Coronavirus : après une croisière partie de Guadeloupe, un collectif de passagers porte plainte à Paris

Le Costa Magica au large de la Floride (26 mars 2020)
Un collectif de passagers français du Costa Magica, navire de croisières qui s'était vu refouler début mars de plusieurs ports des Caraïbes en raison du coronavirus, a déposé vendredi 180 plaintes à Paris contre la compagnie, notamment pour homicides involontaires, a annoncé dimanche leur avocat. 
 
Ces plaintes, dont celles des familles de trois passagers qui seraient décédés du Covid-19 selon l'avocat Me Philippe Courtois, accusent la compagnie de diverses fautes ou négligences dans la gestion de la crise sur ce navire où plusieurs cas de la maladie s'étaient déclarés.

Le vendredi 13 mars, le Costa Magica avait accosté au terminal des Tourelles à Fort-de-France dès le lever du jour. Les 380 passagers martiniquais avaient été autorisés à débarquer, et seulement eux, après avoir été soumis à des contrôles médicaux. Dans la soirée, le paquebot était arrivé en Guadeloupe pour y faire desscndre les passager soriginaires de l'archipel. 
    

Non respect des règles sanitaires

Du 6 au 13 mars, dans une boucle au départ de la Guadeloupe, le bateau et ses 2 303 passagers s'étaient vu refuser d'accoster dans la plupart des îles visitées - Trinidad et Tobago, Grenade, La Barbade, Sainte-Lucie - en raison de la pandémie. Faute d'escale, l'équipage aurait alors encouragé les passagers à se reporter sur les activités du navire (magasins, spa, restaurants, casino) sans respect suffisant des règles sanitaires et sans les informer des soupçons de contaminations à bord, selon les témoignages des plaignants cités à l'appui de la plainte.
    
Ces plaintes ont été déposées pour "homicides et blessures involontaires", "mise en danger de la vie d'autrui" ainsi que pour "entrave aux mesures d'assistance et omission de porter secours""Les personnels à bord ont été défaillants, les passagers n'avaient quasiment plus aucune information à bord et n'ont su que par la presse locale qu'il y avait des cas sur le navire", dénonce Me Courtois, au nom du collectif qui regroupe selon lui quelque 850 passagers français.

"Le bateau ,n'aurait jamais dû partir !" Me Philippe Courtois énumère les raison de cette plainte contre Costa Croisières au micro de Tiziana Marone
L'avocat affirme par ailleurs qu'une plainte contre X a également été déposée :  

Du rêve au calvaire    

"L'ensemble des victimes veulent savoir comment cette croisière a pu être maintenue alors que le navire avait déjà été refusé dans plusieurs ports la semaine précédente", ajoute-t-il, fustigeant les moyens "extrêmement légers" mis en place par la compagnie: prises de température très aléatoire, gel hydroalcoolique en quantité insuffisante, etc. "Ca devait être une croisière de rêve et ça s'est fini en calvaire, à errer sur le bateau", résume-t-il.
    
Contacté par Outre-mer la 1ère, la compagnie Costa Croisières affirme ne pas avoir officiellement été notifiée de la plainte. Elle tient à préciser que "lorsque la croisière en question a commencé et au moment où les passagers ont embarqué à bord du bateau, aucune interdiction, locale comme internationale, n’avait encore été prononcée et aucune restriction de déplacement n’était imposée par le Gouvernement Français."

Elle précise également que "la situation sanitaire à bord a été continuellement contrôlée par le personnel médical qui était en contact permanent avec les autorités sanitaires au niveau local." D'après Costa Croisières, "les passagers ont été informés de manière permanente de l’évolution de la situation en accord avec les consignes des autorités et la compagnie a tout mis en œuvre pour assurer la prise en charge des passagers présents sur les navires, en permettant notamment le rapatriement de plus de 25 000 passagers au total." 

Costa Croisières, marque du numéro un mondial du secteur Carnival, a suspendu jusqu'au 15 août ses croisières dans le monde en raison de l'épidémie de Covid-19.