Maliza Said Soilihi, 39 ans, ex-conseillère municipale à Marseille (France), souvent présentée comme la énième île des Comores, a affirmé devant une chambre de la Cour suprême que le Code électoral prévoyait la possibilité de ce vote, en s'inquiétant que ce dispositif ne soit pas appliqué. "Si vous êtes là en tant que citoyenne, enlevez donc votre robe d'avocate", a lancé Harimia Ahmed Ali, présidente de la section électorale et constitutionnelle des Comores, où doivent se dérouler en début d'année prochaine l'élection du président et des gouverneurs des trois îles (Grande Comore, Anjouan et Moheli).
Peu avant, la présidente, châle beige lui couvrant les cheveux, avait demandé à Maliza Said Soilihi en quelle qualité elle se présentait devant la salle d'audience. La requérante avait introduit une requête devant la cour le 20 août lui demandant de "constater la violation des droits fondamentaux de la diaspora, notamment son droit de vote".
Diaspora comorienne
La communauté comorienne de France serait au nombre de 300.000 dont plus de la moitié résiderait dans la cité phocéenne. Les trois îles des Comores comptent de leur côté environ 870.000 habitants, selon une projection officielle. "Le code électoral promulgué en 2023 précise l'application de la modalité de ce droit fondamental", a rappelé l'avocate dans l'austère salle aux murs blancs, lors d'une courte audience.
Candidate présumée à l'élection gouvernatoriale, elle a demandé à la cour "d'instruire et d'ordonner aux autorités compétentes de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l'inscription des citoyens comoriens résidant à l'étranger sur les listes électorales (...) en vue des prochaines échéances électorales".
Nourdine Abodo, procureur général, a dans ses réquisitions demandé à la Cour de déclarer "la demande irrecevable". Le magistrat longiligne, barbe blanche et bonnet sur la tête, a estimé entre autres arguments "qu'aucune disposition ne donne mandat à la Cour pour donner une injonction aux autorités compétentes", à savoir l'Etat.
L'affaire est mise en délibéré au 9 septembre. Les prochaines élection présidentielle et gouvernatoriales aux Comores devraient se tenir au plus tard en février prochain. Le président comorien Azali Assoumani sera candidat à sa propre succession, avait annoncé en janvier son parti, la Convention pour le renouveau des Comores (CRC).