Commémoration de l'esclavage: pourquoi le 10 mai?

François Hollande inaugure le Memorial ACTe en Guadeloupe le 10 mai 2015.
Dans quelques jours,  François Hollande va commémorer le 168e anniversaire de l'abolition de l'esclavage. Retour sur le choix et la portée de la date de cette journée nationale.

Pourquoi le 10 mai?

Le choix de la date a été fixé en 2006 par Jacques Chirac. Le président la justifie par sa référence au 10 mai 2001. Ce jour, le Sénat adopte en dernière lecture la loi reconnaissant la traite et l'esclavage comme crime contre l'humanité. Une loi portée par Christiane Taubira, alors députée PRG, et qui porte depuis son nom.
 

Un choix contesté

Le choix du 10 mai pour instaurer une "Journée des mémoires de la traite, de l'esclavage et de l'abolition", n'a pas fait l'unanimité. Ainsi, certaines associations, comme le CM98,  présidé par Serge Romana, avaient vivement critiqué la décision, et lui préfèrent la date du 23 mai en référence, cette fois-ci,  au 23 mai 1998. Une marche silencieuse avait réuni 40 000 personnes dans les rues de Paris pour commémorer les 150 ans de l'abolition  et demander la reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'humanité.
La marche du 23 mai 1998 réunit des dizaines de milliers de personnes à Paris

Des dates multiples

La date du 23 mai est par ailleurs une autre date officielle de commémoration de l'esclavage pour les Français d'Outre-mer de l'Hexagone.
Dans les DOM, les dates de commémoration correspondent aux différentes proclamations des décrets abolissant l'esclavage dans les colonies tout au long de l'année 1848.
Le 22 mai en Martinique
Le 27 mai en Guadeloupe
Le 10 août en Guyane
Le 20 décembre à la Réunion
  

Le 10 mai jour férié?

Le 10 mai est une date officielle mais n'est pas une journée fériée. D'après le Comité pour la mémoire de l'esclavage, l'idée, un temps envisagée a été abandonnée pour ne pas créer un trop gros pont, le 8 mai étant déjà férié. L'objectif était également de permettre aux enseignants de parler de l'esclavage avec leurs élèves à l'école.
 

Quelles commémorations?

La première commémoration du 10 mai, en 2006, est passée relativement inaperçue. Pas de grand événement national mais plusieurs manifestations locales ont été organisées. L'annonce d'un grand concert, prévu par le Cran place de la Bastille suscite de nombreuses tensions dans la communauté afro antillaise: d'aucuns réclament un événement plus solennel. Le concert est finalement annulé quelques jours avant.
En 2007, une cérémonie de commémoration se tient dans le jardin du Luxembourg à Paris, et réunit Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, tout juste élu à la tête du pays. Le 10 mai 2008, le Cran oraganise une marche des libertés à Paris qui réunit un millier de personnes.
Le jardin du Luxembourg est depuis devenu le lieu ou la date est commémorée, à l'exception du 10 mai 2015. François Hollande inaugure ce jour là le Memorial ACTe en Guadeloupe, le "centre caribéen d'expressions et de mémoire de la traite et de l'esclavage."
 

Et en 2016?

François Hollande présidera , pour la dernière fois de son mandat, la cérémonie , une nouvelle fois au Luxembourg. Il sera accompagné de la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud Belkacem, du garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas et de la ministre des Outre-mer George Pau Langevin. Autre personnalité également très attendue, le révérend afro américain et militant de la cause Noire Jesse Jackson.
La cérémonie sera à suivre en direct sur la1ere.fr et France Ô dès 10h30, heure de Paris.