Décès d'Edgard Tupët-Thomé, un des quatre derniers compagnons de la Libération

Edgard Tupët-Thomé était l'un des quatre derniers compagnons de la Libération. 1 038 personnes, cinq communes françaises et dix-huit unités combattantes appartiennent à cet ordre institué en 1940 par le général de Gaulle.
Edgard Tupët-Thomé, l'un des quatre derniers compagnons de la Libération, est mort à l'âge de 100 ans. En novembre 1942, il avait rejoint le détachement d'instructeurs commando de Saint-Pierre-et-Miquelon. Puis en 1943, il était affecté au détachement des Antilles.
 
Edgard Tupët-Thomé, l'un des quatre derniers compagnons de la Libération, est mort à l'âge de 100 ans, a annoncé mercredi sur Twitter la maire de Paris Anne Hidalgo en faisant part de sa "profonde tristesse".
Il avait été parachutiste de choc au sein des Forces françaises libres. Seuls trois compagnons de la Libération lui survivent - Daniel Cordier, Hubert Germain et Pierre Simonet - sur les 1.038 distingués par le général de Gaulle pour leur engagement au sein de la France libre pendant l'Occupation allemande.
 

Engagé dans l'armée en 1938

Né le 19 avril 1920, Edgard Tupët se détourne d'études de théologie entreprises à Reims pour s'engager dans l'armée en 1938. Sergent quand la guerre éclate, il prend part aux combats en Lorraine, en Belgique puis participe à Dunkerque à la protection de l'évacuation des soldats britanniques. Fait prisonnier, il parvient à s'évader lors de son transfert vers l'Allemagne. Au lendemain de l'armistice, n'acceptant pas la défaite, il tente en vain de quitter la France pour rejoindre les Forces françaises libres (FFL).
    
Il s'engage finalement dans la Résistance intérieure aux côtés de Roger Warin. Particulièrement chargé de repérer des terrains d'atterrissage clandestins, il devient l'un des cinq premiers engagés militaires secrets des FFL en France.  Envoyé en Grande-Bretagne en 1941, il est affecté à l'état-major particulier du général de Gaulle sous le pseudonyme de Thomé, et suit une instruction parachutiste.
Chargé d'une mission en France par le Bureau central de Renseignements et d'Action (BCRA), il est parachuté le 9 décembre 1941 dans la région de Châteauroux, et se blesse à la tête lors de l'atterrissage. Il repart en Angleterre en mai 1942 pour pouvoir se soigner. 
    

Saint-Pierre et Miquelon et les Antilles

En novembre 1942, il part rejoindre le détachement d'instructeurs commando de Saint-Pierre-et-Miquelon, sous les ordres de Stanislas Mangin. En février 1943, toujours avec Mangin, il est affecté au Détachement (puis Bataillon) des Antilles dont il crée et commande la 2e compagnie qu'il entraîne jusqu'en juillet 1943. Avec le 3e régiment de chasseurs parachutistes (RCP), intégré au Special Air Service (SAS) britannique, il accomplit à partir de l'été 1944 des missions à haut risque en Bretagne, dans le Jura et en Hollande, qui infligent de grosses pertes matérielles et humaines à l'ennemi.
   

Six contre un 

 Au cours de sa première mission, dans la région de Daoulas (Finistère), il attaque avec sa section de 12 hommes une Kommandantur forte de 60 soldats allemands, dont 12 seront tués et une quarantaine faits prisonniers. En 1945, le jeune homme devenu lieutenant démissionne de l'armée. Après un passage par l'Ecole coloniale d'administration, il devient administrateur en Tunisie en janvier 1946. En 1950, il s'installe au Canada avant de revenir en France en 1955 où il reprend des études d'ingénieur puis travaille successivement chez Singer, dans un laboratoire pharmaceutique et chez le constructeur automobile Panhard.
    
Pensionnaire de l'institut national des Invalides, Edgard Tupët-Thomé avait été élevé en janvier 2020 à la dignité de Grand-Croix de la Légion d'honneur. Il a partagé ses souvenirs dans l'ouvrage "Special Air Service. L'épopée d'un parachutiste en zone occupée" (ed. Grasset).