Les bleues se sont inclinées 22 à 20 face à la Norvège dimanche 20 décembre, lors de la finale de l'Euro 2020 de handball au Danemark. La joueuse guadeloupéenne Orlène Kanor et l'entraîneuse réunionnaise Angélique Spincer reviennent sur le match.
La Guadeloupéenne Orlane Kanor a déjà un palmarès bien rempli. Doublement titrée aux mondiaux en Allemagne il y a trois ans et à l'Euro en France il y a deux ans, elle décroche cette fois-ci une troisième médaille dans un grand tournoi. Elle revient pour Outre-mer 1ère sur cette finale et se projette déjà sur l'avenir des bleues.
Outre-mer la 1ère : Orlane premier sentiment à chaud, c’est une finale perdue donc il y a d’abord un sentiment de déception ?
Orlane Kanor : Tout le monde est vraiment triste de cette défaite car on considère que ce match on l’avait vraiment en main. On est revenu de très loin, il nous manquait ce petit truc pour les dépasser, ces petits buts supplémentaires qu’on n’a pas réussi à marquer. On ne perd pas ce match de 10 buts, c’était une finale accrochée avec deux bonnes équipes et on a prouvé qu’on était à la hauteur de l’évènement.
Outre-mer la 1ère : Pourtant vous revenez en deuxième mi-temps, vous prenez l’avantage et on se dit que tout est possible ?
Orlane Kanor : Exactement je suis tout à fait d’accord mais malheureusement on a eu des échecs au tir. On n’a pas réussi à marquer et au handball il faut d’abord marquer des buts pour gagner, on a eu du déchet à la fin. Dommage car en défense c’était mieux, on était resserrées après la pause.
On a été performantes, mais ne pas arriver à marquer de buts et perdre des balles ça fout un petit coup au moral.
Outre-mer la 1ère : Comment expliquer ce manque d’efficacité, c’est dans les têtes ?
Orlane Kanor : Je ne sais vraiment pas ce qui a manqué. Je crois que lorsque tout le monde rentrera, on va refaire le match et on trouvera sans doute des réponses. Mais effectivement là à l’heure actuelle je n’ai pas de réponse à votre question.
Outre-mer la 1ère : Une défaite mais beaucoup de promesses pour l’avenir ? Vous avez produit du beau handball et il y a plein d’enseignements à tirer de ce tournoi ?
Orlane Kanor : Ah oui il y a vraiment plein de points positifs, on a vraiment tiré un trait sur Kumamoto, on a montré que l’équipe de France est une équipe qui sera toujours, en tout cas je l’espère, sur le devant de la scène. Avec les filles on a vraiment prouvé beaucoup de choses, je pense qu’on peut être fières de ce qu’on a produit. On s’est battues jusqu’au bout et ça c’est le plus important pour moi. Malheureusement ça n’a pas suffi mais on n’a jamais baissé la tête.
Outre-mer la 1ère : Vous donnez rendez-vous aux Norvégiennes en finale des JO dans neuf mois au Japon ?
Orlane Kanor : Ah je ne suis pas voyante, mais j’espère qu’on y sera nous en tout cas.
Outre-mer la 1ère : Est-ce que vous avez un peu fêté la médaille, est ce qu’il y a eu des sourires malgré la défaite ?
Orlane Kanor : On se dit que plein d’autres filles auraient aimé avoir cette médaille d’argent, on est contentes de l’avoir c’est déjà ça même si ce n’est pas l’or. Personne n’aura vraiment de regrets et c’est ça le plus important. C’est ma troisième médaille à titre personnel je suis vraiment très heureuse.
Outre-mer la 1ère : Et le clan antillais a tenu son rang ?
Orlane Kanor : Méline Nocandy à mes côtés a mérité son temps de jeu, je suis fière d’elle. Océane Sercien-Ugolin, elle prend de l’expérience et elle peut être fière de ce qu’elle a montré dans le tournoi. Pour Coco (Coralie Lassource) ça n’a pas été simple, mais elle fait partie intégrante du groupe, elle est une pièce maitresse de toutes les victoires. Elle nous a toujours soutenues même si parfois ça a été dur pour elle car elle n’a pas beaucoup joué. Quant à notre "maman" Béa Edwige, je suis toujours admirative de ce qu’elle fait en défense, elle a une âme de leader et à chaque match important elle est présente.
Outre-mer la 1ère : Quel est le programme maintenant, vacances ?
Orlane Kanor : On rentre en Guadeloupe « Mémé » (Méline) et moi mercredi. On va rester quelques jours pour voir la famille, passer Noël là-bas et se ressourcer complètement. On l’a bien mérité je crois.
Le point de vue technique d’Angélique Spincer, la Réunionnaise, entraîneuse de Plan-de-Cuques handball sur la finale France Norvège, perdue par les bleues.
Outre-mer la 1ère : Angélique ça se joue à très peu de choses au final ?
Angélique Spincer : Je crois qu’on a manqué de stabilité dans le dernier geste. Même si Cléopâtre Darleux a fait une deuxième mi-temps de folie, notre première mi-temps on la paie quand même. Oui ça s’est joué à pas grand-chose franchement, si on a deux minutes de plus on peut les passer. On court derrière le score, mais on a trop de loupés dans nos tirs et c’est ce qui nous coupé le match.
La sortie de Grâce ça nous déstabilise aussi un peu, comme elle a pris deux fois deux minutes Olivier veut la préserver. Et dans le money time on la perd à nouveau. Avec une Grâce Zaadi sans pression de ces exclusions on ne sait pas ce qui aurait pu se passer.
Outre-mer la 1ère : Le contexte de la finale a-t-il pesé dans les têtes des Françaises ?
Angélique Spincer : On est dans une finale alors forcément l’ascendant psychologique prend toute sa place quand on commence à rater le premier shoot. Mais les Norvégiennes ont subi aussi la même chose en deuxième mi-temps face à Cléopâtre.
Il y a un peu de tout, on veut tellement bien faire que par moments aussi la chance n’est pas de notre côté, trop d’imprécision au shoot nous pénalise.
Outre-mer la 1ère : On y a cru en deuxième période, quand on repasse devant ?
Angélique Spincer : Au-delà de ça on avait trouvé les solutions. Car en première mi-temps on tirait trop de loin et on était en échec, on s’entêtait. On a commencé à retravailler de près avec Pauletta en pivot et nos ailières et du coup on a réglé la mire. L’agressivité défensive avec le 1/5 nous fait du bien aussi.
Outre-mer la 1ère : Pas de regrets donc ?
Angélique Spincer : Il ne faut pas oublier que les Norvégiennes avaient faim de titres, elles étaient revanchardes. Mais on est au même niveau qu’elles en termes de travail et de compétence.
Ça se joue à des détails, on a eu une année difficile et il faut féliciter les joueuses car les conditions de jeu étaient particulières.
C’est pour ça que quand on voit des pleurs sur les visages, ça déchire un peu le cœur. Elles se sont investies à cent pour cent mais on va continuer à bosser et j’espère qu’on reverra une finale comme ça aux JO ce serait magnifique. Avec une autre issue pour nous.