Coronavirus : les ultramarins de l’Hexagone racontent leur quotidien à l'heure du confinement [Témoignages]

Depuis mardi 17 mars, les déplacements en France sont réduits au strict nécessaire et pour 15 jours au moins. Un bouleversement dans le quotidien de la population. Des modifications commencées parfois bien en amont pour certains ultramarins.
 

"Le jour d’après, quand nous aurons gagné ne sera pas un retour au jour d’avant" déclare Emmanuel Macron lors de son allocution. La "guerre sanitaire" pour combattre le covid-19 est lancée pour le Président de la République. Comment les ultramarins de l’Hexagone vivent-ils ce moment ? Témoignages.
 

Rodrigue, ingénieur et père de famille

8h30 ce mardi, Rodrigue Mompelat est devant une épicerie africaine à Lyon. Il attend l’ouverture de la boutique pour pouvoir acheter du lait en poudre pour son petit garçon de 3 ans. "C’est le lait que j’ai toujours connu et que j’avais petit en Martinique, et on ne le trouve pas en grande surface. Il vaut mieux ne pas tomber en rade de lait". Comme lui, quelques personnes attendent l'ouverture de la boutique prévue dans une heure. 
 

 

 

Ingénieur informatique à EDF, cet homme de 37 ans est depuis lundi en télétravail.

En termes d’organisation on est sur une vision à 45 jours. On s’est préparé pour rester dans ce mode de travail. On a récupéré notre matériel hier, comme ça on peut travailler de manière autonome et confortable sur une longue période. Il faut juste que les infrastructures réseaux tiennent le coup.


Pour cela, les infrastructures ont été doublées chez EDF et quelques astuces données au personnel. "Par exemple, l’accès au mail se fait par webmail plutôt que par client lourd (application classique ndlr) et rien que ça, cela libère de la bande passante".

Mais les modifications sur son quotidien ont débuté il y a déjà plusieurs jours. Ses parents qui devaient venir à Lyon, resteront finalement en Martinique. Dans l’île aussi des cas sont répertoriés. Il faut pouvoir rassurer les uns et les autres de part et d’autre de l’Atlantique.

J’ai mes parents quotidiennement, à la fois pour les rassurer et leur dire que je vais bien et prendre de leurs nouvelles. Des cas sont arrivés en Martinique et on sait que cela va aussi se développer en Martinique.  

 

Vanessa 23 ans, agent hospitalier

Ce mardi matin, celle que nous appellerons Vanessa afin de garder son anonymat, s’active aux fourneaux à son domicile. Agent hospitalier, cette jeune Martiniquaise prend son service dans quelques heures au sein d’un hôpital en île-de-France spécialisé en gériatrie. Une prise de service dans des conditions plutôt particulières. Un cas positif au Covid-19 a été diagnostiqué dimanche. Une dame que Vanessa a fréquentée durant son service.

On l’a fréquentée sans masque sans rien du tout, si cela se trouve peut-être que je suis contaminée mais je ne le sais pas encore. 


Face à cet événement, des dispositions ont été prises à l’hôpital. "On nous a fait remplir une liste. On a mis notre nom, notre prénom. On nous a donné un papier avec un numéro de téléphone pour si jamais on a des symptômes. On doit appeler et dire que l’on travaille à l’hôpital et eux ils nous diront quoi faire". Vanessa préfère dédramatiser et table sur son jeune âge et un organisme fort pour combattre une éventuelle contamination. "Au travail avec les collègues, pour évacuer tout ce stress on essaye de prendre certaines choses à la rigolade. Cela aide !".

Dans sa structure, les masques sont donnés au compte-goutte. Une gestion à la suite d'un vol de matériel de protection au sein même de la structure. Vanessa porte une protection uniquement quand elle travaille. Dans sa vie de tous les jours, elle est à visage découvert. Une situation compliquée à gérer.

Mieux vaut rester 15 jours chez soi que de prendre des risques et mettre nos vies en danger, la vie des autres en danger… J’aurais bien aimé rester confinée chez moi, mais vu que je travaille dans le milieu médical je ne peux pas.


