L’association Sciences Ô a organisé ce lundi 22 octobre 2018 une conférence sur l’après-référendum en Nouvelle-Calédonie à Sciences Po à Paris. Tous les orateurs se sont accordés à dire que, quelque soit le résultat du référendum, l’après sera "compliqué".
"Compliqué", ce mot résume à lui tout seul la conférence organisée à Sciences Po Paris sur la Nouvelle-Calédonie. Cinq orateurs chapotés par deux élèves calédoniens de la rue des Saints-Pères ont pris alternativement la parole pour raconter l’histoire du caillou depuis son origine.
Mais ces accords si essentiels soient-ils n’ont fait que "reporter le problème de 10 ans" ajoute Alain Christnacht. Il fallait "trouver un autre accord". "Le FLNKS pose un préalable minier, le gouvernement est d’accord, raconte l’ancien Haut-commissaire de la Nouvelle-Calédonie, puis se pose "la question de la citoyenneté".
Grâce à l'accord de Nouméa signé en 1998, la tenue d’un référendum 20 ans plus tard (2018) est actée. "Jacques Lafleur souhaitait un délai de 30 ans, les indépendantistes voulait qu’il ait lieu dans 10 ans", raconte l’ancien haut-commissaire. L’Etat a coupé "la poire en deux ".
En 2018, étape finale : le dernier comité des signataires parvient à rédiger la question du référendum. Le député Philippe Dunoyer, s’en souvient comme si c’était hier. "Il aura fallu dix heures de discussion sous l’œil du Premier ministre pour écrire une question. Les indépendantistes ne voulaient pas du mot"indépendance", les non-indépendantistes en voulaient", s’amuse aujourd’hui le député.
"Il faut que les revendications apparues il y a 40 ans soient satisfaites", ajoute le professeur. "Pour ma part, il y a une forme de frustration dans le débat aujourd’hui", insiste-t-il.
Selon Alain Chrisnacht, "Il y a de la part des Kanak une inquiétude un peu sourde qu’une nouvelle immigration les ramène à 20 ou 10% de la population, comme les Maoris en Nouvelle-Zélande ou les Aborigènes, en Australie".
Un autre terrain
Wallès Kotra se place sur un autre terrain : "on n’arrive pas à assumer notre "nous", dit-il. "Dans ce pays-là qui est complexe, qui est dur, c’est tout l’enjeu, déclare-t-il. "Il faut passer par un consensus qui nous grandit tous dans ce fameux "nous" qui reste à trouver".
L'après-référendum
L’après-référendum, cette question taraude tous les esprits et en particulier celui d’Alain Chrisnacht. Voici son analyse au micro de Thierry Belmont : "Il peut se passer un scénario heureux et probable : on se met autour de la table, ça les Calédoniens savent faire, on discute et on trouve une solution compliquée, mais comme la Calédonie est compliquée, il faut trouver des solutions institutionnelles compliquées ou bien, on n’ arrive pas à se mettre d’accord et dans la perspective des élections provinciales certains poussent à la surenchère et donc l’année 2019 risque d’être difficile. Ca c’est quelque chose qui est à peu près certain".
Satisfait de la conférence à Sciences Po, l’artisan des accords de Matignon se plait à faire œuvre de pédagogie sur la Nouvelle-Calédonie. "On essaie d’expliquer ce miracle fragile". "C’est important de bien faire comprendre dans l’Hexagone ce qui se passe sur le caillou. Car après, quand il faudra franchir la course de haies, il faut être bien conscient des enjeux et des contraintes", conclut-il.