Conflit social aux Antilles: le rétablissement de l'ordre public "progresse fortement" affirme Darmanin

Le ministre de l'Intérieur est revenu au Sénat sur la situation en Guadeloupe et en Martinique. Son collègue des Outre-mer, Sébastien Lecornu, s'est quant à lui dit "complètement disponible pour avancer pour la Guadeloupe".

Le rétablissement de l'ordre public en Guadeloupe et en Martinique, touchées depuis deux semaines par des mouvements sociaux, "progresse fortement", a estimé mercredi 1er décembre le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à l'issue de la visite sur place de son collègue des Outre-mer Sébastien Lecornu. M. Lecornu s'est lui dit mercredi au Sénat "complètement disponible pour avancer pour la Guadeloupe", où sa visite a tourné court. Le ministre s'exprimait dans le cadre d'un débat au Sénat sur "la situation économique, sociale et sanitaire dans les outre-mer", largement consacré à la crise aux Antilles.

Grâce à l'envoi de "5 UFM (Unités de force mobile) pour chacune des deux îles" et du renfort "des unités d'élite du Raid et du GIGN, (...) au bout de 8 jours, évidemment le rétablissement de cet ordre public progresse, et progresse fortement sur les deux îles", a déclaré M. Darmanin lors de la séance de questions au gouvernement du Sénat.

Après une cinquantaine de policiers et de gendarmes blessés, dont un grièvement, et plus de 150 interpellations, l'ordre républicain a été affirmé.

Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur.


Sur place, la préfecture de Guadeloupe a fait état de "quelques tentatives supplémentaires d'installation de barrages" mais ces derniers, "à l'exception de Petit-Canal, ont été dégagés et n'entravent plus la circulation". Trois personnes ont été interpellées au cours de la nuit, a encore dit la préfecture, saluant la "réouverture progressive des routes".

"Visite express"

Cette accalmie, déjà perceptible la veille, coïncide avec la fin mardi du court séjour de Sébastien Lecornu, un jour dans chaque île, destiné à apaiser les tensions et sortir de la crise les Antilles françaises, née du refus de l'obligation vaccinale pour soignants et pompiers et qui s'est étendue à des revendications politiques et sociales, notamment contre la vie chère. Après que les négociations ont tourné court en Guadeloupe, en raison du refus des syndicats de condamner les "tentatives d'assassinat contre des policiers et des gendarmes", M. Lecornu est reparti de Martinique en promettant d'ouvrir les discussions sur "l'adaptation des modalités d'application de la loi sur l'obligation vaccinale", déjà reportée du 15 novembre au 31 décembre. Le dialogue social à l'hôpital va "nous permettre de regarder la faisabilité de cette application" mais "l'obligation vaccinale des soignants doit s'appliquer", a-t-il déclaré au Sénat mercredi, se disant "complètement disponible pour avancer pour la Guadeloupe".

Le sénateur PS de Guadeloupe Victorin Lurel a fustigé "le choix délibéré d'une visite express" et "d'une posture martiale et autoritariste". Le chef de file des sénateurs écologistes Guillaume Gontard a demandé la mise en place d'"une gestion publique de l'eau et la gratuité des premiers M3". "Ce n'est pas un cadeau, c'est une dette", a-t-il ajouté, évoquant les effets du pesticide chlordécone aux Antilles ou de l'exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie. La sénatrice centriste Jocelyne Guidez est elle revenue sur la question de l'autonomie "hâtivement posée sur la table des discussions", qui selon elle "confirme l'incapacité du gouvernement à trouver des solutions".