Valérie Andanson, présidente d'association

 

Valérie Andanson


Elle fait partie de ceux que l'on appelle les enfants réunionnais dits de la Creuse. Valérie Andanson, d'origine réunionnaise est une retraitée hyper-active installée depuis un an à Cavaillon dans le sud de la France. Présidente de la Fédération des enfants déracinés des DROM, elle milite depuis des dizaines d'années pour que le combat de ces enfants réunionnais envoyés de 1963 à 1981 contre leur volonté dans l'Hexagone soit reconnu. 

Alors passer au confinement, pour cette Réunionnaise qui passe beaucoup de temps sur les routes de France, ce n'est pas facile à vivre. "Je le ressens comme un emprisonnement", explique-t-elle à La1ère. 

 

 

 

Je ne le vis pas très bien. Je sais que c'est nécessaire, mais j'espère que ça ne va pas être trop long. 


Valérie Andanson avait prévu de partir le 8 avril voir sa fille aux Etats-Unis puis son fils au Canada. "C'est le plus dur pour moi, ne pas sortir et ne pas avoir de contacts avec mes enfants", dit-elle encore. "Avec ce que j'ai vécu dans mon enfance, je ne le vis pas très bien ce confinement", avoue-t-elle. Heureusement, l'un de ses enfants habite juste en face d'elle avec sa femme et ses deux enfants. 

Présidente d'association, Valérie Andanson reçoit de nombreux coups de fils d'autres "enfants réunionnais dits de la Creuse". Eux aussi, ont du mal avec cette situation. Malgré tout, Valérie a prévu de bricoler, de faire le ménage et de s'occuper encore et toujours de son association. 

"Ce qui me désole le plus, ce sont tous ces événements qui vont être annulés. Je devais rencontrer François Hollande. Il avait promis de participer à l'ouverture d'une exposition de photos sur les "enfants dits de la Creuse" à Limoges le 4 avril. Tout est annulé. J'espère que notre combat ne va pas être oublié". 
 

Léa, étudiante 

 

Confinée dans son petit studio en banlieue parisienne, Léa est d'emblée catégorique : "Plus vite on sera tous confinés, plus vite on aura éradiqué le virus et on pourra sortir !" Même si l'idée de rester enfermée n'est pas très rassurante, cette étudiante guadeloupéenne de 19 ans est convaincue par les mesures de confinement. 
 

 

Au début on le prend un peu comme une punition parce qu'on est enfermés, ce n'est pas du tout ce à quoi on est habitués. Mais on sait que rester, c'est la meilleure manière d'éradiquer le virus. C'était obligatoire, il fallait le faire.


Lundi, quelques heures avant l'allocution d'Emmanuel Macron, Léa est sortie faire quelques courses, "normales", "en sachant que les supermarchés n'allaient pas être en pénurie".

Le plus compliqué a été d'organiser la continuité de ses études en BTS Management des Unités Commerciales qu'elle suit à Paris depuis bientôt deux ans. Tous les cours sont dupliqués en visio-conférence, aux mêmes horaires qu'à l'habitude. Mais comme beaucoup d'autres étudiants, Léa a fait face avec ses camarades à des aléas informatiques.
 

À la base on avait une application que l'école avait mis en place mais il y a eu des bugs. On ne peut pas l'utiliser alors on est obligés de faire les cours par Skype. Ça marche mais c'est un peu compliqué, chacun pose ses questions en même temps, le professeur ne sait pas forcément qui parle... On prépare des annales de l'examen du BTS parce que c'est difficile de faire de la théorie par Skype. 


Après quelques minutes de discussion, Léa concède que la situation lui paraît "compliquée", "floue" et n'être "pas très sereine". Mais pas question pour autant de rentrer en Guadeloupe, confie-t-elle en expliquant avoir sûrement "plus de chances" d'être porteuse du virus en vivant à Paris.
 

Ce serait ramener la maladie en Guadeloupe alors que les conditions ne sont pas là pour gérer cet état de crise là-bas. Et puis aller dans les aéroports dans cette période, ce n'est pas très intelligent...


