De 1852 à 1953, la France a "transporté" plus de 100 000 personnes dans les bagnes de Guyane et de Nouvelle-Calédonie. Parmi eux, des milliers de "déportés", condamnés politiques. Parmi les figures les plus connues : Louise Michel, envoyée après la Commune de Paris en 1871 ou le capitaine Dreyfus.
Le bagne est une page méconnue de l'histoire de France, pourtant ancrée dans la mémoire collective.
Un exemple : l'expression "ce n'est pas le bagne", pour dire "ça va, tu exagères, la situation n'est pas insurmontable" est entrée dans le langage commun. Une référence à ce que fut la vie de forçat : terrible réalité pour près de 100 000 personnes de 1852 à 1953.
Regardez le décryptage de France Ô / France Info :
La Guyane a compté près d'une quinzaine de bagnes, répartis sur tout le territoire. Au total, 80 000 détenus y ont été transportés. Les plus connus : Saint-Laurent du Maroni et les îles du Salut. Une dizaine de bagnes ont été construits en Nouvelle-Calédonie dont Camp Brun et l'île Nou. 21 000 prisonniers y ont été déportés.
La Naissance des Bagnes coloniaux
Après une période de troubles politiques, Napoléon III, au pouvoir depuis quelques années décide d'exiler les opposants loin de l'Hexagone et d'éliminer les délinquants. Le premier bagne guyanais est implanté sur l'île du Diable, près de Cayenne, en 1852. À noter que des opposants politiques étaient déjà envoyés en Guyane depuis la fin du XIXe siècle.
En Nouvelle-Calédonie, ce sera en 1964 sur l'île Nou.
Il existe 3 grandes catégories de bagnards. Les transportés également appelés ou forçats, coupables de crimes de droit commun.
Les Relégués, les récidivistes.
Les Déportés, les condamnés politiques. Parmi eux, nombre de Communards comme Louise Michel, envoyée en Nouvelle-Calédonie. Autre figure politique déportée au bagne : le capitaine Dreyfus. Condamné en 1894 pour trahison, il passera 4 ans sur l'île du diable.
Vivre et mourir au bagne
Vêtus de tenues rayées jaune et rouge en Guyane, blanche en Nouvelle-Calédonie, les forçats sont affectés à toutes sortes de tâches. Des travaux légers… aux travaux forcés. Certains sont quasi libres et travaillent à leur compte, d'autres nettoient les rues ; d'autres encore doivent construire des routes en pleine forêt.
Pour beaucoup, les conditions de vie sont inhumaines : maladies, cases sombres et insalubres, dureté du climat…. L'espérance de vie est limitée, surtout que les bagnards sont sous la menace constante des punitions dont la pire est la condamnation à mort à la guillotine.
De plus, les espoirs de retour en France sont très minces, en raison du "doublage". Cette double-peine fait que si les forçats étaient condamnés 8 ans, ils devaient rester au moins 8 ans sur place. Si c'était à plus de 8 ans, ils devaient resté à perpétuité sur le territoire".
Aujourd'hui, les bagnes sont restaurés peu à peu en Guyane, comme en Nouvelle-Calédonie. Ils deviennent des lieux touristiques. Des lieux de transmission pour ne pas oublier cette blessure dans l'histoire de la République.