"De sucre et de sang" : l'histoire des esclaves racontée par l'archéologie

Fouille archéologique à Saint-François. Le cimetière colonial de la plage des Raisins clairs.
Des cimetières d'esclaves, des vestiges de cases, de colliers de servitude... Une exposition itinérante va présenter l'histoire de l'esclavage colonial racontée par l'archéologie, qui permet de donner corps à la réalité cette sombre période, a annoncé lundi 14 décembre l'Inrap.
"De sucre et de sang", destinée au jeune public à partir du collège, sera diffusée par la Ligue de l'enseignement à travers ses différents réseaux en France, sous forme d"archéocapsule", un kit d'expositions pédagogiques, modulables et légères, produites par l'Institut national de recherches archéologiques préventives. Objectif: montrer comment les apports récents de l'archéologie ont renouvelé l'histoire de l'esclavage des Africains subsahariens, via l'étude des sites et vestiges matériels liés à leur quotidien aux Antilles, en Guyane, à la Réunion ou dans l'Hexagone.
 

La parole des esclaves

"Pendant longtemps, l'histoire de l'esclavage a été connue à travers les archives des maîtres, des marchands qui allaient chercher les esclaves en Afrique et les ramenaient dans les colonies, de documents administratifs, de gravures", a souligné Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, lors d'une conférence de presse en ligne. Ces éléments "ne donnaient pas la parole aux esclaves, qui ont pourtant laissé des traces: l'archéologie leur a redonné non seulement une vie, mais une dignité", a fait valoir l'ancien Premier ministre, se félicitant que cette histoire trouve écho auprès des jeunes, près de 20 ans après la loi dite loi Taubira (2001) reconnaissait l'esclavage et la traite comme crimes contre l'humanité. 
    

Des études récentes

Au cours des 20 dernières années, les fouilles de terrain ont mis au jour des cimetières d'esclaves, des vestiges de rues regroupant les cases des esclaves, du matériel produit par les esclaves comme des poteries ou des pipes en terre, des "colliers de servitude" qu'on leur faisait porter..., a détaillé Sylvie Jérémie, chercheuse à l'Inrap. Des études génétiques ont aussi renseigné sur l'état sanitaire de ces "populations serviles", particulièrement frappées par des pathologies comme la tuberculose osseuse.
    
Autant "d'objets" archéologiques qui permettront aux visiteurs de l'exposition "De sucre et de sang" de "+toucher+ la réalité de l'esclavage", a commenté le président de l'Inrap, Dominique Garcia. Ces vestiges "sont encore épars dans le domaine français ultra-marin, car la France aborde tout juste ce pan de son histoire", a noté Sylvie Jérémie.