Comment ces ultramarins de l'Hexagone ont tiré profit du confinement

Les petites entreprises de Chantal, Loïc et Maïna auraient pu sombrer avec la crise du coronavirus. Mais avec de l'imagination, du sérieux et une bonne prise de risque, ils ont traversé cette crise sans trop de dégâts, et avec même de nouvelles ambitions. 
"Il est clair que sans le confinement, je n'aurais pas pris le risque". Pendant cette période de crise sanitaire, Chantal Dagnaud-Plumain, à la tête de son cabinet de lobbying et d'ingénierie financière, Institutions et Stratégies, basé à Lyon, a créé quatre emplois en CDI; trois dans l'Hexagone et le dernier en Guadeloupe.

Chantal Dagnaud-Plumain fonctionnait jusqu'à présent avec des prestataires. Mais la mise à l'arrêt forcé d'une partie de l'économie a rebattu les cartes.
 

Coincée à la maison, Je me suis recentrée sur mon coeur d'activités qui est le montage de dossiers de demandes de subventions européennes. J'ai convaincu mes clients, dont l'activité s'était aussi ralentie, de se concentrer sur ces demandes de subventions. Et c'est ainsi que nous avons pu boucler cinq dossiers auprès de la Commission européenne avant les dates butoir de mai et juin. En temps ordinaire, je n'ai jamais autant de dossiers.

Chantal Dagnaud-Plumain


Trois dossiers concernent la Guadeloupe. Le premier est un projet de décarbonisation de l'île par l'implantation d'un système d'hydrogène. Le deuxième vise l'accélération de l'accompagnement des entreprises du numérique. Et le troisième consiste en l'implantation d'une seconde maison sport et santé, sous l'égide du ministère de la santé.

"L'épidémie de Covid-19 m'a obligée à mieux réaliser les besoins de mes clients et après la crise, je sens que les dossiers de ce genre vont se multiplier. Vu la rareté des finances, l'argent il faut aller le chercher. Et pour cela, il faut de la compétence". C'est pourquoi la présidente de Institutions et Stratégies est sûre de son choix.
 

"J'ai gagné en visibilité et en crédibilité"

Loïc Laplagne, lui aussi, tire un bilan positif de ces mois de confinement. Son activité d'aménagement et d'ameublement a subi un coup d'arrêt avec le Covid-19, "problème de notaire et de banque, surtout", indique-t-il. Mais c'est en tant que président de la maison des Outre-mer de Lyon qu'il s'est révélé. "J'ai gagné en visibilité et en crédibilité".

Car pendant tout le confinement, il a mis en place une opération de fabrication et de distribution de repas gratuits et de colis auprès des étudiants ultramarins de la région Rhône-Alpes. Soit quelque 1500 repas distribués à ce jour. "Il nous a fallu les identifier, trouver des bénévoles pour la logistique, se mettre en relation avec les associations de la région, et avec les autorités locales".

Chantal Dagnaud-Plumain a aussi été d'une aide précieuse avec son réseau.
 

Pour moi, ça a été un accélérateur de reconnaissance auprès des autorités locales qui ont pu juger de notre sérieux. Ca faisait deux ans que l'on demandait des locaux pour la maison des outre-mer. Là, en un mail et trois jours, nous avons obtenu une chambre froide et ces fameux locaux.

Loïc Laplagne



Partie prenante de l'opération, la délégation à l'égalité des chances des originaires d'outre-mer a aussi pu juger de l'efficacité de l'association.

Mais pour le militant, le gain se trouve ailleurs. "Ca m'a apporté de rencontrer des étudiants ultramarins et de leur montrer que l'entraide au sein de notre communauté est possible. J'espère avoir créer un cercle vertueux. Le problème de notre communauté est que quand elle réussit, elle oublie ses compatriotes. Là, on leur instille le sens de l'engagement citoyen".Coté professionnel, les commandes reprennent. Mais surtout, Loïc Laplagne se dit "boosté et transfiguré" en tant que citoyen.


Une clientèle qui augmente 

A Lyon, Maïna Rinaldo est bien connue. Elle tient la Caraïbéenne, un local de production où elle effectue de la vente à emporter : bokits, agoulous, snowbowls, etc...Mais pendant le covid, sa clientèle a augmenté et elle a décidé de passer à l'étape supérieure. Lundi 29 juin elle ouvrira un vrai restaurant, à Villeurbanne, à 15 minutes de son ancien local. "Je passe de 15 m2 à 56 m2. Sans le covid, je n'aurais pas fait la bascule", dit-elle. Maïna embauchera même une personne pour la seconder!

L'Antillaise a débuté son activité en octobre 2019. Elle se crée sa clientèle grâce aux réseaux sociaux et au bouche à oreille.  Mais la crise sanitaire lui donne un sérieux coup de fouet. Son chiffre d'affaire croît d'environ 30%.
 

Beaucoup d'étudiants qui devaient retourner aux Antilles ont été contents de retrouver les saveurs de chez eux.

Maïna Rinaldo


De plus, elle jouissait de la notoriété de son lieu d'implantation, la Commune, un lieu culturel lyonnais avec une dizaine d'échoppes de restauration.

Pendant le confinement, les clients ont continué de l'appeler. Ils ont même créé une cagnotte. Lundi, ils pourront s'asseoir dans le nouveau lieu de Maïna à Villeurbanne.