Coronavirus : l'épidémie s'aggrave, Macron s'adresse de nouveau aux Français

Face à l'accélération de l'épidémie de coronavirus en France, Emmanuel Macron s'adressera de nouveau aux Français lundi à 20h00 (heure de Paris), alors que les médecins sonnent l'alarme et que montent les spéculations sur un confinement du pays qui tourne de plus en plus au ralenti.
Le week-end a été marqué par l'annonce de la fermeture des lieux publics "non-essentiels", suivi par un premier tour des municipales maintenu mais boudé par les électeurs, alors même que des milliers de personnes se pressaient dehors sous un soleil radieux dans l'Hexagone. Des images qui ont déclenché une volée de critiques sur "l'incivisme" en pleine épidémie.

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a indiqué que le gouvernement prendrait "toutes les mesures" permettant de "modifier en profondeur les comportements" des Français face à une situation qui "se dégrade".
  

Situation "très inquiètante" 

La situation "est très inquiétante" et "se détériore très vite" a également averti le directeur général de la Santé, le Pr Jérôme Salomon, alertant même sur une possible "saturation" des hôpitaux."Le nombre de cas double désormais tous les trois jours", a-t-il souligné, insistant notamment sur les "centaines" de malades en réanimation et dont le pronostic vital est engagé. Des patients qui sont "souvent des personnes jeunes" de moins de 65 ans. "On peut se retrouver en situation très grave étant un adulte en bonne santé", a-t-il insisté.

Et de reprendre à son compte le "cri l'alerte" lancé sur les réseaux sociaux par des soignants: "#Reste chez toi", un hashtag qui faisait florès lundi sur les réseaux sociaux. Les rues de nombreuses grandes villes s'étaient de fait vidées, comme à Paris où les transports en commun ont enregistré une baisse de 50% de la fréquentation.
 

"La vague arrive" 

Le dernier bilan dimanche soir faisait état de 127 morts et 5.423 cas confirmés, soit 36 morts et plus de 900 cas supplémentaires en 24 heures. Plus de 400 personnes sont hospitalisées dans un état grave.

"On voit la vague arriver", a aussi mis en garde le Pr Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital parisien Georges-Pompidou, qui recommande un confinement général.

Emmanuel Macron a réuni un déjeuner de travail "en format conseil de Défense" pour décider de nouvelles mesures à prendre pour lutter contre l'épidémie. Il devait recevoir à 17 heures les présidents du Sénat Gérard Larcher et de l'Assemblée nationale Richard Ferrand pour les consulter sur la crise.

Le chef de l'Etat avait déjà pris la parole jeudi pour annoncer la fermeture des écoles et expliquer aux Français la gravité de la crise sanitaire.
    

Confinement total en Espagne et en Italie

Face à l'épidémie mondiale du Covid-19, plusieurs pays voisins de la France ont pris des mesures de confinement total, à l'image de l'Italie et de l'Espagne, les deux États européens les plus touchés. Et selon l'Élysée, des mesures doivent être "annoncées dans les prochaines heures" sur les frontières extérieures de l'Union européenne pour lutter contre le coronavirus.
 

"Pas de pénurie"

Face à l'inquiétude, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a assuré qu'il n'y aurait "pas de pénurie", tout en demandant aux Français de ne pas multiplier les achats de précaution. Mais en Alsace par exemple, une des régions les plus touchées, des grandes surfaces étaient littéralement prises d'assaut lundi matin, avec de longues files de chariots devant les entrées.
    
Également sur le plan pratique, de nombreux parents faisaient état lundi matin, au premier jour de fermeture des écoles, de difficultés pour se connecter aux sites officiels en ligne destinés à faire la classe à la maison.


La bourse en chute

Sur le front économique et social, la Bourse de Paris a perdu plus de 10% à la mi-séance alors que les places mondiales sont toujours en pleine tempête et que Bruxelles attend désormais une récession pour 2020.

Côté entreprises, dans un secteur aérien percuté de plein fouet, Air France va mettre en place pour six mois un dispositif de chômage partiel pour l'ensemble de ses salariés. Le constructeur automobile PSA a de son côté annoncé l'arrêt de toutes ses usines en Europe, Renault de ses sites français et Michelin de la production de ses usines en Espagne, en France et en Italie.

Les voyagistes français ont eux annoncé lundi le report de tous les départs prévus jusqu'à au moins fin mars.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud a annoncé lundi que la réforme de l'indemnisation du chômage, qui devait entrer en vigueur le 1er avril, serait reportée au 1er septembre.
  

Intense pression 

Le coronavirus a également imprimé sa marque sur le premier tour des élections municipales, finalement maintenu dimanche, avec un effondrement de la participation en dépit des mesures de précaution imposées dans les bureaux de vote. Sur les quelque 47,7 millions d'électeurs appelés à élire leurs conseillers municipaux, moins de la moitié se sont effectivement déplacés.

Un chiffre historiquement bas pour un scrutin généralement mobilisateur chez les Français et qui nourrit des interrogations grandissantes sur le maintien du second tour. De nombreux responsables politiques de tous bords en ont demandé le report dès dimanche soir.

Le Premier ministre Edouard Philippe, soumis à une intense pression après le choix de l'exécutif de maintenir, malgré le contexte sanitaire, ce premier tour, sous la pression de nombreux élus, a entamé dès lundi matin des consultations avec les chefs de partis et les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat sur l'opportunité de maintenir le 2e tour prévu dimanche. Un consensus semblait clairement se dessiner pour le report