Le Cyclope 2017 annonce des vents dominants sur le marché du nickel

Du charbon australien au pétrole iranien en passant par le nickel calédonien ou le cuivre indonésien, les marchés mondiaux des matières premières sont partagés entre les ambitions de la Chine et les menaces d'un protectionnisme américain, souligne l'édition 2017 du rapport Cyclope.
« Vent d’Est, vent d’Ouest ». Le volumineux rapport Cyclope 2017, publié le lundi 15 mai, emprunte son sous-titre à l’écrivaine Pearl Buck. Il affiche en couverture une girouette pour indiquer les influences déterminantes de la Chine et des Etats-Unis. La Chine qui porte la mondialisation en étendard, les Etats-Unis mais aussi le Japon et l'Europe qui tentent d’en freiner les excès. Que doit-on retenir du Cyclope 2017 pour le nickel ? Une évidence tout d’abord, le marché mondial du métal, produit en Nouvelle-Calédonie, est toujours dominé par la Chine qui absorbera en 2017 une bonne partie de l’offre mondiale de nickel.
Le rôle de la Chine est d’autant plus important cette année que se profile le XIXe congrès du Parti communiste, qui devrait voir à l’automne le président Xi Jinping renouvelé dans ses fonctions. Et pour Cyclope 2017, c’est l’assurance pour le secteur du nickel que la Chine restera dominante tant à l’importation de minerais ou de ferronickel qu’à l’exportation d’acier inoxydable au nickel sur l’ensemble des marchés.

Nickel : que dit Cyclope ?

« On assiste à un retour de meilleure fortune chez les mineurs, tandis que nombre de maisons de négoces font face à des difficultés, dans un secteur des commodités (matières premières) qui a globalement connu un retrait et un recul d’intérêt de la part des investisseurs ».

« Le cours du nickel a connu une année contrastée en 2016, avec un premier semestre morose suivi d’une nette amélioration portée, entre autres, par les soubresauts de la politique environnementale aux Philippines (10 % de la production mondiale).
Le cours du nickel au LME finit l’année 2016 en hausse de 28 %. En raison de la course aux volumes des géants miniers, le cours du minerai fer, l'alliage du nickel ne devrait pas se redresser durablement, malgré le rebond observé en 2016 (+ 85 %).

« La Chine n’a pas attendu l’assèchement du robinet philippin pour chercher d’autres sources d’approvisionnement et elle prospecte large. Dans la zone pacifique, la Nouvelle-Calédonie lui a livré 492.000 tonnes de minerai en 2016, contre… Zéro l’année précédente.
En janvier, un total de 108.000 tonnes supplémentaires est arrivé dans les ports chinois. Une manne inespérée pour l’économie calédonienne. Puis, Nouméa a autorisé le 27 décembre l’exportation vers la Chine de 2 millions de tonnes de minerai latéritique, dont environ 650.000 tonnes par an et pendant trois ans pour la Société Le Nickel (SLN) filiale du groupe Eramet. La Chine diversifie ses approvisionnements et elle compte sur la Nouvelle-Calédonie ».

Transport du minerai de nickel dans l'usine de nickel SLN de Doniambo en Nouvelle-Calédonie


Les prévisions ne sont pas des certitudes mais…

Le Cyclope prévoit un cours moyen du nickel en 2017 qui se situe dans une fourchette comprise entre 10.500 dollars la tonne et 11.750 dollars la tonne.
« Le nickel pourrait-il devenir le métal de l’année 2017 » ? La question mérite d’être posée selon la publication qui pointe un nouveau déficit probable de 93.000 tonnes malgré l’incertitude créée par les politiques contradictoires menées aux Philippines et en Indonésie.
Comme toujours, la croissance de la production mondiale d’acier inoxydable sera déterminante pour la demande de nickel.
À cet égard, les gigantesques mesures de relance industrielle décidées par le président américain ajoutées au soutien fiscal, apporté par Pékin au secteur de la construction et des infrastructures consommatrices de nickel, semblent particulièrement positives.

Philippe Chalmin, fondateur du cercle Cyclope, moins optimiste que son étude, évoque aussi les vents contraires du nickel en 2017. Les Philippines et la politique minière incertaine du président Duterte, un cours mondial de nouveau baissier qui pèse sur les usines calédoniennes, l'horizon incertain des batteries au nickel. (Interview par Alain Jeannin et Nordine Bensmail)

©la1ere

La Nouvelle-Calédonie et la production mondiale

Toujours selon le Cyclope, la Nouvelle-Calédonie se situe au sixième rang des producteurs mondiaux de nickel avec 96.000 tonnes d’équivalent métal produites en 2016. La production mondiale de nickel a été de 1.983.000 tonnes. Le premier producteur est la Chine avec 573.000 tonnes, suivie de la Russie (193.000 tonnes), du Japon (192.000 tonnes), du Canada (158.000 tonnes), de l’Australie (116.000 tonnes) puis vient la Norvège (93.000 tonnes). 

La Chine mène le bal du nickel

En résumé, le Chine demeure le facteur décisif du marché du nickel. La montée des cours début 2017 ? La Chine. La rechute des cours fin mars ? La Chine. Sans conteste, le géant asiatique, premier consommateur mondial de nickel, notamment pour la fabrication de l’acier inoxydable, « demeure un facteur déterminant sur les marchés et pour les producteurs comme la Nouvelle-Calédonie », indique Philippe Chalmin professeur à l’université de Paris Dauphine et fondateur de Cyclope.

Lundi soir à Londres, le nickel est en très légère hausse de 0,27 % à 9.350 dollars la tonne.
Sur la semaine écoulée, le métal gagne 2,16 %. Les stocks du LME sont en légère hausse à 381.370 tonnes (+660 tonnes).