La crise des cantines scolaires en Nouvelle-Calédonie reste irrésolue

Les cantines du grand Nouméa fermées jusqu'à nouvel ordre
Dans l'agglomération de Nouméa, 3 cantines scolaires sur 4 restent fermées au retour des vacances scolaires par mesure de précaution. Les mairies craignent de nouvelles intoxications alimentaires alors que les cas se multiplient depuis le mois de juin.
Trois des quatre mairies de l'agglomération de Nouméa refusent de réouvrir leurs cantines scolaires lundi après deux semaines de vacances, par mesure de précaution, au risque de nouvelles intoxications alimentaires, qui se sont répétées depuis juin, ont-elles indiqué vendredi. 
  

Principe de précaution

Dans un communiqué conjoint, les villes de Nouméa, Dumbéa et Païta expliquent "qu'au nom du principe de précaution", elles souhaitent "attendre les conclusions de la mission d'expertise et l'avis favorable de l'autorité de contrôle sanitaire sur la reprise des repas par Newrest", groupe basé à Toulouse, présent dans 49 pays et implanté en Nouvelle-Calédonie depuis 2017.  
   

Une seule cantine ouverte

Seule la mairie du Mont-Dore, dont aucune des écoles primaires et maternelles publiques n'a été touchée par la douzaine de "toxi-infections alimentaires collectives" (Tiac) recensées depuis fin juin, a pris la décision de réouvrir ses réfectoires lundi 29 octobre, après des vacances scolaires.
 

160 cas d'intoxications

Dès fin septembre, les mairies avaient suspendu la livraison de repas alors qu'en tout près de 160 enfants ont souffert de vomissements, de diarrhées voire de difficultés respiratoires après leur déjeuner.       

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a engagé plusieurs actions parmi lesquelles l'analyse du plan de maîtrise sanitaire de Newrest, dont les locaux ont été désinfectés, et a mandaté deux experts métropolitains, incluant un membre de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), arrivés mercredi à Nouméa.
 

Une "crise majeure et inexpliquée"

"Ils vont conduire une expertise épidémiologique technique et sanitaire des diverses sites de production et des modes de distribution des repas", a indiqué l'exécutif dans un communiqué.      

Évoquant une "crise majeure et inexpliquée", Newrest a transmis mi-octobre les conclusions de l'expert qu'elle avait de son côté missionné.
 

Substance toxique

"Aucune cause formelle n'a pu être établie, cependant deux causes potentielles ont été retenues", a indiqué l'entrepise, mentionnant une origine bactérienne liée à une toxine et la présence "dans certains repas d'une substance toxique déclenchant des vomissements".      

Durant cette crise, les médias locaux, l'association "Une cantine responsable pour nos enfants" et le mouvement écologique
"Ensemble pour la planète" (EPLP) ont toutefois mis en lumière de "nombreux dysfonctionnements" dans les services publics et l'entreprise.
 

Laxisme "délibéré"

Ils ont notamment pointé l'absence d'agrément d'hygiène définitif de Newrest qui aurait du être délivré par le SIVAP (service d'inspection vétérinaire, alimentaire et phytosanitaire), l'inadaptation et l'insuffisance de la maintenance de ses locaux, l'utilisation de produits de mauvaise qualité ainsi que le croisement de flux sanitaire incompatible et l'opacité des résultats des analyses effectuées.

"Il y a un laxisme qui témoigne d'une volonté délibérée de protéger des intérêts économiques au détriment de la santé des enfants", a dénoncé Mathurin Derel, vice-président d'Une cantine responsable pour nos enfants, parlant de "scandale sanitaire".