Dans "l’Oreille est hardie", Pélagie Serge Poyotte évoque "Le lien qui nous unit", un film attachant

Un père et sa fille qui se connaissent mal déambulent sur les routes guyanaises. C’est le pitch du film tantôt drôle, tantôt touchant, déjà montré dans les Outre-mer mais encore à la recherche d’une sortie en salles dans l'Hexagone. Son réalisateur raconte le tournage et la production en Guyane.

Si le réalisateur guyanais a écrit, tourné et présenté son film dans plusieurs festivals et obtenu des prix, la difficulté demeure : pour faire exister le film en salles, avant une diffusion sur les petits écrans, il ne faut pas se le cacher, c’est la croix et la bannière ; tout au moins au niveau national, le film ayant déjà été projeté dans les salles des Antilles et de la Guyane. Pour autant, ce serait dommage que ce film ne soit pas plus largement vu et ne dépasse pas le cadre des festivals ou des avant-premières hexagonales organisées au fil des opportunités.

Affiche du film "Le lien qui nous unit" de P.S. Poyotte

Un film sur les relations familiales et conjugales 

C’est un road-movie. Un genre bien particulier qui indique que l’action ou le ressort du film se déroule sur la route. En l’occurrence, à la suite d’un événement dont nous ne dirons rien, une jeune femme se voit dans l’obligation de reprendre contact avec son père, cet homme avec qui elle n’a pas grandi et qu’elle connaît si mal. C’est évidemment valable pour lui aussi.

Au fil de leur déambulation forcée sur les routes de Guyane, de rencontres parfois étranges frisant le mystique, ils en apprennent plus chacun sur l'autre et sur eux-mêmes au point de mettre à l’épreuve le lien qui les unit. 

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Road-tripes 

Agitant ses propres interrogations, ses propres failles ou blessures personnelles, Pélagie Serge Poyotte se livre à une introspection sensible qu'il évoque dans l'Oreille est hardie. Et les scènes entre le père et la fille démontrent à quel point il est difficile de nouer ou renouer un dialogue paternel ou filial, après que l’absence a fait son œuvre.

Le réalisateur guyanais Pélagie Serge Poyotte

Et si ce lien en particulier touche le réalisateur qui en fait dans ce film une sorte de catharsis, il est une autre nature de relation qu’il met en scène de façon dramatique : celle qui agite et lie deux êtres supposés s’aimer en tant que couple. Liens parfois tendus et faits de violences. Encore un tropisme brossé et dépeint dans le film, avec cette teneur spécifique dans les Outre-mer et en particulier dans les sociétés des Antilles et de la Guyane.

Le lien qui unit les acteurs 

Le film repose sur le duo formé par les deux acteurs principaux Ricky Tribord et Jessica Martin, respectivement père et fille à l’écran et dont la complicité dans le jeu fonctionne à merveille. La lente évolution de la relation entre le père et la fille est d’ailleurs bien servie par des scènes amusantes, touchantes voire étranges (dans le bon sens du terme !) pour certaines d’entre elles.
Il n’y a peut-être guère que le rebondissement vers la fin du film qui paraît en décalage avec ce que les personnages ont vécu jusqu’alors, qui peut laisser une impression… mitigée.
Mention enfin également à Vincent Vermignon qui joue le rôle du mari dont on ne voit quasiment jamais le visage mais dont la seule voix ancre son personnage dans une vérité malheureusement confondante.

Jessica Martin et Ricky Tribord dans "Le lien qui nous unit"

Un film à voir mais où ?

Pélagie Serge Poyotte parle dans l’Oreille est hardie des obstacles à surmonter pour écrire, produire, tourner sur la Guyane, en Guyane, et montrer ce film hors de Guyane mais raconte aussi la passion qui l’anime depuis l’âge de ses 12 ans, passion pour le cinéma et les films sur grand écran, « ce lien qui l’unit » au 7ème art. 

Retrouvez-le cette semaine dans ce numéro de l'Oreille est hardie : 

Le réalisateur P.S. Poyotte

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