Coronavirus : "la première solidarité c’est son voisinage" selon Gaël Musquet

Gaël Musquet défend les "open data", des données principalement publiques, libres de droits, gratuites et exploitables.
Ce Guadeloupéen confiné chez lui en Normandie, travaille depuis 10 ans sur la prévention des risques majeurs. De son expérience, il retient certaines pistes pour aider à surmonter ce moment compliqué.
 
Cette année, il n’y aura pas comme chaque année, d’exercice grandeur nature pour tester le système d’alerte aux tsunamis dans la caraïbe. Le Caribe Wave 2020 organisé par l’Unesco qui devait avoir lieu le 19 mars, ne se déroule finalement qu’entre radios-amateurs pour tester les appareils. A l’initiative de ce projet mis en place en 2015, le Guadeloupéen Gaël Musquet, météorologue de formation et fou d’informatique. Il est confiné chez lui dans la commune de Vernon avec sa femme et ses enfants.  
 

Crise à plusieurs rebonds

Avec son réseau, il avait déjà imaginé des scénarii catastrophiques comme de grosses épidémies de dengue, ou encore de Zika dans les territoires d’Outre-mer. Des maladies qui affectent les services sanitaires mais également le milieu économique, mais de là à prendre une telle ampleur, jamais Gaël Musquet ne l’avait envisagé. "Là cela touche le national, avec des ruptures de transports sur l’Outre-mer..."

 

Solidarité

"Dans toute les crises, la première personne qui peut nous sauver c’est notre voisin, la première solidarité c’est son voisinage immédiat" affirme Gaël Musquet. Les relations humaines avant les crises vont permettre de surmonter plus facilement l'épreuve, et permettre l’entraide.  Rester chez soi est la meilleur des réponses face au Covid-19. "On peut avoir toutes les bonnes intentions du monde si on est soi-même porteur sain on peut être amené à transmettre le virus à des personnes plus faibles. Elles pourraient être les victimes collatérales d’un mouvement et d’un élan de solidarité".

La solidarité doit tout de même exister, mais être organisée. Présent sur la liste du candidat réélu au premier tour dans sa commune de Vernon, il imagine des actions possibles. "C’est une page blanche qu’il faut écrire peut-être pour certaines municipalités, avec la mise en œuvre du service citoyen de sécurité civile". Il s’appuie pour cela sur la réserve communale de sécurité civile. Un service qui viendrait en aide aux personnes les plus démunies et aux opérations sanitaires.
 

Une solution humaine

Ce fou des réseaux informatiques, hacker citoyen comme il se définit, privilégie l’humain pour gérer une crise. "On a beau être des geeks, la solution n’est pas vraiment technologique". Dans leurs travaux sur la prévention des risques naturels avec différentes associations, le retour aux choses essentielles est privilégié. "Qu’est-ce qu’on peut planter, comment on peut avoir accès à un jardin potager ? Ce sont vraiment des choses sur lesquelles on s’est focalisé pour préparer le pire…. ". Cela passe aussi par la formation de radios-amateurs. Elle est en augmentation depuis l’Ouragan Irma en 2017. Il s’agit en cas de coupures de courant de pouvoir faire circuler quand même les informations. "Pas de courant = pas de téléphonie mobile = pas d’internet, et là les applications mobiles ne seraient pas d’un grand secours".

Pour cet adepte de la prévention, nous devons tirer des leçons de notre histoire. Il établit même un parallèle entre la pandémie de coronavirus et l’éruption de la Montagne Pelée en 1902 en Martinique (qui avait fait plus de 30.000 victimes en quelques minutes). « Malheureusement 1902 s’est reproduit. On a eu une hésitation, un réflexe de préserver en priorité l’activité économique et politique…  il y avait pourtant des signes avant-coureurs… » En 1902, malgré les signes annonciateurs d'un réveil du volcan, le gouverneur de Martinique avait refusé de faire évacuer la ville de Saint-Pierre pour permettre la tenue du second tour de l’élection législative, prévue le 11 mai 1902.