Cédric Boyer : la peur des surveillants de prison

 

Cédric Boyer


Le Réunionnais Cédric Boyer, surveillant à la prison de Fresnes et secrétaire local Force Ouvrière, vit une situation particulière : dans les établissements pénitentiaires, le travail se poursuit et l'atmosphère y est anxiogène, selon lui.

Cinq personnes ont été testées positives au coronavirus au sein de la prison de Fresnes, une des maisons d’arrêt les plus surpeuplées de France. Deux infirmières, un détenu, la responsable des ressources humaines et une surveillante sont contaminés. Les surveillants craignent une augmentation du nombre de cas. Plusieurs agents ultramarins travaillent dans ce centre pénitentiaire. Ils réclament des mesures fermes de la hiérarchie. Cédric Boyer a confié ses craintes à Alain Rosalie. Ecoutez son témoignage :

Cédric Boyer

 


Stéphanie : "je vais travailler la boule au ventre"

Stéphanie (prénom d'emprunt afin de respecter son anonymat), 32 ans, est originaire de Guadeloupe. Elle travaille dans un magasin Lidl, à Paris. Ce commerce de première nécessité ne ferme pas et Stéphanie a décidé de continuer à travailler : "j'ai peu d'ancienneté et j'ai peur de ne pas percevoir 100% de mon salaire si je choisis de m'arrêter pour m'occuper de mon fils".  

Stéphanie est effrayée par la situation dans le magasin depuis l'aggravation de la crise, en fin de semaine dernière :

C'est comme si on était en guerre. Les clients se ruent dans le magasin et remplissent trois ou quatre caddies par famille. Il y a des émeutes pour le papier-toilette. Les gens sont très agressifs, il y a des violences, des bagarres, des agressions. Je suis caissière et les clients nous toussent dessus toute la journée.

A ce jour, nous n'avons pas de protection : pas de masques et une petite bouteille de gel-hydroalcoolique pour l'ensemble des salariés. Les seuls gants que nous avons sont ceux du rayon boulangerie. La direction nous a promis du gel et des masques pour demain. On verra. 

Pour aller au travail, j'ai 30 minutes de trajet en train. Je vais travailler la boule au ventre.

Stéphanie, employée dans un commerce


Stéphanie poursuit : "Au magasin, tout le monde est débordé. Les livraisons sont plus nombreuses pour éviter les ruptures de stock. Hier, la direction a décidé de réduire l'accès au magasin : les clients ne pouvaient pas rentrer à plus de vingt en même temps. Cela a provoqué une émeute devant le magasin. On a du appeler la police.
 

Jérémy Falédam, président de SOS Homophobie

 

Jérémy Faledam, président de SOS Homophobie


Rentrer ou non ? C’est le choix que Jérémy Falédam a dû faire. Depuis l'annonce des mesures de confinement, il a fallu faire vite pour trouver une solution. Pour lui, trop compliqué de rentrer chez sa famille, en Guyane. Rester à Paris était la meilleure option. Il vit donc et va vivre pendant plusieurs jours dans son appartement, avec son conjoint, et ne plus sortir. "Nous avons hésité à rejoindre de la famille de mon compagnon en province, mais pour mon boulot, il vaut mieux que je reste pas loin, à Paris", ajoute-t-il. Son boulot, c'est la direction de l'association SOS Homophobie, qui lutte contre les formes de LGBTphobies et apporte soutien et écoute aux victimes.

Mais dans les prochains jours, tout ne sera pas si simple. Impossible pour lui et les autres membres de l'association de se rendre dans les locaux, dans le centre de Paris. Aussi, la ligne d'écoute pour les victimes est d'ores et déjà désactivée. "C’est cela le plus problématique, on doit être présent pour eux, mais comment faire ?", soupire le jeune homme.

La seule solution trouvée pour l'heure, c’est le "tchat écoute". Victimes et écoutants échangent par message. La présence est ainsi maintenue, depuis chez soi.
Voilà ce qui va occuper les journées de Jérémy Falédam : "l'écoute, les réunions à distance, beaucoup de travail…", poursuit-il, le sourire dans la voix.

