L'esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d'elles. A partir de la promulgation du présent décret dans les colonies, tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres, seront absolument interdits.
Adopté sous l'impulsion de Victor Schoelcher, le décret prévoit de libérer 250 000 esclaves à la Martinique et à la Guadeloupe, ainsi qu'à la Réunion, en Guyane et à Saint-Louis du Sénégal.
Aimé Césaire et le 27 avril
Dans une interview réalisée en 1982, Aimé Césaire revenait sur ce décret du 27 avril 1848 et rappelait les nombreuses révoltes d'esclaves, avant 1848 :
Les nègres ont toujours combattu pour leur liberté. On a élevé des statues à Schoelcher, c'est bien. Mais on devrait aussi élever une statue au nègre marron anonyme ou à l'esclave inconnu, comme au soldat inconnu.
Aimé Césaire en 1982
Le 27 avril 1848, le décret de Victor Schœlcher acte l'abolition de l'esclavage en France. 📅 Aimé Césaire, interrogé en 1982, rappelle ici le rôle des soulèvements d'esclaves dans les colonies, avant que les libéraux européens ne se prononcent pour l'abolition. pic.twitter.com/nzWa1NvFPT
— Ina.fr (@Inafr_officiel) April 27, 2020
Quelle cérémonie le 10 mai ?
Depuis 2006, c'est désormais le 10 mai qu'est commémoré l'abolition de l'esclavage dans l'Hexagone. Le 10 mai est officiellement la "journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition". En temps ordinaire, une cérémonie se déroule dans les jardins du Luxembourg à Paris, en présence du président de la République.Le 20 avril dernier, la Fondation pour la mémoire de l'esclavage a envoyé un courrier à Emmanuel Macron pour demander le maintien de cette cérémonie du 10 mai, malgré la crise sanitaire liée au coronavirus.
Dans les circonstances exceptionnelles que nous connaissons, les rituels républicains sont de précieux moments de rassemblement, autant que des marques de la continuité de l’Etat, et la journée nationale du 10 mai offre une belle occasion de réunir les Françaises et les Français de l'Hexagone et d'Outre-mer autour des messages de liberté, d'égalité et de fraternité qu'elle porte.
Naturellement, il convient que cette journée nationale soit organisée sans transgresser les règles sanitaires qui s’imposeront encore à cette date à chacun d’entre nous.
Pas encore de réponse de l'Elysée
Contactée par Outre-mer la 1ère, la Fondation pour la mémoire de l'esclavage indique que l'Elysée n'a pas encore répondu officiellement au courrier de Jean-Marc Ayrault, mais explique "avoir bon espoir" qu'une cérémonie se déroule le 10 mai.En tout état de cause, la Fondation organisera ce jour-là une cérémonie digitale avec la participation sur les réseaux sociaux de nombreuses personnalités. Le site web officiel de la Fondation sera mis en ligne le 8 mai, deux jours avant la journée nationale.
Les cérémonies du 8 mai adaptées à la crise sanitaire
La commémoration du 10 mai interviendra deux jours après celle du 8 mai commémorant la victoire de 1945. Le ministère des Armées a déjà indiqué que le 8 mai, les commémorations se dérouleront bien, mais seront adaptées à la crise sanitaire : "Une cérémonie, présidée par le Président de la République, aura lieu le matin à Paris, à l’Arc de triomphe, en présence d’un nombre restreint d’autorités civiles et militaires. Cette cérémonie nationale ne sera pas ouverte au public", indique dans un communiqué le ministère des Armées.Les principales dates relatives à l’abolition de l'esclavage
- 27 avril 1848 : Promulgation du décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies et possessions françaises.
- 22 mai 1848 : Proclamation du décret d'émancipation en Martinique (74.000 esclaves émancipés).
- 27 mai 1848 : Proclamation du décret en Guadeloupe (87.000 esclaves émancipés).
- 10 juin 1848 : Proclamation du décret en Guyane (environ 13.000 esclaves émancipés).
- 20 décembre 1848 : Proclamation du décret à la Réunion (62.000 esclaves émancipés).
- 30 avril 1849 : Vote de la loi qui fixe le montant des indemnisations aux colons. Plus de 126 millions de francs de l’époque sont versés aux anciens propriétaires d’esclaves par l’Etat français.
- 21 mai 2001 : Loi n°2001-434 du Parlement français "tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité", dite loi Taubira.