Dans les centres de vaccination avec des militaires ultramarins du Service de santé des armées

Neyl vaccine à Marseille et Jean-Christophe organise la bonne marche du centre de vaccination de Toulon.

Dix vaccinodromes des armées ont ouvert début avril dans l'Hexagone. Le technicien hospitalier réunionnais Jean-Christophe est la cheville ouvrière de celui de Toulon. Neyl est infirmier en chirurgie à l'hôpital de Laveran à Marseille : le Calédonien passe ses journées à vacciner la population. 

"Je désinfecte, on souffle et je pique. Ça va madame ?" L'infirmier Calédonien Neyl répète cette phrase à chaque patient qu'il vaccine dans une petite tente blanche. Elles sont alignées les unes à côté des autres dans une grande salle de l'hôpital d'instruction des armées Laveran de Marseille, qui accueille militaires et civils. Les soignants sont appuyés par des personnels de la médecine des forces armées et des réservistes. "La plupart des gens sont contents de l'organisation, c'est le côté militaire ! sourit Neyl, 27 ans. On est là pour les patients stressés, on essaye de les rassurer au mieux. La vaccination, ça a un côté répétitif, mais on s'adapte."

Cela fait deux ans et demi que Neyl a quitté Nouméa, après avoir validé ses études d'infirmier. "J'ai postulé à l'armée sur les conseils de membres de ma famille, et c'est Lavéran qui m'a appelé, au pôle chirurgie. On pique pas mal, on est à 600 doses par jour environ : on essaye de respecter le quota donné par l'Agence régionale de santé. On est dévoués à notre métier, on ne compte pas nos heures." Après l'injection, les vaccinés passent un quart d'heure en observation dans un amphithéâtre.

Neyl, dont la mère est de la tribu de Saint-Louis en Nouvelle-Calédonie, et le père de Raiatea, en Polynésie française, a grandi sur le Caillou. "Je suis les nouvelles de chez nous, on a de la chance. C'est malheureux qu'ils aient fermé les aéroports pour les Calédoniens d'ici, mais c'est pour la bonne cause. Dès que je peux, je vais rentrer au pays, j'attends... Je suis en contact avec ma famille en permanence, les plus vulnérables vont bien : je touche du bois." Rentrer pour les vacances, oui, mais aussi rentrer tout court. L'infirmier veut vivre une opération militaire extérieure à l'international avant de l'envisager.

Jean-Christophe aide à l'accueil du centre de vaccination tous les matins

A Toulon, c'est hors les murs de l'hôpital d'instruction des armées (HIA) Sainte-Anne que le centre de vaccination militaire a été installé, au Cercle de la base de défense, à l'entrée de la ville. Ici se tiennent habituellement des forums, des spectacles, des rencontres, des journées d'accueil de la Marine nationale... Un grand espace qui permet de vacciner jusqu'à 1000 personnes par jour, sur le modèle de l'hôpital de campagne, mais en dur. On retrouve Jean-Christophe, un technicien supérieur hospitalier, dans l'équipe d'accueil. Mais le Réunionnais est très polyvalent : "Je suis multi-casquettes, à l'aise dans tous les domaines touchant les situations sanitaires exceptionnelles. Mon commandement m'a demandé d'armer ce centre de vaccination, et on a monté cette structure avec l'ensemble des équipes. A mettre la main à la pâte, comme on dit en créole !"

Matériel, moyens humains, logistique santé : Jean-Christophe doit s'assurer, chaque jour, que le centre ne manque de rien. "Le lien entre l'hôpital et le centre de vaccination, c'est moi. La gestion des personnels qui viennent renforcer le vaccinodrome, c'est moi. On travaille tous pour que ça fonctionne." Et la mécanique est ici aussi, bien huilée. "On veut que ça soit fluide et agréable pour ceux qui ont une petite appréhension avant de se faire vacciner. Et qu'ils soient ravis de revenir pour la seconde injection." Le Panonnais doit aussi rappeler la règle à ceux qui viennent tenter leur chance : il faut prendre rendez-vous en ligne, un rendez-vous c'est une dose et on ne peut pas faire autrement. Sur place on aide aussi le public qui n'est pas familiarisé avec Internet, en l'accompagnant dans la prise de rendez-vous. "Si on ne le fait pas en tant que Service de santé des armées, ces gens passeront à côté de la vaccination et on échouera dans notre mission."

"J'ai quitté la Réunion en 1997, pour l'Ecole nationale de spécialisation du service de santé pour l'Armée de terre. Je ne regrette pas, j'adore ce que je fais. Habituellement je suis en charge de la préparation opérationnelle des soignants militaires qui partent en opérations extérieures. A chaque fois qu'un élément mobile de réanimation a été projeté (en Guyane, à Mayotte, en Guadeloupe depuis le début de la pandémie) j'ai aidé à l'organisation. Je devais me marier à la Réunion cet été... On espère que ça sera pour 2022 !" En attendant il faut tenir dans la durée, et être vigilant sur l'état de fatigue des troupes. "Notre objectif, c'est que la France aille mieux demain."