Assurer la continuité pédagogique en période de confinement et de fermeture des écoles constitue un défi de taille à Mayotte et en Guyane, où l'accès au numérique reste limité et où le droit à l'éducation n'est déjà pas toujours effectif en temps normal.
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Ces deux territoires d'outre-mer sont les deux plus jeunes en terme de population en France. A Mayotte, un Mahorais sur deux a moins de 17 ans et en Guyane, les moins de 20 ans représentent plus de 42% des habitants.
Dans ce département de l'océan Indien qui compte plus de 100.000 élèves, la situation en matière d'éducation est en temps normal déjà "alarmante", a dénoncé en janvier le Défenseur des Droits, déplorant un "droit à la scolarisation ineffectif", et une surpopulation des classes, qui oblige à des cours par rotation.
"La notion de continuité pédagogique n'est pas pertinente. On peut donner des devoirs pour renforcer ou revoir les acquis, mais pas pour apprendre de nouvelles notions", explique Rivomalala Rakotondravelo, secrétaire départemental du SNUIPP-FSU et directeur d'une école à Mamoudzou.
"Les leçons et devoirs ont été remis aux parents sous format papier. Les parents doivent ramener les devoirs et reprendre ceux de la semaine d'après, tous les vendredis", explique Mathieu Bray, secrétaire départemental du Syndicat national Force Ouvrière des lycées et collèges, et professeur de chinois à Mamoudzou.
Mais "avec le confinement, on se demande si les parents pourront se déplacer pour récupérer les devoirs sans se faire sanctionner", ajoute Rivomalala Rakotondravelo. Même si le rectorat a mis en place avec la chaîne Mayotte la 1ère, quelques heures par jour de cours radio et télé pour les élèves, le syndicaliste estime que cela ne sera pas suffisant.
Sur le continent sud-américain, la Guyane, classée en Rep+ (réseau éducation prioritaire renforcé), compte de son côté plus de 80.000 élèves. Mais le français n'est pas la langue maternelle pour plus d'un élève sur deux.
Pour "80% de mes élèves c'est la misère sociale, nombreux n'ont pas l'eau courante chez eux, alors pour moi l'important c'est surtout qu'ils apprennent le lavage des mains. Je ne vais pas leur mettre la pression pour qu'ils finissent le programme", explique une professeure d'un lycée de Cayenne, sous couvert d'anonymat.
La continuité pédagogique "n'est pas faisable", estime aussi un professeur d'histoire-géographie au collège de Maripasoula (ouest), qui accueille 700 élèves. "Il y a beaucoup d'élèves qui n'ont pas d'ordinateur, ils vont au mieux faire le travail sur leur téléphone. Dans chaque classe, il y aura peut-être trois à quatre élèves qui pourront le faire".
L'enseignant convient que pour l'heure, "il n'y a pas de solution" pour certains collégiens, notamment parce qu'il est difficile d'envisager des échanges par support papier dans la commune la plus grande de France.
Sans compter les 600 élèves du secondaire et environ 8% des élèves du primaire, qui vivent dans les communes fluviales et forestières guyanaises accessibles par avion et parfois uniquement par pirogue, mais sont scolarisés sur le littoral. Ils ont tous été rapatriés dans leurs communes pour le confinement.
Dans ces zones, les réseaux téléphoniques et internet sont particulièrement erratiques, si bien que la collectivité territoriale de Guyane a demandé que la ministre des Outre-mer Annick Girardin interpelle les opérateurs pour "augmenter le débit numérique pour assurer la continuité de l'enseignement, notamment pour les communes de l'intérieur".
Peu de familles ont un ordinateur
Ils sont aussi très pauvres. A Mayotte 84% de la population vit sous le seuil de pauvreté, et 44% en Guyane. Comme en métropole, l'enseignement à distance par internet est privilégié par le ministère de l'Éducation nationale pour assurer la continuité pédagogique. Mais à Mayotte, entièrement classée en zone d'éducation prioritaire, peu de familles disposent d'un ordinateur et d'un accès à internet à la maison.Dans ce département de l'océan Indien qui compte plus de 100.000 élèves, la situation en matière d'éducation est en temps normal déjà "alarmante", a dénoncé en janvier le Défenseur des Droits, déplorant un "droit à la scolarisation ineffectif", et une surpopulation des classes, qui oblige à des cours par rotation.
"La notion de continuité pédagogique n'est pas pertinente. On peut donner des devoirs pour renforcer ou revoir les acquis, mais pas pour apprendre de nouvelles notions", explique Rivomalala Rakotondravelo, secrétaire départemental du SNUIPP-FSU et directeur d'une école à Mamoudzou.
"Les leçons et devoirs ont été remis aux parents sous format papier. Les parents doivent ramener les devoirs et reprendre ceux de la semaine d'après, tous les vendredis", explique Mathieu Bray, secrétaire départemental du Syndicat national Force Ouvrière des lycées et collèges, et professeur de chinois à Mamoudzou.
Mais "avec le confinement, on se demande si les parents pourront se déplacer pour récupérer les devoirs sans se faire sanctionner", ajoute Rivomalala Rakotondravelo. Même si le rectorat a mis en place avec la chaîne Mayotte la 1ère, quelques heures par jour de cours radio et télé pour les élèves, le syndicaliste estime que cela ne sera pas suffisant.
Grande difficulté de lecture
Sur le continent sud-américain, la Guyane, classée en Rep+ (réseau éducation prioritaire renforcé), compte de son côté plus de 80.000 élèves. Mais le français n'est pas la langue maternelle pour plus d'un élève sur deux.Le système éducatif guyanais "se caractérise par des résultats particulièrement faibles ainsi qu'une difficulté à scolariser tous ceux qui devraient l'être", soulignait un rapport sénatorial de 2018, rappelant que 48% des jeunes sont en grande difficulté de lecture et que 33% sortent sans diplôme du système scolaire.
Pour "80% de mes élèves c'est la misère sociale, nombreux n'ont pas l'eau courante chez eux, alors pour moi l'important c'est surtout qu'ils apprennent le lavage des mains. Je ne vais pas leur mettre la pression pour qu'ils finissent le programme", explique une professeure d'un lycée de Cayenne, sous couvert d'anonymat.
La continuité pédagogique "n'est pas faisable", estime aussi un professeur d'histoire-géographie au collège de Maripasoula (ouest), qui accueille 700 élèves. "Il y a beaucoup d'élèves qui n'ont pas d'ordinateur, ils vont au mieux faire le travail sur leur téléphone. Dans chaque classe, il y aura peut-être trois à quatre élèves qui pourront le faire".
L'enseignant convient que pour l'heure, "il n'y a pas de solution" pour certains collégiens, notamment parce qu'il est difficile d'envisager des échanges par support papier dans la commune la plus grande de France.
Sans compter les 600 élèves du secondaire et environ 8% des élèves du primaire, qui vivent dans les communes fluviales et forestières guyanaises accessibles par avion et parfois uniquement par pirogue, mais sont scolarisés sur le littoral. Ils ont tous été rapatriés dans leurs communes pour le confinement.
Dans ces zones, les réseaux téléphoniques et internet sont particulièrement erratiques, si bien que la collectivité territoriale de Guyane a demandé que la ministre des Outre-mer Annick Girardin interpelle les opérateurs pour "augmenter le débit numérique pour assurer la continuité de l'enseignement, notamment pour les communes de l'intérieur".