À Cuba, la pandémie menace un tiers du secteur privé, selon une étude

Vue de La Havane.
L'absence de tourisme due à la pandémie de coronavirus menace un tiers des entrepreneurs privés à Cuba, selon une étude publiée jeudi par le cabinet de consultants Auge, qui appelle le gouvernement à flexibiliser sa législation pour les aider.
 
Dans ce pays socialiste où l'État et ses entreprises dominent l'activité économique, le secteur privé s'est peu à peu fait une place ces dernières années : il emploie aujourd'hui 634.891 personnes (14,5% des travailleurs).
    

Crise sanitaire et embargo américain

Mais 33% d'entre elles seront "fortement affectées" par la crise sanitaire, prédit le cabinet cubain. Cela représente 198.000 personnes, qui se consacrent principalement à la location de logements pour les touristes et à la restauration, deux activités qui font vivre des milliers de familles cubaines. Il y a un "risque élevé que les contrats des travailleurs embauchés soient rompus et que certains commerces disparaissent", s'inquiète Auge. Déjà 139.000 travailleurs privés ont demandé la suspension de leur licence, selon le ministère du Travail, qui a exempté le secteur temporairement d'impôts.
    
Cette crise sanitaire s'ajoute à deux mauvaises années pour les entrepreneurs cubains, victimes du renforcement de l'embargo américain sous Donald Trump. Le tourisme, deuxième source de devises du pays (3,3 milliards de dollars en 2018), était déjà en recul et désormais, plus aucun visiteur étranger n'entre sur l'île. "L'économie cubaine souffrira de la récession mondiale mais aussi de l'effet négatif de ses propres mesures restrictives", estime le cabinet de consultants, alors que le secteur privé se plaint régulièrement du cadre légal contraignant pour son activité.
    

Importations

Auge plaide pour l'octroi de crédits à taux bas ainsi qu'un élargissement des catégories d'activités autorisées, pour éviter "une concurrence démesurée qui affecterait les prix, l'approvisionnement, la destruction d'emplois et la disparition d'entreprises". Dans cette île qui achète à l'étranger 80% de ce qu'elle consomme, seul l'État a le droit d'importer. Les entrepreneurs privés se retrouvent souvent à ramener leurs propres fournitures dans les valises ou à faire appel à des "mules" qui font le voyage.
    
Selon le cabinet, le gouvernement doit "autoriser les importations à caractère commercial" et "flexibiliser les régulations douanières pour l'importation de produits de première nécessité".