Comment Eramet et la SLN entendent gagner la bataille du nickel calédonien

Origine France Garantie : CRISTEL produits dans le Doubs avec 10% de nickel calédonien SLN25
Eramet et la SLN vont intensifier leurs efforts pour baisser les coûts de production de l'usine de Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Il s'agit d'affronter les aléas des cours du nickel. Le prix de revient du ferronickel SLN 25, réputé pour sa très haute pureté, est encore trop élevé.
Eramet va intensifier son programme de réduction des coûts pour assurer la pérennité de la Société Le Nickel (SLN) pendant les périodes basses que traversent de façon cyclique les matières premières et le cours du nickel. Le conseil d'administration de la SLN en Nouvelle-Calédonie a estimé qu'il fallait réduire encore plus les coûts de production du ferronickel attendu fin 2017. La SLN vise un objectif à 4$/lb (8 818 dollars par tonne) fin 2020.

Spéculation haussière

Ces efforts importants sont accompagnés depuis le 20 août dernier par la remontée des cours du nickel côté à Londres. Le métal a même dépassé 12.000 dollars la tonne alors que le coût de production de la SLN est à 11.420 dollars. La direction du groupe Eramet relativise et reste prudente, vigilante : « C’est une hausse surtout spéculative, et même si c’est une bonne nouvelle, on ne pourra en mesurer les effets que sur le long terme et à condition que les prix tiennent, précise Eramet à la 1ere.fr. La légère reprise des cours depuis le 20 août est trop récente même si elle permet une légère surcote du ferronickel SLN 25 que nous produisons et que nous exportons ».
"Chips" de ferronickel calédonien SLN 25 [Eramet] pour l'acier inoxydable
Pour Eramet et la SLN, il s’agit bien d’assurer la rentabilité de l’usine calédonienne et de ses sites miniers sur le long terme, condition sine qua non à la sauvegarde des emplois. L'audit interne a montré que les différences de coûts par rapport à la concurrence sont liées à la productivité et aux coûts énergétiques de l’usine de Doniambo. Ces deux postes seront donc ciblés en priorité, le premier par des mesures de refonte des organisations du travail et le second par des mesures d'optimisation énergétique et de révision du prix de l'électricité. La SLN attend beaucoup de la future centrale électrique (GNL) qui alimentera l'usine. Une unité propre et innovante, respectueuse de l’environnement, portée par la Nouvelle-Calédonie dont la contribution est attendue pour 2022. La SLN affiche actuellement, avec Larco en Grèce, les coûts énergétiques les plus élevés de l’industrie du nickel.

Pour gagner la bataille de la compétitivité, la SLN souhaite notamment mettre en place quatre équipes en quart, contre cinq actuellement, ce qui signifierait une augmentation du temps de travail à 42 heures hebdomadaires. Cette mesure, sensible, constituerait un alignement sur les pratiques de ses concurrents mondiaux.

Vue de l'usine de ferronickel SLN-Eramet de Doniambo en Nouvelle-Calédonie
Les détails exacts du plan d’optimisation du nickel n'ont pas encore été dévoilés. Début 2016, les prix du nickel avaient connu un cours au plus bas depuis 2003 à 3,79$ par livre (8 355 dollars par tonne). En novembre dernier, les prix étaient remontés à 5,3$ par livre (11 684 dollars par tonne), avant de reculer à nouveau. Au premier semestre 2017, le coût de production de la SLN était encore trop élevé, à 5,17$ par livre (11 410 dollars par tonne). Deux cyclones et des difficultés d'accès aux gisements en Nouvelle-Calédonie avaient pesé sur la rentabilité de l’usine de Doniambo.

Depuis le 20 août dernier, les cours du nickel se sont repris, mais rien n'est jamais acquis. Ce vendredi soir, le nickel baisse. Il vaut 11.575 dollars par tonne, soit 5,24 dollars par livre à la bourse des métaux de Londres (LME). Le métal fait le yoyo entre demande chinoise, incertitudes aux Philippines, états de stocks mondiaux et...tensions en Corée.