 

 

 

On va bien trouver de quoi nous occuper, malgré le confinement. J'ai beaucoup de livres et de séries à rattraper. Ça va permettre d’écouler notre stock ! Et j'ai aussi du repos, à rattraper, là encore.

 
Jérémy est un jeune homme optimiste. "On va trouver une solution, on va s'en sortir", martèle-t-il. Mais une chose l’agace, "il y a encore beaucoup trop de monde dehors, malgré les consignes".
 

Idris Myrtal, courtier en assurances

 

 
Installé à Lyon et arrivé dans l'Hexagone depuis 2016, Idris Myrtal peut continuer à exercer son métier de courtier en assurances durant le confinement grâce au télétravail, auquel il a été formé la semaine dernière par son entreprise. Une "organisation" et une "ambiance différente" pour ce Réunionnais originaire de L'Étang-Salé qui a trouvé quelques solutions pour y arriver au mieux : "parler à ses collègues via un chat, être encore plus réactif" pour bien suivre toute évolution.

Loin de ses proches, il reconnaît qu'il est "assez compliqué de vivre ce confinement" et l'ambiance extérieure qui, selon lui, "fait froid dans le dos" et ressemble à "une série science-fiction de survie".
 

 

L'aspect "isolement" est assez difficile à vivre surtout lorsque l'on est seul chez soi et que du jour au lendemain, toute activité sociale est interrompue.


Pour tenir, il garde un contact régulier avec ses proches, à La Réunion mais aussi près de chez lui dans la région lyonnaise pour "[s']assurer que tout le monde se porte bien".
 

Si je dois sortir pour aider une personne de mon entourage au risque de me prendre une amende, je le ferai car même si on souhaite tous éliminer au plus vite ce virus, si mes proches ont besoin de moi je n'hésiterai pas à y aller car la solidarité doit être présente du début à la fin.

 
Il regrette néanmoins que le gouvernement ait du prendre ces mesures, "radicales mais utiles" et se dit "préoccupé" par la situation des services d'urgence. "Cette crise permettra de mettre sur la table les dysfonctionnement [du service médical en France] lorsque le pays est en état de crise sanitaire", espère-t-il, regrettant "énormément" que l'on ait du en arriver "à ce stade pour que la population comprenne qu'il y a un réel danger".


Théano Guillaume Jaillet, directrice des musées de Cannes

 

Théano Guillaume Jaillet et son fils


C’est la première polynésienne à diriger un musée dans l’Hexagone. Son métier la passionne. Mais avec la mesure de confinement décidée par le gouvernement, pas le choix, comme tout le monde, Théano Guillaume Jaillet a dû s’installer chez elle avec son fils de 9 ans et ne plus bouger. 

Heureusement, la directrice de musée vit dans un appartement en rez-de-chaussée avec un petit jardin qui lui permet de vivre de manière un peu plus confortable ce confinement. Elle peut travailler grâce à sa connexion internet personnelle et garder le contact avec ses équipes, mais pas facile de surveiller son fils qui n’a pas toujours envie de faire ses devoirs.

 

C’est difficile d’encadrer les enfants trois heures par jour. Jouer le rôle d'institutrice en plus du télétravail, ce n’est pas simple du tout ! Jeudi soir, il a écouté Emmanuel Macron et il a compris qu’il était en vacances. C’est dur de lui faire garder le rythme.

Théano Jaillet-Guillaume se demande comment elle va réussir à occuper son fils pendant plusieurs semaines. En même temps, il faut continuer à faire avancer la conception des expositions et tous les autres projets. Cet été, le musée de Cannes devait proposer une exposition sur Artémisia Gentileschi, cette peintre italienne du 17e siècle tellement douée. "Le coronavirus aura sans doute un impact sur la programmation. On ne sait pas », se désole Théano.

La directrice préparait également une exposition sur la petite collection d’art polynésien que compte le musée de Cannes. Là encore, difficile de prédire l'avenir.
 

