Corruption en Guyane : correctionnelle pour huit personnes dont trois fonctionnaires

Le Tribunal de grande instance (TGI) de Cayenne.
Le parquet de Cayenne a requis le renvoi en correctionnelle de huit personnes, dont trois fonctionnaires de la préfecture, dans une affaire de corruption visant à la délivrance frauduleuse de titres de séjour, confirmant une information du media local Guyaweb.
"L'information a permis de démontrer l'existence de plusieurs réseaux parallèles et se recoupant parfois, visant, moyennant rémunération de fonctionnaires de la préfecture et des intermédiaires, à la fourniture de documents administratifs de nature à permettre à des étrangers en situation irrégulière de demeurer sur le territoire français et d'y travailler", note le réquisitoire définitif du 14 mars que l'AFP a consulté. La période des faits reprochés court de début 2014 à juin 2017.
           
Le parquet a requis le renvoi devant le tribunal de six des huit personnes pour "aide au séjour", "corruption", "faux", "blanchiment" et "association de malfaiteurs". Cela concerne l'ancien chef du bureau de l'immigration et de l'intégration à la préfecture de Cayenne et deux agents de ce bureau, ainsi que trois personnes servant d'intermédiaires entre étrangers demandeurs de titres et fonctionnaires. Parmi ces intermédiaires se trouve un des leaders du mouvement social de mars/avril 2017, Bertrand Moukin, qui était le responsable des barrages routiers qui bloquaient le territoire. Un des agents du bureau est ainsi soupçonné d'avoir bénéficié, sans avoir dû les rémunérer, de travaux à son domicile, organisés par M. Moukin, estimés à 73.000 euros et réalisés par des étrangers.
           

"Aide au séjour", "corruption", "blanchiment", "association de malfaiteurs"…

Le parquet a également demandé le renvoi en correctionnelle pour une septième personne, pour "aide au séjour", "corruption", "blanchiment" et "association de malfaiteurs". Cet intermédiaire a reconnu avoir versé des rémunérations à l'ancien chef du bureau de l'immigration qui reconnaît, lui, la perception d'enveloppes sur plus d'un an pour traiter environ "180 dossiers". Le parquet a requis le renvoi du 8e mis en examen, encore un intermédiaire, pour "aide au séjour", "corruption" et "association de malfaiteurs".
           
Ce dossier a connu une affaire dans l'affaire, avec notamment une interception téléphonique révélant que la directrice du greffe du tribunal de grande instance (TGI) de Cayenne avait renseigné le successeur du chef du bureau des étrangers sur des éléments de l'enquête. Fin 2018, le procureur général de Cayenne a demandé le dépaysement du dossier. La Cour de cassation a rejeté cette demande début janvier.