Le dépouillement des bulletins a commencé dimanche aux Comores après un vote marqué par des incidents, notamment à Anjouan, l'une des trois îles du pays. Les résultat dans cette île devraient s'avérer décisifs pour départager les trois candidats en lice au second tour de la présidentielle.
La1ere.fr (avec AFP) •
Le candidat du pouvoir Mohamed Ali Soilihi, dit Mamadou, arrivé en tête au premier tour en février (17,88%), affronte l'ex-putschiste Azali Assoumani (15,10%) qui a gouverné le pays de 1999 à 2006 et le gouverneur de Grande-Comore Mouigni Baraka, deuxième du premier tour avec 15,62% des voix.
Le dépouillement a débuté à 18 heures, après la fermeture des bureaux de vote. Seuls quelques-uns restaient ouverts sur l'île d'Anjouan, où des incidents ont eu lieu au cours de la journée, selon des sources concordantes.
Urnes cassées à Anjouan
Selon des journalistes locaux, des partisans de l'ex-président Ahmed Abdallah Sambi (2006-2011), qui soutient le colonel Assoumani, ont perturbé le vote dans certains bureaux de l'île.
Le charismatique M. Sambi, dont le parti Juwa (Soleil) a été éliminé au premier tour, est encore très populaire sur l'île d'Anjouan, où il est né.
Le processus de vote a même été interrompu dans deux bureaux d'Anjouan car les urnes ont été cassées par les perturbateurs, ont rapporté des proches du candidat Mouigni Baraka.
"Je m'inquiète de ce qu'il se passe à Anjouan", a confié M. Baraka. Dimanche soir, les observateurs s'interrogeaient sur la décision qu'allait prendre la commission électorale concernant la compilation des résultats dans ces localités perturbées.
Premiers résultats attendus le 13 avril
Les premiers résultats ne sont pas attendus avant mercredi. Cinq personnes accusées de propagande électorale ont en outre été arrêtées sur l'île de Moheli, dans le cadre de l'élection des gouverneurs locaux qui se déroule en même temps que la présidentielle, a indiqué Mohamed Fazul, un des candidats au poste de gouverneur.
Les électeurs d'Anjouan et de Moheli n'avaient pas participé au premier tour de la présidentielle le 21 février, conformément à la Constitution atypique de l'Union des Comores, pays composé de trois îles (Anjouan, Grande-Comore et Mohéli).
Dix-neuf des 25 candidats du premier tour avaient contesté la validité des résultats fin février et exigé que les bulletins soient recomptés, mais la Cour constitutionnelle les avait finalement validés quelques jours plus tard.
Les déplacements entre deux communes ont été interdits dimanche aux Comores, à moins d'être muni d'un laisser-passer officiel, tant pour éviter le double vote que les troubles en marge du scrutin. Des barrages policiers étaient installés sur les principales routes du pays pour faire respecter cette interdiction.
En plus des observateurs internationaux dépêchés sur place, des organisations comoriennes ont mis en place une "plateforme de veille électorale" pour faire remonter en temps réel les incidents.
Gratuité des soins et enseignement au programme
La campagne a été terne et désordonnée, se résumant à un déballage d'attaques personnelles et de soupçons de corruption, particulièrement entre le colonel Assoumani et Mamadou.
L'issue du scrutin demeure incertaine entre les trois candidats: le colonel Assoumani et Mamadou ont tous deux enregistré de précieux soutiens au cours de la campagne mais le gouverneur de la Grande-Comore, Mouigni Baraka, moins connu sur les deux autres îles, veut croire en ses chances.
"Mamadou et Assoumani se font la guerre, Mouigni Baraka pourrait être la solution", assure Me Ali Ibrahim Mzimba, le bras droit de ce dernier.
A l'exception de Mamadou qui a fait de l'énergie et de la formation professionnelle ses priorités, les programmes des candidats sont quasiment identiques, axés sur la gratuité des soins, l'enseignement et l'amélioration des infrastructures délabrées du pays.