Coronavirus : à Cuba, mieux vaut déambuler masqué

Une rue de La Havane à Cuba le 17 avril.
La Havane impose une quarantaine stricte contre la propagation du Covid-19.  Les Cubains ne peuvent pas se promener dans les rues et les parcs sans raison justifiée. Et si la police trouve un citoyen sans masque en public, il peut payer une lourde amende, ou pire, aller en prison.
 
L’homme explique au juge comment il a quitté la maison de sa mère, dans le quartier de Marianao, à la Havane, pour aller à pied sur son lieu de travail. Malade, il s’est endormi sans masque dans un parc. Mais devant la cour, une femme non-identifiée témoigne qu’il avait déjà reçu une amende, parce qu’il buvait en public, sans porter de masque.

Le juge ajoute qu’en fait l’homme a un casier judiciaire pour "activités illicites".  La cour l’accuse  de “comportement rebelle” : "Je ne veux pas mourir, ni infecter quiconque", plaide l’accusé.  “Je sais que c’était dangereux.” Il écope d’un an en prison.
 

Justice télévisée

Une vidéo publiée récemment par la Cour Suprême cubaine montre plusieurs exemples de sentences d’un an, de travail forcé “correctionnel” ou d’amendes lourdes infligées à des Cubains accusés de "répandre une épidémie", après un procès expéditif.

Les actes de désobéissance peuvent être, par exemple : dormir dans un parc sans masque, se rassembler très tard dans la nuit pour boire de la bière devant une station d’essence, ou rompre le confinement sans autorisation.
 
Dans la vidéo, le Président de la chambre criminelle de la Cour Suprême, Otto Molina, explique que tenir des procès rapides ne viole pas les droits des Cubains. Ni la diffusion des audiences qui sont de toutes-façons publiques. Il la justifie même : "Il faut faire de la prévention pour faire passer le message que nous rejetons ce type de comportement, un message qui est à la fois persuasif et dissuasif".
 

Des journalistes aussi punis 

La journaliste indépendante Monica Baró, qui a gagné un prix pour son travail, vient de recevoir une amende de 3000 pesos, soit 125 euros. Elle avait posté sur Facebook un contenu jugé "contraire  à l’intérêt social, à la moralité, aux bonnes moeurs, et à l’intégrité du peuple."
 

Protestation internationale

Dans une lettre cosignée par des écrivains et d’anciens dirigeants latino-américains, l’auteur péruvien Mario Vargas Llosa dénonce certains gouvernements qui instrumentalisent la pandémie “pour accroitre la persécution politique et l’oppression”.     
 
Le gouvernement cubain prétend simplement protéger les vies des citoyens.  L’île caribéenne compte 1389 cas confirmés de covid-19 et 56 décès.