Gaël Cetout : "appliquer les règles"

Gael Cetout a 28 ans. Il habite Colombes en région parisienne et travaille dans la sécurité incendie. Pompier volontaire, ce Guyanais originaire de Saint-Laurent du Maroni vit la situation au plus près. Malgré les consignes de confinement, il doit se rendre sur son lieu de travail et rester disponible pour venir en aide aux gens qui en ont besoin. Avec sa compagne, ils ont fait le choix de se séparer momentanément. Lui, reste à Paris, elle rentre auprès de la famille en Guyane. Gael Cetout s’est confié à Alain Rosalie. Ecoutez son témoignage audio :

Gaël Cetout

 

 

Wesley Auguste : "je m'attends à être réquisitionné"

Wesley Auguste est un jeune Guyanais. Il est actuellement en formation à Orléans pour devenir ambulancier. Son école est fermée depuis une semaine. Il souhaitait rentrer chez lui, en Guyane, mais son école et l’ARS lui ont demandé de ne pas quitter l’Hexagone. Alex Leveillé a recueilli son témoignage :

Wesley Auguste

 

 

Catherine Jean-Joseph : "du bon sortira de cette crise"

Le confinement, c’est une affaire de famille pour Catherine Jean-Joseph. Pour cette Martiniquaise, qui a été nommée en janvier dernier experte auprès du délégué interministériel pour la visibilité des outremers, pas question de mettre un terme à ses activités à Paris. Mais ce sera de chez elle qu’elle travaillera, entourée de son mari et de ses deux fils. "Je travaille toujours, grâce aux technologies, qui permettent notamment des conférences vidéos à plusieurs", indique-t-elle.

Cela dit, elle n’aura pas les yeux uniquement dans ses dossiers. Elle devra veiller à la scolarité de son cadet, qui doit passer son baccalauréat cette année. "Ça va vraiment être difficile pour lui cette année, entre les grèves et maintenant la pandémie, ce n’est vraiment pas une année comme les autres. Et puis, ce n’est pas évident de les faire travailler hors de l’école", soupire Catherine Jean-Joseph. A trois mois de l’examen, son fils doit donc s’en remettre aux cours envoyés par internet et aux suivis des profs, à distance. Son aîné, lui, était en Irlande, il devait rentrer jeudi de voyage. Mais il a dû rentrer ce lundi, "en catastrophe", alors que l’Irlande s’apprêtait à fermer ses frontières.

Pour ma part, je n’ai pas réfléchi à quitter Paris, car j’y ai toutes mes activités. Mais mon fils lui, m’a dit "on aurait dû partir en Martinique, on aurait été mieux". Il pense que Paris confiné est dangereux et il n’aime pas du tout cette ambiance. Il avait aussi envie d’être auprès des siens, de ses cousins, de sa grand-mère. Mais quand on est confinés, à défaut d’avoir une grande maison, ce n’était pas possible d’être tous ensemble, même là-bas.

De nature optimiste, Catherine Jean-Joseph pense que les mesures gouvernementales ont du sens. "En tant que Français, on a toujours tendance à défier les règles. Il fallait bien en arriver là, parce qu’on a l’impression d’être invincibles", poursuit-elle, faisant références aux images de Français dans les rues et les parcs, dimanche.

Pour garder le sourire, elle se remémore sa lecture préférée, les Pensées de Blaise Pascal, et sa morale : retourner à l’essentiel. "Aujourd’hui, on en est là, et ça ne me dérange pas du tout. Peut-être que j’ai toujours eu envie, au fond de moi, de me confiner avec moi-même, avec ma conscience, à réfléchir… Je pense qu’il y aura donc du bon qui sortira de là", conclut Catherine Jean-Joseph.

Marie-Josée Virapin, animatrice 

 

Marie-Josée Virapin


Elle a 61 ans mais ne les paraît pas du tout. Pour cette Réunionnaise qui vit dans la région parisienne dans le 94, le confinement est "une source d'angoisse". Elle qui a connu une jeunesse douloureuse, en tant qu'enfant "réunionnaise dit de la Creuse" a l'impression de subir la "double peine". 

