Crise en Guyane : barrages ouverts pour un week-end pascal relativement apaisé [SYNTHESE]

Des manifestants à Kourou le 4 avril 2017.
La Guyane, paralysée depuis près d'un mois par un mouvement social, a entamé vendredi un week-end pascal plus serein après la décision du collectif "Pou la Gwiyann dékolé" d'ouvrir les barrages "jusqu'à nouvel ordre", hormis quelques blocages stratégiques comme près du centre spatial à Kourou. 
Ce début de déblocage, encore timide sur certains barrages, intervient au moment où la justice s'empare du dossier. Le procureur de Cayenne Eric Vaillant a ordonné vendredi matin une opération de contrôle de police sur un des barrages de Cayenne, dans le cadre d'une enquête pour "entrave à la circulation", après plusieurs plaintes ces derniers jours de particuliers.
           
Ce type d'opérations va se renouveler, a indiqué le procureur. Le collectif "Pou la Gwiyann dékolé" ("Pour que la Guyane décolle") doit dire lundi s'il envisage de refermer les barrages. Le préfet de Guyane Martin Jaeger a de son côté autorisé par arrêté les camions à circuler pendant le week-end pascal, compte tenu de "l'extrême nécessité d'assurer l'approvisionnement en marchandise de première nécessité".
           

Ariane clouée au sol 

Les barrages et la "grève générale illimitée" décrétée le 25 mars et qui bloque le port de Cayenne, entraîne toujours des pénuries, notamment de produits frais. La "situation de tension préoccupante", que connaissent également les hôpitaux et cliniques de Guyane, a également incité vendredi l'Agence régionale de santé à demander aux établissements hospitaliers de déclencher leurs "plans blancs" (dispositif de mise en alerte), en raison de la "difficulté d'acheminement des patients, des personnels et d'approvisionnement régulier des hôpitaux".
           
A Kourou, la fusée Ariane, clouée au sol depuis le début du conflit, n'est quant à elle pas près de décoller, le barrage devant le centre spatial étant maintenu par le collectif, qui y voit le symbole d'une Guyane à deux vitesses. Le PDG d'Arianespace a lancé un cri d'alarme auprès des élus locaux, expliquant que les blocages avaient interrompu "trois campagnes de lancement" de la fusée, avec "plusieurs millions d'euros de surcoûts" et des craintes pour la pérennité des "9.000 emplois" que génère l'activité spatiale en Guyane. "Vous ne semblez pas prendre la mesure des raisons de ces blocages", lui a répondu le maire de Saint-Laurent du Maroni Léon Bertrand, dénonçant "une posture autarcique du spatial".
 

Mobilisation ce samedi à Paris

Les manifestants ont des revendications sécuritaires, économiques et sociales pour permettre au territoire d'Outre-mer de rattraper son retard sur l'Hexagone. Ils réclament à l'Etat français 2,1 milliards supplémentaires, après le plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros validé par le gouvernement la semaine dernière.
           
"Les barrages sont ouverts, pas levés", a assuré Mikael Mancée, porte-parole du collectif. Cette décision fait suite à plusieurs jours de divisions sur l'opportunité de poursuivre le blocage, dans la population, mais aussi au sein du collectif, qui rassemble élus, associations, syndicats et socio-professionnels. Ces derniers (employeurs, artisans, commerçants, indépendants), avaient demandé jeudi la levée de ces barrages pour "faire perdurer l'esprit du 28 mars (journée de mobilisation historique en Guyane, ndlr) et sauver les emplois guyanais". Selon le préfet, plus de 500 entreprises guyanaises ont déjà demandé des mesures de chômage partiel en raison du mouvement social.
           
La mobilisation se déplace samedi à Paris, où une manifestation est prévue à 14h00 place de la République, avec, annoncé en invité, l’un des porte-parole du mouvement des "500 frères contre la délinquance".