De Nouméa à Paris, premiers pas des étudiants calédoniens dans l'hexagone

Chaque année, 25 000 étudiants ultramarins poursuivent leurs études dans l'hexagone. Parmi eux, environ 2 000 néo-calédoniens. Depuis trois ans, les nouveaux arrivants de Nouméa bénéficient d'un accueil et d'un accompagnement spécial pour leurs premiers pas à Paris. Reportage.
Ce jour-là, le vol AF275 en provenance de Tokyo est arrivé avec une heure d'avance. De quoi inquiéter le personnel de la Maison de la Nouvelle-Calédonie, venu accueillir une trentaine d'étudiants néo-calédoniens à l'aéroport Charles de Gaulle. Heureusement, les jeunes sont toujours en train d'attendre leurs bagages quand Francis et Céleste, employés par l'association, atteignent le terminal 2E. Le temps de déplier leurs pancartes rouges et blanches et les premiers passagers franchissent la sortie.


23 heures de voyage

Soudain, entre deux groupes de touristes souriants et les pas pressés d'hommes d'affaires, de jeunes gens à l'air épuisés poussent lentement leurs chariots chargés de bagages. Aussitôt, Céleste les reconnaît et les redirige vers Francis, un peu plus loin dans le terminal. Ce dernier parle avec chacun et met une croix devant leur nom sur une liste. En tout, la Maison de la Nouvelle-Calédonie accueille ainsi 450 étudiants avant la rentrée.
 

"Quand ils arrivent, ils sont fatigués et ils appréhendent tout", observe Célèste, une étudiante embauchée en job d'été. Pour relier les 22 000 km qui séparent Nouméa et Paris, il faut au moins 23 heures. L'arrivée à l'aéroport des étudiants marque le top départ d'une prise en charge de 48h chrono dans la capitale par la Maison de la Nouvelle-Calédonie. 
 
Dans le bus qui emmène les étudiants en ville, c'est le calme plat. Certains dorment. D'autres observent la banlieue parisienne qui défile à travers les vitres. Sofia et Brian, 20 ans, suivent le parcours du bus en se repérant sur un plan. "On voit que c'est très grand par rapport à Nouméa, il y a beaucoup de bâtiments et de route", constatent-ils en jetant un regard pétillant vers l'extérieur. "Heureusement que la MNC nous a accueillis, ça rassure. Sans eux, on se serait déjà perdu là !"


A la descente du bus, encore ensuqués, les étudiants néo-calédoniens se mettent en route vers leur hébergement pour la nuit, chargés de une, deux ou trois lourdes valises. Boulevard Jourdan, en face de la cité universitaire internationale de Paris, les voitures avancent vite et un motard passe en faisant une roue arrière. "Ils sont fous les gens ici, ils klaxonnent... Chez nous c'est plus tranquille", constate Virginie, 22 ans. 

Un nouveau monde à découvrir

"Bon, ce soir vous avez quartier libre. Il faut vous nourrir et bien vous reposer car demain, ce sera une grosse journée", prévient Francis avant que les étudiants ne rejoignent leur chambre. Des ateliers à la carte les attendent le lendemain à la Maison de la Nouvelle-Calédonie : recherche de logement, suivi du dossier social étudiant, choix de la mutuelle, ouverture d'un compte en banque... De quoi régler toutes les formalités administratives avant de commencer les cours. "Il y a déjà beaucoup de stress car pour eux, c'est la découverte d'un nouveau monde. Si a cela s'ajoute le stress lié aux démarches administratives, ça fait beaucoup sur les épaules d'un étudiant"


"On est aussi là pour les faire déstresser et leur faire comprendre qu'ils ont leur place ici, comme n'importe quel étudiant", poursuit Francis. Après les deux journées d'aide pratique et de conseil, la Maison de la Nouvelle-Calédonie conduit même les étudiants sur le quais de la gare, car la majorité vont faire leurs études en région. "Quand ils partent vers leurs villes d'études, ils ont le sourire, assure-t-il, un sourire qu'ils n'avaient pas à l'arrivée"