 

Etant hyper active, ce confinement est pour moi une sorte d'hospitalisation avant l'heure. J'essaie de meubler le temps comme je peux et avec les moyens que j'ai, mais ce n'est pas facile. Je pense à toutes ces victimes du coronavirus et à leurs proches. J'ai une pensée pour eux. Il faut encourager ceux qui sont malades ou ceux qui n'ont plus d'espoir. 


Par ailleurs, Marie-Josée Virapin doit composer avec son fils de 27 ans dont le mal-être l'inquiète beaucoup. "Il dort toute la journée, il est malheureux. Ce mal-être est ancien et n'a pas pour l'instant de solution"

Mahealani Amaru : "Je ne suis pas très sereine"

Mahealani Amaru est à Limoges en Haute-Vienne. La championne de danse tahitienne, a intégré l’école supérieure professionnelle de théâtre du limousin. Comme tous les étudiants, Mahealani est confinée chez elle, car toutes les écoles sont fermées. Loin de la famille elle se dit inquiète pour ses proches, en Polynésie. Mahealani Amaru a confié ses craintes à Alain Rosalie.
 

 

Mahealani Amaru

 

 

Emmanuel : détecté positif

Emmanuel est martiniquais et guyanais. Ce chauffeur de bus en région parisienne a été détecté positif au coronavirus au début du mois. Depuis, il est confiné chez lui. Pas toujours simple pour cohabiter avec sa femme et son enfant. Il a passé jusqu’ici le plus clair de son temps dans sa chambre, épuisé par le virus. Il a raconté son quotidien à Alex Léveillé. Ecoutez le :

 

Emmanuel

 

 

Erwan André, basketteur au Pays d'Olonnes Basket

Âgé de 30 ans, originaire de Guadeloupe, Erwan André explique que tout s'est arrêté lundi soir pour lui, lorsque son confinement a débuté : "Nous n'avons plus accès à la salle, mais je suis en contact avec le staff qui nous a remis quelques fiches techniques. Je fais chaque jour deux séances de vélo d'appartement de 40 minutes et je travaille plus particulièrement la mobilité articulaire. Ca consiste en assouplissements et aller chercher l'amplitude. J'habite aux Sables d'Olonne et j'ai la chance d'avoir une maison et un jardin."

Moralement, ça va. Faudra voir dans quelques semaines. Mais, en attendant il faut meubler. Contrairement à d'autres, le télétravail n'est pas possible pour moi. Alors, quand je trouve le temps long, je me dis que le confinement vient juste de commencer. Je meuble avec un peu de Playstation, avec les séries. Et aujourd'hui, j'ai décidé de faire un peu de patisserie. Je vais m'attaquer au cheese cake. De façon plus générale, cette période particulière va me permettre de réfléchir encore plus à l'après-basket. J'ai 30 ans. 

 

Justine : "tout est en stand-by"

Justine (le prénom a été modifié), 23 ans, originaire de Guadeloupe, est en masters de commerce électronique, en recherche d'un contrat en alternance en communication et marketing : "J'ai obtenu mon masters en novembre dernier. J'ai enchaîné sur un job chez Zara. Puis quand j'ai décidé d'embrayer sur un autre masters, j'ai arrêté de travailler pour me consacrer exclusivement à toutes les démarches administratives et aux concours. Mais là, tout est en stand-by. J'allais réviser à la bibliothèque de mon ancienne fac. Bien sûr, elle a fermé. J'avais la possibilité  d'un concours en avril prochain. C'est tombé à l'eau."

Le confinement ne change pas trop ma routine car je suis casanière. Mais il y a une grosse différence entre décider et subir. Et là, je subis. J'attendais les beaux jours pour sortir et voir mes amies. C'est cuit. Du coup, reste la télé, l'ordinateur et Netflix. Et puis avec mes copines, on se parle sur nos groupes whatsApp, d'autant plus que certaines sont rentrées en Guadeloupe.


"Est-ce que j'aurais préféré subir le confinement en Guadeloupe plutôt qu'à Villejuif? Ca ne change pas grand chose. En Guadeloupe, je n'aurais pas pu aller à la plage ni voir mes copines. Ici quand je vois le temps, je me dis que c'est du beau temps gaspillé. Il aurait mieux valu qu'il neige!"