L'inquiétude a gagné les Outre-mer où trois cas de coronavirus ont été confirmés : un homme à Saint-Barthélemy et ses parents hospitalisés à Saint-Martin. À La Réunion et en Martinique, des heurts ont opposé ce week-end la police à des manifestants qui craignent de voir débarquer des malades.
La France est devenue, samedi, le deuxième foyer de coronavirus en Europe après l'Italie. Ce dimanche soir à 19h à Paris, le ministère de la Santé dénombre 130 cas, dont 9 en situation clinique grave. Dans les territoires d'Outre-mer, jusqu'ici épargnés, trois cas ont été identifiés dimanche. Tout le week-end, les craintes de propagation de la maladie dans ces territoires très touristiques ont entraîné des tensions dans les ports et les aéroports.
Îles du Nord : trois personnes infectées
Trois cas de Covid-19 ont été confirmés comme positifs à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les Îles du Nord de la Guadeloupe, a annoncé dimanche l'Agence régionale de santé de Guadeloupe, ce qui en fait les premiers cas de coronavirus avérés en Outre-mer.Après qu'un résident de Saint-Barth a contacté le Samu pour des symptômes inquiétants, ses parents en partance pour Paris depuis l'aéroport international de Saint-Martin ont été interceptés par les autorités sanitaires avant leur départ vendredi. Les analyses, réalisées par le laboratoire Pasteur de Guadeloupe, ont confirmé qu'ils étaient tous les trois positifs.
Deux autres personnes sont sous surveillance à Saint-Martin, après des vacances dans le département de l'Oise dans la région des Hauts-de-France. Le week-end a également été marqué par plusieurs manifestations en Outre-mer contre l’arrivée de touristes. La colère a, notamment, éclaté en Martinique et à La Réunion. Les ports et les aéroports ont été ciblés, dans ces territoires où les habitants doutent des capacités de leurs hôpitaux.
Martinique : manifestation à l’aéroport, un bus de touristes bloqué
Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté samedi après-midi à l’aéroport Aimé Césaire du Lamentin contre l’atterrissage d’un avion en provenance d’Italie où le nombre d’infections au coronavirus est en hausse constante.Vendredi, la compagnie MSC Croisières avait, pourtant, renoncé à embarquer des touristes italiens qui devaient arrivés par avion ce samedi 29 février. L’avion a, donc, atterri sans passager mais l'inquiétude demeure concernant le personnel navigant mais également les professionnels qui travaillent à leur contact.
Plusieurs parlementaires, comme Manuéla Keclard-Mondésir et Serge Letchimy, ont demandé des contrôles plus stricts de tous les voyageurs qui arrivent sur l’île. Insuffisants pour calmer la colère des manifestants. Des heurts ont même éclaté avec la police, quand ils ont intercepté un bus de touristes allemands et belges samedi soir. Pneus crevés, carrosserie taguée, le bus transportait 70 personnes qui devaient embarquer sur un bateau de croisière.
La Réunion : les passagers d’un bateau de croisière bloqués au Port Est
Une trentaine de Réunionnais a tenté d’empêcher les passagers d’un bateau de croisière de quitter l’enceinte du port où le navire a accosté dimanche matin. Les forces de l’ordre sont intervenues, des heurts ont éclatés. Sur les 2 000 passagers, plus de 300 ont eu le temps de partir en taxi ou en bus vers différentes excursions, avant le blocage des manifestants.Le Sun Princess est le troisième navire de ce type à jeter l’ancre à La Réunion cette semaine. Mais ce dimanche, la tension est montée d’un cran. Comme en Martinique, la vingtaine de personnes présentes au Port Est réclament de meilleurs contrôles sanitaires pour toutes les personnes qui arrivent sur l’île. Le navire qui venait d'Afrique du Sud, a été refoulé de Madagascar avant de mettre le cap sur La Réunion.
Vendredi, les autorités avaient, pourtant, détaillé les mesures en vigueur dans l’île lors d'un point à la préfecture. Les réglementations mises en place concernant les bateaux de croisière avaient été précisées : ainsi, des échanges ont lieu entre l’équipe médicale d’un navire et les autorités sanitaires du pays qui l’accueille dans les 48 heures avant son arrivée. L’autorisation d’accoster n’est donnée qu’une fois que tout doute a été levé. Ces précisions n’ont pas rassuré tous les Réunionnais.