Le bilan du cyclone Idai au Mozambique et au Zimbabwe s'est alourdi à 676 morts et devrait encore grimper au fur et à mesure de la progression des secours, qui peinent à atteindre des zones toujours coupées du monde, ont prévenu les humanitaires, inquiets des risques d'épidémies.
Mais le bilan final sera "bien plus élevé" car "de nombreuses régions sont encore inaccessibles", a prévenu samedi la directrice générale de l'Unicef, Henrietta Fore. "La situation va encore empirer avant de s'améliorer", a-t-elle mis en garde. "Les agences humanitaires commencent à peine à voir l'ampleur des dégâts. Des villages entiers ont été submergés, des immeubles rasés, des écoles et des centres de santé détruits", a-t-elle ajouté.
Les opérations de secours et d'acheminement de l'aide, avec hélicoptères, bateaux militaires, pneumatiques, de pêche, se poursuivaient samedi dans des conditions difficiles, compte tenu de l'effondrement de nombreuses routes et ponts.
On n'a rien, les gens meurent comme des chèvres ou des poules. On n'a aucune aide. On meurt de faim.
- Un habitant du district de Buzi (centre), l'un des plus touchés au Mozambique.
L'électricité était progressivement rétablie dans certains quartiers de Beira. L'hôpital a de nouveau été connecté au réseau, selon Celso Correia. Buzi était, elle, toujours privée d'électricité. La principale route qui conduit à Beira devrait être accessible dimanche et la voie ferrée est de nouveau utilisable depuis vendredi, "ce qui signifie que l'aide peut arriver plus facilement", s'est réjoui le ministre de l'Environnement. Des habitants ont commencé à enlever la boue et à reconstruire avec les moyens du bord, des tôles gondolées emportées par le vent, des habitations de fortune.
Odeur pestilentielle
Dans plusieurs écoles de Beira réquisitionnées, des milliers de rescapés s'entassent, laissant craindre des épidémies. A Buzi, où l'odeur des égouts qui ont débordé est pestilentielle, de très nombreux habitants toussent. "La promiscuité dans les centres d'hébergement, le manque d'hygiène, les eaux stagnantes et infectées posent des risques de maladies comme le choléra, le paludisme et les diarrhées", a prévenu l'Unicef.
Des informations contradictoires circulaient sur d'éventuels cas de choléra.
Niveau d'urgence 3 pour le PAM
Le Programme alimentaire mondial (Pam), qui distribue la nourriture, a déclenché son niveau d'urgence 3, équivalent aux crises au Yémen, en Syrie ou encore au Soudan du Sud. "Des dizaines de milliers de personnes ont tout perdu. Avec l'étendue des dégâts qui se précise, le nombre de personnes dans le besoin augmente. On doit faire plus", a estimé le porte-parole du Pam, Herve Verhoosel.
Au Zimbabwe, les rescapés continuaient ce week-end à enterrer leurs morts, tandis que 120 corps ont été emportés par les eaux au Mozambique, selon Ocha.