Face à l’épidémie de coronavirus, le corps médical est en première ligne, à l’hôpital bien sûr mais en ville aussi. En région parisienne, la Guadeloupéenne Katiana Tacite se sent épuisée mais ne renonce pas à aider ses patients isolés, quitte à leur faire des courses.
•
Infirmière libérale en région parisienne depuis 5 ans, Katiana Tacite avoue au micro d'Outre-mer la 1ère avoir bien du mal à se lever le matin pour aller travailler.
L’infirmière libérale doit non seulement faire les soins qu’elle avait l’habitude de faire au quotidien mais elle doit aussi "rassurer et accompagner" certains patients. Pour certains Katiana Tacite va même jusqu’à faire leurs courses car "ils ne peuvent pas sortir, ils sont inquiets, ils ont peur", raconte-t-elle :
Mais ce qui choque par-dessus tout l’infirmière, c’est le manque criant de matériel. "Personnellement j’avais l’habitude d’acheter en stock tout le matériel nécessaire pour travailler, des blouses d’hôpitaux, des gants. J’achetais des boites de 200 gants par dix cartons. Je m’étais fait taper sur les doigts par mon association de gestion qui trouvait que je faisais trop de dépense de matériels. Vous vous rendez compte, on s’équipe pour travailler, on nous le reproche !"
Les masques justement, l’infirmière ne comprend pas cette pénurie. "Je sors de la pharmacie, j’ai récupéré douze masques pour une semaine. Où est la protection réelle, je ne sais pas ?", dénonce-t-elle.
►Interview Radio de Katiana Tacite :
C’est fatigant au quotidien car on fait plus que ce que l’on avait l’habitude de faire et mentalement se lever le matin pour aller travailler, il faut avoir le courage aujourd’hui. Tous les matins, je me dis « j’y vais j’y vais pas ». J’en peux plus, je suis épuisée.
Katiana Tacite
Les courses des patients
L’infirmière libérale doit non seulement faire les soins qu’elle avait l’habitude de faire au quotidien mais elle doit aussi "rassurer et accompagner" certains patients. Pour certains Katiana Tacite va même jusqu’à faire leurs courses car "ils ne peuvent pas sortir, ils sont inquiets, ils ont peur", raconte-t-elle :Je m’occupe d’un petit couple depuis trois ans. Ils sont complétement isolés. J'’avais fait pas mal de demandes, d’alertes au niveau des médecins, de l’assistance sociale. Les enfants ne s’en occupent pas.
Manque de matériel
Mais ce qui choque par-dessus tout l’infirmière, c’est le manque criant de matériel. "Personnellement j’avais l’habitude d’acheter en stock tout le matériel nécessaire pour travailler, des blouses d’hôpitaux, des gants. J’achetais des boites de 200 gants par dix cartons. Je m’étais fait taper sur les doigts par mon association de gestion qui trouvait que je faisais trop de dépense de matériels. Vous vous rendez compte, on s’équipe pour travailler, on nous le reproche !"Peur du vol
Pire encore, Katiana avoue désormais avoir peur : elle n'appose plus son écusson d’infirmière sur la voiture "car sinon on peut se faire casser la vitre par des gens voulant récupérer les gants et les masques".Les masques justement, l’infirmière ne comprend pas cette pénurie. "Je sors de la pharmacie, j’ai récupéré douze masques pour une semaine. Où est la protection réelle, je ne sais pas ?", dénonce-t-elle.
Statut d'infirmière
Avec ses sentiments mêlées de peur et de colère, Katiana Tacite se sent vraiment abattue. "Il y a deux mois on criait dans la rue pour dénoncer les problèmes des hôpitaux. Beaucoup d’infirmières se sont mises à leur compte car elles ne se retrouvaient pas dans leur travail, avec si peu de moyens et de reconnaissance. En libéral, ce n’est pas forcément mieux. Moi je travaille du lundi au dimanche et je ne prends plus de vacances".►Interview Radio de Katiana Tacite :
Katiana Tacite