"Tous les jours on essaye d’appeler tous les numéros qu’on a. Depuis trois jours, c’est la même chose", souffle Oili Saindou, interrompu par une voix artificielle et familière : "Vous êtes sur la messagerie orange de… "
Originaire de Mayotte, le jeune homme de 21 ans a quitté son territoire il y a six ans pour poursuivre ses études dans l’Hexagone. Depuis que le cyclone Chido a dévasté l'île, il vit dans une attente insoutenable. Voilà trois jours qu’il cherche à joindre sa sœur, qui vit sur place. Il sait qu’elle a survécu au cyclone mais n’a pas réussi à entrer directement en contact avec elle. Sur l'archipel, le réseau téléphonique reste très endommagé. Mardi, 95% du réseau mobile était impacté, et seuls 5% des clients avaient accès à une ligne fonctionnelle.
Oili Saindou espère pouvoir rejoindre Mayotte au plus vite, pour "aider" et "être aux côtés" de ses proches. Mais la liaison entre l’île et le reste du monde reste limitée : seuls les avions militaires se posent à l’aéroport de Pamandzi, dont la tour de contrôle a été dévastée par les vents, et aucune date de reprise des vols commerciaux n’a pour l'heure été annoncée. "On est vraiment impuissants. On ne fait que tourner en rond, angoissés, stressés", raconte le jeune homme.
Hébergement d'urgence
Comme lui, environ 3 000 étudiants mahorais sont installés dans l’Hexagone. Pour répondre à leurs inquiétudes, une plateforme d’écoute a été mise en place par la délégation de Mayotte à Paris. Zaharat Sultan est chargée de la cohésion sociale au sein de la délégation. "On est en plein recensement des Mahorais qui sont en transit [dans l’Hexagone, ndlr], des étudiants qui devaient partir en vacances et des étudiants qui devaient partir en stage à Mayotte", explique-t-elle. Repérer les Mahorais qui devaient rentrer sur l’île doit permettre, ensuite, de répondre à leurs besoins, notamment en matière d’hébergement.
"Depuis lundi, je travaille avec mes collègues du ministère des Outre-mer pour essayer de trouver des solutions d’hébergement d’urgence", explique Faridy Attoumane, délégué de Mayotte à Paris, avant de saluer "le grand élan de la mairie de Paris". "J’ai eu l’adjoint au maire, précise-t-il. Ils sont en train de s’organiser pour voir dans quelle mesure ils peuvent nous apporter des solutions en matière d’hébergement d’urgence."
Partout dans l'Hexagone et en Outre-mer, les communes et les départements se mobilisent. Par exemple, l'Association des communes et collectivités d'Outre-mer a lancé une cagnotte de soutien, Marseille a annoncé une première aide de 50 000 euros, la Métropole du Grand Paris a voté une enveloppe de 500 000 euros et Nice doit voter ce mercredi une aide de 100 000 euros pour soutenir les sinistrés. Mardi soir, la soirée spéciale organisée par France télévisions en partenariat avec la fondation de France a permis de récolter 4,6 millions d'euros.