rues de Paris à l'occasion du 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage.

« Le 23 mai 1998, il y a 20 ans, nous avons marché pour honorer la mémoire de nos aïeux, victimes de l’esclavage dans les colonies françaises d'Amérique et de l'Océan Indien. Cette marche a permis à la République de reconnaître la traite et l’esclavage comme un crime contre l’Humanité, de servir de socle aux actions qui ont instauré le 10 mai, Journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage et de faire du 23 mai la Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage », précise l’appel du collectif publié sur Change.org.

"Notre combat n’est pas achevé"

« Mais notre combat n’est pas achevé… », poursuit le texte. « Nous devons d’une part continuer à inscrire notre histoire au cœur de ce pays et d’autre part combattre l’une des conséquences les plus hideuses de l’esclavage colonial : le racisme. Il n’est pas supportable de vivre dans un pays où l’on traite de singe une ministre de la Justice (Christiane Taubira à l’époque, ndlr) des footballeurs ou des collégiens, du fait de la couleur de leur peau. »

Il n’est pas acceptable de vivre dans une France où des centaines de milliers de citoyens sont discriminés dans la recherche d’un logement, d’une formation, d’un emploi ou lorsqu’ils sont interpelés par les forces de l’ordre, du fait de leur faciès ! Ce n’est pas cette France-là que nous aimons, que nous souhaitons enrichir et honorer comme tout citoyen. Alors, nous avons décidé de marcher à nouveau, le 23 mai 2018, Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage !


L’appel revient sur le projet, soutenu par Emmanuel Macron le 27 avril, d’édifier dans le Jardin des Tuileries un Mémorial des noms attribués aux 200.000 esclaves devenus libres après le décret d’abolition de l’esclavage de 1848. Il incite également la République « à repenser ses dispositifs de lutte contre le racisme décomplexé qui conduit ce pays à une fracture raciale mortifère », et demande, au nom des Afro-descendants, « à voir pleinement reconnus notre place, notre rôle dans notre pays et notre apport à un avenir pétri de liberté, d’égalité et de fraternité ».

Limyè Ba Yo ! 

Parmi les signataires de l’appel, on trouve entre autres la plupart des parlementaires ultramarins, des universitaires comme Benjamin Stora, des journalistes (Audrey Pulvar, Elise Lucet, Edwy Plenel, Claudy Siar), et de nombreux artistes et écrivains (Pascal Légitimus, Alain Foix, Jean-Claude Barny, Amandine Gay, Tony Chasseur, Jacob Desvarieux, Jocelyne Béroard, Alain Jean-Marie, etc).

La Marche du 23 mai 2018 partira Place du Louvre, rue de l'Amiral de Coligny (métro Louvre-Rivoli ligne 1 ou Pont Neuf ligne 7) à 14h pour arriver Place de la République où se déroulera de 19h à 23h la Fête de la Fraternité LIMYE BA YO (Honorons-les !) en hommage à la mémoire des aïeux mis en esclavage. Comme chaque année, un grand concert sera organisé pour l’occasion et un village de généalogie et d’histoire des familles antillaises sera mis en place.