Les compagnies ultramarines en "speed meeting" à Avignon

L'édition 2017 du Festival d'Avignon vit sa dernière semaine. Pour la deuxième année, l'Agence de promotion et de diffusion des cultures d'Outre-mer a convié les troupes ultramarines à rencontrer des programmateurs de l'Hexagone et des territoires.
Onze heures, vendredi 21 juillet au Village du Off. Les artistes d'Outre-mer scrutent le tableau leur indiquant leur programme. Comme dans un "speed dating", ils auront vingt minutes avec les directeurs de théâtre ou de festival pour exposer leur travail. Jean-Camille Sormain, metteur en scène originaire de la Martinique, s'aide d'une tablette pour proposer des extraits de ses spectacles. Les autres remettent un dossier et invitent les professionnels à se rendre à l'une de leurs représentations.

Coproductions et partenariats

Certains sont là avec une double casquette. C'est le cas de Guillaume Gay, le directeur de la Compagnie du caméléon installée en Polynésie française. Il vient proposer ses créations et chercher des spectacles pour la programmation 2018-2019. Et espère bien finaliser les contacts pris pour Avignon 2018 et la pièce "Les champignons de Paris" sur la question du nucléaire. Quand à Hassane Kassi Kouyaté, le directeur de Tropiques Atrium en Martinique (Scène nationale) il a "beaucoup de rendez-vous avec des artistes autour de leurs projets, et avec des collègues pour voir quelles collaborations sont possibles". C'est le premier projet que veut mener Luc Rosello, récemment nommé directeur du Centre dramatique de l'océan Indien, à la Réunion : "Il faut penser à la formation des artistes ultramarins. On est en cours de partenariat avec le Centre dramatique de Limoges pour mettre en place une plateforme et un parcours qui leur permettra de cheminer de leur territoire à l'Hexagone."


Manque de festivals Outre-mer

"Cela fait longtemps que je n'ai pas accueilli de spectacle d'Outre-mer", avoue Marie-Agnès Sevestre, du Festival des Francophonies à Limoges. "Je dois avouer que c'est compliqué car il n'y a pas énormément de festivals, à part peut être à la Réunion, qui réunissent suffisamment de propositions pour que ce long voyage soit utile... Donc ça n'est pas facile de suivre la création, et pour les programmateurs de l'Hexagone la question est complexe." Avignon est donc un bon moment pour se mettre à jour. Emilie Vervaet, du Théâtre de Belleville à Paris, a déjà vu deux pièces à la Chapelle du verbe incarné : "On m'a présenté beaucoup de projets aujourd'hui et c'est assez joli car ce sont des compagnies qui en veulent et qui ont un propos à défendre. J'ai fait quelques belles rencontres sur des sujets qui sont assez fascinants." Jean-Rémy Abelard, du Centre culturel de la Flèche dans la Sarthe, est un fidèle de l'exercice : "Il y a tellement de propositions à Avignon (Ndlr : 1480 pièces cette année dans le Off !) En tant que programmateur on fait des choix avant, et ce speed meeting nous permet de découvrir des compagnies qu'on aurait pu louper."

Favoriser les échanges entre territoires

Organisées par l'Agence de promotion et de diffusion des cultures d'Outre-mer, ces rencontres seront peut-être utiles aux compagnies d'Outre-mer, qui pourront prolonger la vie d'une création en se produisant dans l'Hexagone. "C'est notre mission prioritaire d'aider à la diffusion", explique Daniel Carcel, son directeur, qui veille au bon déroulement de la manifestation. "On a quinze compagnies présentes, qui viennent de loin, et elles ont besoin d'appui pour entrer dans les réseaux, monter des tournées... Car Avignon est un gouffre financier pour elles. On essaye aussi de faciliter la circulation entre les territoires d'Outre-mer." Le Réunionnais espère que l'agence continuera le travail entreprit depuis 2012. Lors de son passage à Avignon, la ministre des Outre-mer a annoncé qu'elle pourrait être intégrée à la future Cité des Outre-mer.