Au début du confinement, par deux fois les détenus ont refusé de regagner leur cellule après la promenade, mais assez vite, ils ont compris que les mesures sanitaires n'avaient d'autres objectifs que de les protéger du virus.
Dani, surveillant mahorais
200 détenus en moins
L'épidémie de coronavirus a permis une baisse importante de la population carcérale en France. "Ici, à Bois d'Arcy, nous avons 200 détenus de moins depuis le début du mois de mars. C’était une mesure indispensable. Sinon, nous n’aurions jamais pu tenir", indique Odile Cardon, la directrice de la maison d'arrêt. Les 188 prisons françaises comptent 59.903 détenus contre 72.000 début mars. "Ce que la crise a entraîné, c'est un tarissement des entrées liées à la délinquance et des mesures exceptionnelles de libération", explique le directeur de l'Administration pénitentiaire, Stéphane Bredin à l'AFP, avant d'ajouter, "ces mesures, comme la sortie d'un détenu sans aucun suivi ou une assignation à résidence sans accompagnement, n'ont de sens que pendant la crise. Pour éviter que les courtes peines viennent grossir à nouveau la population carcérale, il y a des solutions alternatives à la détention, comme la surveillance électronique, le sursis probatoire ou le travail d'intérêt général".
Des parloirs aménagés
La maison d'arrêt de Bois d'Arcy a entamé un déconfinement progressif depuis le 11 mai. Les 38 parloirs réservés aux familles ont repris avec un dispositif sanitaire drastique : "L'enjeu est d'éviter une deuxième vague", indique Odile cardon, la directrice de la maison d'arrêt. Les familles doivent signer une charte, comme c'est le cas en Ehpad, où elles s'engagent à respecter les nouvelles règles fixées : port de masque et interdiction absolue de contact.
Les parloirs sont limités à une personne, pour une heure maximum, une fois par semaine. C'est contraignant pour les familles, mais nous avons un bon retour. Elles comprennent que la situation sanitaire exige des règles strictes.
Pascal, premier surveillant, originaire de Guadeloupe
Pour mieux faire passer ses messages de prévention, la direction de la maison d'arrêt s'est appuyée sur le canal vidéo interne avec des reportages, des interviews et des annonces réalisés par des détenus pour les détenus.
Le virus sous contrôle
Pour faire face à cette crise sanitaire, tous les nouveaux arrivants sont automatiquement placés en quatorzaine et les autres détenus sont également sous surveillance sanitaire. "A la moindre alerte, toux, fièvre... le détenu est isolé et sa cellule est identifiée avec un point rouge", affirme ce surveillant mahorais. "Les promenades ont également été réduites à une sortie de deux heures au lieu de deux fois une heure trente en temps normal", complète l'adjoint au chef de détention.Pour apaiser les tensions, les détenus ont bénéficié d'une douche quotidienne contre trois par semaine avant le confinement. Ils ont également obtenu un accès gratuit à la télévision et un crédit téléphonique de 40 euros. Ces mesures préventives ont permis à la maison d'arrêt de Bois d'Arcy de contrôler le virus. "Jusqu'ici, nous avons identifié une vingtaine de cas suspects chez les surveillants et les détenus, mais aucune forme grave", précise Odile Cardon.
Au total, dans les prisons françaises, 292 agents ont été testés positifs, dont un décédé à Orléans, et 118 détenus, dont un décédé à Fresnes.
Réouverture des ateliers
La maison d'arrêt de Bois d'Arcy devrait amorcer dans les prochains jours une deuxième étape, tout aussi délicate, avec la réouverture des ateliers. Plus d'une centaine de détenus vont reprendre le travail avec, là aussi, des règles de distanciations physiques à respecter. "Les tables de conditionnement des produits ont été écartées", précise le responsable du travail. Début juin, ce sera au tour de l'enseignement. Doucement, mais sûrement, la vie reprend.